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Excursion en forêt

Le 19 octobre 2007,

Ce matin, c’est au tour de Denis le trappeur de nous faire partager sa passion pour la forêt. Ca tombe bien, il ne fait vraiment pas beau et il y a beaucoup trop de vent pour sortir en mer. Christa préfère rester au camp aujourd’hui pour profiter de « la mer ». Nous partons donc Ilonka et moi, dans la vieille jeep de Denis, à travers les sentiers caillouteux de la forêt canadienne.

L’exploitation des arbres par les propriétaires des terrains est très visible, de grandes parcelles de terre sont complètement rasées de leurs arbres soit pour construire de gigantesques pylônes électriques qui gâchent le paysage, soit pour exploiter le bois. Les animaux comme les ours, les orignaux ou les loups voient leur territoire se rétrécir à vue d’œil. L’homme fait un ravage terrible sur toutes les espèces... Denis nous apprend à reconnaître l’animal à partir de traces dans le sol. Là, un orignal est passé il y a deux jours, ici un loup s’est arrêté il y a quelques heures... C’est un véritable trappeur, ça se voit !

A un détour du chemin, nous sommes ébahis par le paysage qui s’offre tout d’un coup à nous... Une magnifique cascade s’élance à grands remous dans un petit canyon. Tout est sauvage, à l’état brut et nous sommes totalement seuls pour profiter de ce spectacle époustouflant. Que la nature est belle et reposante, je ne me lasse pas de le penser. Ce petit village de Portneuf recèle décidemment bien des trésors jalousement gardés par ses habitants. Denis nous fait visiter plusieurs chalets de chasseurs, perdus en pleine forêt, mais confortablement aménagés. Nous déjeunons dans l’un d’eux de sandwichs préparés le matin même.

Plus nous nous enfonçons dans la forêt, plus les paysages sont époustouflants. Denis s’étonne de mon silence, j’ose à peine élever la voix devant tant de quiétude et de beauté. Je ne veux pas troubler l’atmosphère paisible qui émane de ces lieux. Le bruit de la rivière, des oiseaux et des écureuils m’envahit entièrement et forme une symphonie que je n’ose altérer. C’est beau aussi de voir Denis revivre dans sa forêt, de voir ses yeux briller devant des paysages qu’il a pourtant l’habitude voir. Nous avons de la chance qu’il veuille bien partager sa passion avec nous. Voir des gens aussi amoureux de la nature et des animaux sauvages me remplit d’émotions. Les feuilles d’automne sont un peu tombées des arbres avec la récente tempête, mais les paysages restent tout de même superbes. Qu’est ce que ça devait être il y a quelques semaines !

Denis nous montre plusieurs lacs, plus beaux les uns que les autres. Il nous emmène même faire un tour en barque sur l’un d’eux. Pauvre Denis que nous faisons ramer pour ces deux dames confortablement installées à l’arrière de la barque. Ce petit tour est un enchantement, tout est si calme, c’est fou ! Plusieurs huttes de castors délimitent le lac, mais elles ont été abandonnées par ses habitants il y a un moment apparemment. Nous reprenons ensuite la route du retour, en voiture. La nuit commence à tomber, c’est le moment où les animaux sortent de leur tanière en général. Nous scrutons les environs mais n’apercevons aucun ours, ni orignal.

Par contre, Denis s’arrête au bord d’un grand lac étant donné qu’il a repéré une belle hutte de castor fraîchement construite. En effet, nous entendons des bruits de rongeurs d’écorce d’arbre qui troublent le silence. Nous n’esquissons plus le moindre mouvement, nous faisant aussi silencieux que possible. Peu après, une forme se dessine dans l’eau stagnante et nous apercevons un castor d’une belle taille qui nous observe vaguement inquiet par notre présence. Je suis contente de pouvoir admirer cet animal plutôt difficile à approcher en général. Tout d’un coup, il plonge dans l’eau tout en frappant sa queue plate à la surface, faisant raisonner le bruit de claquement dans toute la vallée. Nous ne le dérangeons pas plus longtemps et l’abandonnons à la construction de sa tanière pour lui et les siens. Denis nous raconte qu’ils ne sont que quatre castors à habiter sous le même toit, les parents et deux de leurs plus jeunes enfants. Si un troisième bébé vient à naître, l’aîné est chassé de la hutte et dois s’en construire une autre ailleurs. Etrange... Le seul colocataire que la famille castors accepte est la présence d’un rat musquet au premier étage de la cabane... Vraiment bizarre cette collocation tacite et systématique !

Nous rentrons au Mériscope pour le dernier souper tous ensemble. J’aide Dany à la cuisine, mais me trouve bien désarmée lorsqu’il me demande de faire une sauce béchamel... Heureusement, Denis vient à ma rescousse, s’apercevant de mon total désarroi et nous la préparons ensemble, un verre de vin chacun, dans une ambiance chaleureuse de bonne humeur et de gaieté. Les plaisanteries fusent ainsi que les gentilles moqueries. Nous avons appris à nous connaître et à nous apprécier durant ces 15 jours. De véritables amitiés sont nées... Etre ensemble à partager les mêmes rêves et les mêmes passions, ça rapproche forcément ! C’est difficile de se dire que c’est la dernière soirée que nous passons tous ensemble ! Ils vont tous mes manquer, c’est certain. Ilonka nous a préparés une délicieuse mousse au chocolat pour notre départ que nous savourons avec délice. Après dîner, Aline tient absolument à nous faire une conférence sur les oiseaux. Il est déjà tard mais nous acceptons avec plaisir, je sais que les oiseaux représentent un sujet cher à son cœur. De plus, elle fait l’exposé en français ce qui n’est pas évident pour elle en tant qu’allemande ! Elle se débrouille très bien et nous explique comme faire la différence entre une mouette et un goéland à manteau noir ou au bec cerclé. Elle nous montre des plumes que nous devons associer à des oiseaux... Dur ! Surtout qu’il est plus de minuit et que mes yeux se ferment tout seuls...

Après avoir échangé les mails et adresses de mes nouvelles amies, je prends congé et pars me coucher dans ma roulotte sous une pluie battante. Aline ne tarde pas à me rejoindre et nous papotons jusqu’à 2h30 du matin sans réussir à nous arrêter. Nous savons que nous n’allons pas nous revoir tout de suite et profitons au maximum l’une de l’autre. Nous finissons par nous endormir, épuisées malgré tout.

Eve-Laure

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