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Paysages de rêve, mais galère d’essence !

Le 24 août 2005,

Fait froid !!
Fait froid !!

Simon vient nous réveiller à 5h30 ce matin... Le réveil est difficile, mais ce n’est rien en comparaison du fait de devoir s’extraire de son sac de couchage afin d’affronter le froid de la nuit !! Il fait tellement froid dans la chambre que la fenêtre est gelée de l’intérieur !!! Imaginez ce que ça donne dehors ! Quel pays !...

Marina nous annonce que nous prendrons notre petit déjeuner plus tard et qu’il faut que nous nous apprêtions à partir dès maintenant. Dommage, j’aurais bien pris un café brûlant histoire de me réchauffer un peu... Les nattes de Léna sont complètement gelées, la pauvre, elle est transie de froid ! Nous préparons donc nos affaires en vitesse afin de partir au plus vite de cet enfer glacial, mais il y a comme un petit problème... La jeep refuse de démarrer ! Visiblement, le froid ne lui plaît pas non plus à notre cher véhicule... Simon essaie désespérément de tourner la clé de contact, mais le moteur reste muet !

"champ de fumerolles semblant venir du fin fond de l’enfer "
"champ de fumerolles semblant venir du fin fond de l’enfer "

Nous commençons à sérieusement nous impatienter dehors, dans le froid de la nuit, et finissons par retourner dans la chambre nous réchauffer sous notre couverture. Seuls Michaël et Daniel restent auprès de Simon afin d’essayer d’aider. Johnny, quant à lui, préfère rester avec nous et râler tout son saoul contre notre chauffeur, au lieu d’aider à résoudre le problème... C’est pourtant lui qui s’y connaît le mieux en mécanique ! Mais non, monsieur préfère bouder plutôt qu’aider... Merci bien ! En tout cas, Simon aurait pu tester sa jeep avant de nous réveiller... Ca nous éviterait d’attendre ici pour rien ! En plus, nous n’avons toujours rien dans le ventre qui permettrait de nous réchauffer un peu...

Toutes les autres jeeps remplies de touristes nous abandonnent à notre triste sort et nous restons seuls dans ce grand hôtel vide... C’est un peu glauque ! Il n’y a pas beaucoup d’entraide entre les guides, je trouve ça dommage... C’est chacun pour soi ici ! Finalement, au bout d’un temps qui me paraît incroyablement long (ça n’a pas dû durer beaucoup plus d’une heure en fait...), nous entendons avec soulagement la jeep démarrer. Ouf ! Il était temps... Le moteur a dû se réchauffer avec l’arrivée du soleil et a fini son caprice ! Entre temps, Marina nous avait tout de même préparé du thé afin que nous ne gelions pas sur place. Nous le buvons rapidement et allons pour déposer les tasses dans la cuisine lorsque nous pénétrons dans une grande pièce chauffée au poêle à charbon ... Je rêve ! Tout notre petit groupe se gèle les fesses dans une chambre non chauffée depuis une heure tandis que Marina se prélasse près du feu durant tout ce temps ! Elle ne pouvait pas nous inviter à nous réchauffer avec elle ? Je suis dégoûtée... J’engage Michaël à ne rien dévoiler aux autres, afin de ne pas attiser leur colère déjà bien avancée par la panne de la jeep... Franchement, ils abusent sur ce coup-là !

Nous filons donc à vive allure à travers le désert, calfeutrés dans la jeep et serrés les uns contre les autres afin de trouver un peu de chaleur. Mes doigts et mes pieds sont tellement gelés qu’ils me brûlent comme s’ils étaient en feu... J’ai rarement eu aussi froid de toute ma vie ! Nous pénétrons soudain dans un champ de fumerolles semblant venir du fin fond de l’enfer ! Nous sommes sur un site géothermique plutôt impressionnant... Des geysers s’étendent ici à perte de vue à 4850 mètres d’altitude, avec leurs mares de boue bouillonnante et l’odeur nauséabonde des vapeurs sulfureuses. Ce lieu nous ramène quelques mois en arrière, lorsque nous nous trouvions devant le même genre de spectacle en Nouvelle-Zélande ! A ceci près qu’en Nouvelle-Zélande, ces activités géothermiques se trouvaient regroupées dans un parc sécurisé. Ici, nous sommes en pleine nature, en plein désert, sans barrière pour nous protéger. Nous n’avons pas intérêt à nous approcher de trop près des portions de terre humide, craquelée ou bouillonnante... En tout cas, le spectacle est vraiment impressionnant ! Nous nous voyons à peine à travers toute cette fumée... Voici encore une belle manifestation de la force de notre terre ! Malheureusement, mes doigts n’ont toujours pas dégelé, et c’est avec toutes les peines du monde que j’essaie d’immortaliser ce spectacle avec mon appareil photo...

thermes naturels
thermes naturels

Nous arrivons ensuite aux thermes de Polque regroupant plusieurs bassins où l’eau jaillit entre 28 et 30°C ! C’est juste ce qu’il me fallait pour réchauffer mes doigts et mes pieds... Ah, ça fait un bien fou ! Je vois avec stupeur Daniel, Johnny et Massa se déshabiller entièrement et plonger dans un des bassins !! Rien que l’idée d’enlever un de mes pulls me transit déjà de froid... Brrr... Michaël, tenté par l’expérience, ne met pas longtemps à les suivre ! Je m’approche du bassin afin de les prendre en photo et m’aperçois avec étonnement qu’ils sont complètement nus dans l’eau... Beau spectacle dis-donc ! Michaël insiste pour que je les rejoigne mais je suis vraiment réticente à l’idée de me déshabiller dans ce froid... Pourtant, ils ont vraiment l’air bien dans cette baignoire naturelle ! Allez, je me lance... Et c’est vêtue de ma simple petite culotte que je rejoins mes compagnons dans cette eau si chaude ! Tout le monde se rince l’œil, tout en profitant de cette sensation de bien-être total que nous procure cette source chaude au milieu d’un paysage sublime ! Quel bonheur ! C’est étrange d’apercevoir les autres touristes au loin emmitouflés sous leurs multiples couches de vêtements et leurs bonnets, alors que nous pataugeons gaiement dans ce bassin chaud en tenue d’Eve et d’Adam ! Léna finit par nous rejoindre également et nous profitons tous ensemble de ce délicieux bain chaud au milieu des montagnes... Après avoir eu aussi froid ce matin, ces sources chaudes naturelles sont vraiment bien tombées !

mouette locale
mouette locale

Marina vient nous dire que le petit déjeuner est prêt et nous invite à sortir de l’eau rapidement. C’est donc avec regret que nous quittons notre petit coin de paradis afin de retrouver la morsure du froid. Ceci dit, ce bain chaud nous aura fait du bien, j’ai beaucoup moins froid que tout à l’heure ! Un bon café chaud, des œufs brouillés et du pain à la confiture accompagnent notre difficile sortie de bain et finissent de nous réchauffer totalement. Nous reprenons ensuite la route et continuons à traverser des paysages tout aussi sublimes... De superbes volcans nous offrent une vue extraordinaire qui nous fait penser à certains tableaux de Dali : insolites mais magnifiques ! D’ailleurs, d’immenses rochers semblant avoir été soigneusement posés là par le maître du surréalisme en personne sont appelés « Rocas de Dali »...

Marina prépare le petit-déjeuner
Marina prépare le petit-déjeuner

Un magnifique lac bleu vert apparaît soudain devant nous au détour d’un virage... Quelle merveille ! Son extraordinaire couleur verte est due à l’importante concentration en carbonate de plomb, de soufre, d’arsenic et de calcium. Un vent glacé fouette en permanence l’eau du lac, générant une incroyable écume blanche... On dirait de la mousse, c’est vraiment étrange ! Je reste en admiration devant cette merveille de la nature aux couleurs si fantastiques. Marina nous annonce alors qu’il faut partir étant donné que nous avons rendez-vous avec quelqu’un pour qu’il nous donne un bidon d’essence car nous allons bientôt être à sec... Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Ils n’ont pas prévu assez d’essence pour le retour ? Elle nous explique que l’agence lui a donné un seul bidon et lui a dit de se débrouiller sur la route pour en trouver d’autres... J’hallucine complètement ! Nous sommes au milieu de nulle part, à plusieurs centaines de kms de tout village et on nous annonce tranquillement que nous manquons d’essence pour rentrer... Restons calmes et détendus !

Nous repartons donc en sens inverse, vers la lagune rouge, afin d’honorer le rendez-vous pour avoir de l’essence. Ayant peur de ne même pas pouvoir arriver jusque là-bas, notre chauffeur préfère rouler moteur éteint et débrayé dans les descentes afin d’économiser l’essence ! Je ne suis pas rassurée, c’est vraiment dangereux de rouler ainsi, de surcroît sur une piste cahoteuse... D’ailleurs, il a failli nous mettre dans le décor à un moment donné et ne s’est rattrapé que de justesse ! Je pense qu’il a eu peur aussi et il remet en marche le moteur pour finir la descente... Plus personne ne parle dans la jeep, nous avons tous les yeux rivés sur la jauge d’essence (nous apprendrons plus tard qu’elle ne marche pas en fait...) tout en espérant ne pas tomber en rade au milieu du désert !

La laguna verde
La laguna verde

Enfin, nous arrivons à la lagune rouge que nous admirons encore une fois, subjugués par tant de beauté. En effet, un véhicule nous remet un bidon d’essence comme prévu... Ouf, nous sommes sauvés ! Nous déjeunons ici, près du lac aux mille flamants roses, dans un cadre idyllique, le cœur léger... Après manger, nous restons un bon moment à contempler plusieurs lamas en train de paître dans un petit ravin, à proximité de nous. Tout est si calme et reposant ici... Personne n’ose parler de peur de casser la magie de ces lieux ! C’est magnifique... Vraiment, cette excursion m’aura charmée au plus haut point ! Les paysages de ce désert sont si fabuleux et si variés... J’ai passé ces trois jours à m’émerveiller à chaque instant, à chaque virage ! Même la mauvaise organisation du tour n’enlève rien à cette sensation de bonheur et de béatitude devant toutes ces merveilles...

La lagune rouge
La lagune rouge

Nous repartons donc en direction d’Uyuni, l’excursion étant terminée...enfin presque... Il nous reste encore un long trajet à parcourir jusqu’à Uyuni ! Nous n’y arriverons pas avant 7h du soir au moins ! Nous nous arrêtons quelques kms plus loin, dans un petit village perdu au milieu du désert aride. Nous pensions qu’il s’agissait simplement d’une petite pause, mais nous commençons à nous poser des questions lorsque nous voyons Simon se coucher sous la jeep afin de trifouiller quelque chose... Marina nous explique alors qu’ils ne savent pas s’ils ont assez d’essence pour revenir jusqu’à Uyuni puisque la jauge ne marche pas. Le bidon d’essence donné tout à l’heure ne suffit peut-être pas... Ils vont donc faire couler l’essence qui se trouve dans le réservoir de la jeep dans une grande bassine afin de calculer combien de litres on a et si ça suffit pour rentrer ! Là, j’ai l’impression de me trouver dans la quatrième dimension... Stupéfaits et un peu sceptiques, nous regardons la jeep se vider tout doucement de son essence par en dessous. Espérons que la bassine qui recueille le précieux liquide n’est pas percée ! Une fois la voiture vidée, Marina prend un petit bidon de 5 litres et s’amuse à réinjecter le carburant dans le véhicule... Ainsi, selon le nombre de bidons remplis, elle peut calculer combien nous avons de litres d’essence en tout. Nous avons besoin de 40 litres pour rentrer à Uyuni et nous n’avons malheureusement que 16 litres d’essence !!! Je crois que je rêve... Nous arrêtons les voitures qui passent afin de leur demander de l’essence, mais tout le monde est trop juste en carburant pour pouvoir nous en prêter... On se croirait en plein dans le film « Mad Max » !

Havre de paix pour lamas
Havre de paix pour lamas

Nous reprenons tout de même la route en espérant pouvoir arriver jusqu’au prochain village et trouver de l’essence là-bas... Je nous imagine déjà bloqués en plein désert, sans un litre d’essence, la nuit tombant, et, avec elle, le froid glacial qui s’infiltre en chacun de nous... Je ne suis pas sûre de supporter une nuit dans la voiture à une température aussi basse ! Il commence à se faire tard et nous croisons de moins en moins de voitures... Nos compagnons et nous-mêmes sommes plutôt soucieux de la tournure que prennent les événements... Nous pensons tous à la même chose : pourvu que nous ne restions pas coincés dans le désert pour la nuit ! Finalement, alors que nous commencions à désespérer, Marina arrête pour la énième fois une voiture qui passe et nous voyons avec soulagement qu’ils acceptent de nous donner un bidon d’essence de 30 litres. Hourra !! Nous sommes sauvés... Nous pouvons de nouveau respirer et nous détendre ! Ils nous donnent de belles sueurs froides avec leur mauvaise organisation...

Simon s’apprête à estimer la quantité d’essence qu’il nous reste
Simon s’apprête à estimer la quantité d’essence qu’il nous reste

Voyant que nous avons besoin de souffler un peu, après tout ça, Marina nous propose de prendre un thé dans le prochain village. Nous acceptons avec plaisir. En chemin, nous passons par la vallée de pierres qui se distingue par ses formations rocheuses insolites. Ces énormes rochers aux formes tortueuses, illuminés par les rayons du soleil couchant, sont vraiment fascinants... Quelle belle palette de couleurs toujours changeantes ! Nous nous arrêtons ensuite dans un refuge afin de prendre notre collation... Nous avons même droit à du pain avec de la confiture, du beurre ou du caramel ! Auraient-ils quelque chose à se faire pardonner ? Nous insistons pour ne pas trop tarder à repartir.

Ô dieu de l’essence, écoute ma prière !
Ô dieu de l’essence, écoute ma prière !

Il est déjà 19h (heure à laquelle nous étions censés revenir à Uyuni) et il nous reste encore 3h de route à faire !

Malheureusement, nous ne sommes pas au bout de nos peines ! La nuit est tombée à présent et Simon n’a vraiment pas l’air à l’aise pour conduire dans le noir ... Je le soupçonne d’avoir des problèmes de vue assez importants ! C’est Marina qui annonce les éventuels obstacles (et il y en a un paquet !) sur la route... Sa conduite est extrêmement dangereuse, je n’aime pas ça du tout ! Pour couronner le tout, ses phares de loin ne marchent pas et nous ne voyons pas grand-chose dans ce désert... Les lampadaires font cruellement défaut ! Finalement, nous arrivons sains et saufs à Uyuni vers 21h, contents de quitter cette boîte de conserve et son chauffeur ! Ce fut une excursion plutôt épique, c’est peu de le dire... J’ai le dos en compote après tout ça, moi ! Vivement que je m’allonge dans un bon lit...

Nous disons rapidement au revoir à Marina et à Simon, sans regret de les quitter...

Durant ces trois jours, ils n’ont pas du tout essayé de s’intégrer à nous, malgré tous nos efforts pour tenter de lier amitié avec eux... Ils n’ont pas été désagréables, mais ont toujours marqué de la distance envers nous, alors que nous aurions bien aimé faire leur connaissance. Cette réserve des Boliviens par rapport aux étrangers est agaçante... Nous sommes considérés comme des porte-monnaie, voilà tout ! Ca ne leur viendrait même pas à l’idée que nous puissions échanger les uns avec les autres, apprendre à nous connaître, voire même à nous apprécier... C’est tellement plus agréable pour tout le monde pourtant ! Je trouve ça vraiment dommage...

"formations rocheuses insolites"
"formations rocheuses insolites"

Nous passons à l’hôtel prendre une chambre pour cette nuit, puis retrouvons Léna et Daniel afin de dîner avec eux. Johnny est censé nous rejoindre, mais ne le voyant pas arriver, nous décidons de partir sans lui au restaurant. Il nous rejoindra là-bas. Une belle cheminée trône au centre de la pièce, c’est juste ce qu’il nous fallait... Je me laisse tenter par des crêpes salées (ça fait si longtemps !) avec un peu de vin rouge. Nous sommes dans un restaurant français, autant en profiter ! Les crêpes sucrées en dessert sont également délicieuses... La nourriture française me manque vraiment, je crois ! Nous discutons de voyages et du retour en France. Eh oui, ça va arriver vite maintenant ! Léna et moi commençons à nous endormir doucement sur notre chaise... Nous décidons de laisser Michaël et Daniel entre hommes, puisqu’ils ont l’air d’avoir la pêche, et de partir nous coucher sans plus tarder... Ce fut une intense journée !

Eve-Laure

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