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Après deux mois...

Le 22 novembre 2007,

Voilà, ça fait maintenant deux mois que nous sommes arrivés à Montréal pour nous y installer. Le temps passe vite quand on reprend une vie sociale !

Du balcon de notre appartement
Du balcon de notre appartement

Tout se passe très bien dans nos travails respectifs à Michaël et à moi, même si nous commençons à apercevoir quelques différences significatives avec la France. Déjà, nous sommes payés toutes les deux semaines ici contrairement à la France où on reçoit un salaire en fin de mois. On a l’impression d’être tout le temps riches du coup ! On se dit : « Je peux acheter telle chose, je serais payée dans deux semaines maximum ! ». Ca a un effet pervers tout de même. Il paraît que le Québec est la province avec le plus haut taux d’endettement personnel du monde ! Et celle où il y a le plus d’achat de voitures neuves...

Question écologie, on repassera... Moi qui pensais que le Canada avait une haute conscience écologique, je suis tombée de haut. Ils sont trop entourés des Etats-Unis et en subissent les retombées de ce côté-là. Tout est accès sur la consommation rapide et efficace. Le midi, les restaurants nous offrent des assiettes et verres en carton à usage unique, les tris des déchets ne font pas la différence entre le verre et le plastique, tout est jeté ensemble... Bref, la France est en avance sur ce point-là ! Qui l’aurait cru… Mes collègues se sont gentiment moqués de moi étant donné que je trouvais saugrenue l’idée de boire du bon vin rouge dans un gobelet en plastique... Ils m’ont traitée de « Maudite Française » ! Et lorsque j’ai ouvert des yeux grands comme une soucoupe lorsque le serveur nous a apporté une bouteille de vin rouge en la faisant tourner en l’air à la version de Tom Cruise dans « Cocktail », ils m’ont vraiment trouvée snob ! La réputation des Français nous suit de très prêt et les Québécois nous trouvent plus raffinés de manière générale. Lorsque je vais au restaurant avec eux le midi, il n’est pas rare qu’ils me demandent comment je trouve la nourriture ou le vin étant donné que je suis censée avoir un palais plus éduqué que le leur… Moi personnellement, je ne pense absolument pas que ce soit le cas, mais ils me font bien rire en tous cas !

Le coût de la vie est globalement meilleure ici, avec un salaire supérieure à la France ! Le loyer est à peu près le même qu’à Lyon, mais tout ce qui est vêtements et nourriture (excepté le vin et le fromage...) sont moins chers. L’essence est à coût réduit aussi et les péages n’existent pas ! Les autoroutes sont gratuites (mais limitées à 100 km/h...). Autre point positif, ils n’ont pas eu de grèves des transport depuis au moins 20 ans ici (hum... Je compatis avec mes compatriotes qui galèrent dans les métros français en ce moment) ! En tous cas, les grèves françaises font la une des journaux ici aussi ! Ce n’est pas très bon pour notre image de marque à l’étranger tout ça... Ce qui m’a fait drôle en arrivant ici, c’est que tout le monde connaît tout sur la France que ce soit au niveau politique ou géographique. Presque tous les Québécois que j’ai rencontrés ont visité au moins une fois la France. Je ne peux pas en dire de même dans le sens inverse... Moi-même, j’étais bien incapable de citer le nom de leurs ministres, alors qu’ils savent tout de nous !

Ils vouent un véritable culte à la France et font parfois un complexe plutôt étonnant d’infériorité par rapport aux Français. Ils me disent souvent qu’ils ne parlent pas un bon français par rapport à moi, alors que je leur dis qu’on ne parle tout simplement pas le même français, c’est totalement différent comme façon de penser. La langue a évolué en France, comme ici, de façon différente. Ils ont gardé d’anciens mots que nous n’utilisons plus et vice versa. Il n’y a pas de meilleur français chez les uns ou chez les autres, il s’agit presque de deux langues différentes à mes yeux, avec chacune ses particularités... Par contre, on ressent bien leur entourage très anglophone avec le reste du Canada et même les Etats-Unis. Ils utilisent beaucoup d’anglicismes ou même des mots d’anglais sans s’en rendre toujours compte ! Mais il faut faire attention quand on parle des différences entre le Québec et la France, beaucoup d’entre eux sont très susceptibles lorsqu’on aborde ce sujet, c’est assez étrange et plutôt déconcertant au début. En tous cas, les Québécois restent plus avenants et gentils que les Français, je suis restée sur le premier sentiment de mon arrivée. Par contre, ils sont plus individualistes aussi. Ils restent en famille ou à l’intérieur d’un cercle d’amis très restreints.

Question horaire de bureau, je vois une nette différence aussi avec la France. Ici, tout le monde fait ses heures, du genre 9h-17h avec une heure pour dîner (ils disent dîner pour déjeuner ici et souper pour notre dîner...). Les horaires sont souples dans le sens où si les gens préfèrent faire 8h-16h, c’est leur droit. Personne ne viendra leur dire, comme en France, les voyant partir à 16h : « Tu as pris ton après-midi ? » avec un air narquois... Par contre, c’est plutôt boulot-boulot : pas de pause durant la journée et l’heure du déjeuner est très rarement dépassée. En gros, on fait ses heures en bossant bien et dès qu’on peut, on rentre chez soi. Les personnes qui passent deux heures au café et qui restent le soir pour "montrer" qu’ils font leurs heures, ça n’existe pas ici. Par contre, chez Ubisoft, en "production", c’est-à-dire, dans les équipes qui développent vraiment les jeux (pas les développeurs qui s’occupent des sites Web, comme Michaël), ils peuvent travailler très tard, le week-end y compris, la nourriture et la bière étant payée sur place par Ubisoft. Mais là, on entre dans le domaine des passionnés qui n’ont pas et ne veulent pas avoir de vie de famille. Ce sont des cas particuliers et je ne connais personne qui fait ça dans ma banque !

En ce qui concerne la langue de travail ici, la loi 101 oblige les Québécois à travailler en français, loi qui n’est pas toujours respectée. Chez moi, les gens parlent tous français donc ça ne pose pas de problème particulier, même si j’ai toujours du mal à me faire au fait qu’ils peuvent glisser de temps en temps un terme anglais dans une phrase tout en français sans que personne n’en soit choqué. Chez Ubisoft, c’est un peu différent. Dans l’équipe de Michaël, sur 50 personnes, deux seulement sont uniquement anglophones (et encore pas nativement car il s’agit d’un chinois et d’un allemand). Par conséquent, en leur présence, les réunions se déroulent en anglais, par contre sans eux c’est en français, sauf pour la documentation qui doit être en anglais. Dans mon entreprise, je côtoie des gens venant de toutes nationalités également. Je travaille avec des Cubains, des Chinois, des Péruviens, des Africains... qui parlent tous québécois ayant eux-mêmes émigré au Canada depuis très longtemps. C’est passionnant de discuter avec eux de leur culture et de la raison pour laquelle ils ont décidé de partir de chez eux pour ne plus y revenir dans la majorité des cas. Je travaille aussi avec une Française, Diane, qui est au Québec depuis 12 ans. J’ai même retrouvé dans anciens camarades de promo de l’INSA, travaillant ici à la banque ! On s’est croisé par hasard dans les couloirs... Le monde est petit quand même !

En tous cas, je m’entends bien avec mes collègues de façon générale et j’en suis très heureuse. Le fait que je sois la seule femme informaticienne joue peut-être un rôle dans le fait d’être facilement intégrée à l’équipe ! Mais ça me convient en tous cas... Le travail est très intéressant aussi et je m’éclate bien dans ce que je fais pour le moment, donc tout va bien de ce côté-là pour moi ! La semaine dernière, j’ai fait mon premier « 5 à 7 » au travail. Il s’agit d’une tradition locale qui consiste à boire une bière avec des collègues généralement de 5 à 7h. Plutôt sympathique comme coutume ! Pour Michaël, c’est parfois un peu plus difficile, son rôle de chef d’équipe étant plus stressant et demandant plus d’investissement que le mien.

Nous avons eu le droit à nos premières chutes de neige cette semaine, mais il s’agit de neige fondue qui ne tient pas encore. La température oscille autour des 0°C pour l’instant, c’est notre hiver français ! Ce qui nous fait peur, c’est que tout le monde nous prévient que ce n’est rien encore en comparaison de ce qui nous attend en janvier ou février... Là, on risque de voir une différence. Mais bon, on est prêts à affronter le dur hiver. Les bottes, chaussures chaudes et manteaux en plume d’oie sont achetés. Espérons que ça suffise pour ne pas trop claquer des dents lorsqu’il fera - 40°C avec le facteur vent !

Nous avons commencé à profiter de la vie nocturne de Montréal. Nous sommes allés à des matchs d’improvisation, sport national ici au Québec. Ils sont très bons et souvent vraiment drôles ! Nous avons passés d’excellentes soirées à chaque fois. Nous commençons à être invités chez des amis et notre cercle de connaissances s’agrandit vite. Nous profitons de la multitude de restaurants divers et variés proposant toute sorte de nourriture : asiatique, sud-américaine, européenne... Nous apprécions les micro-brasseries et leurs bières maisons en savourant le fait qu’il est interdit de fumer dans tous les lieux publics quels qu’ils soient (restaurants, boîtes de nuit ou pubs).

Le week-end dernier, nous avons assisté à la grande parade du Père-Noël, très en avance cette année, qui défilait dans la rue accompagné de ses lutins, sorcières et autres magiciens de Noël. C’était sympathique mais surtout très commercial en fin de compte. Mais Noël a l’air d’être une période plus importante encore ici qu’en France. Comme il fait froid, les gens essaient de se changer les idées avec une ambiance festive. Les décorations illuminent déjà la ville et promettent d’être de toute beauté. Etant donné que nous ne rentrons pas en France pour fêter le 24 décembre en famille, nous avons loué, Michaël et moi, un chalet au bord d’un lac pour les fêtes. Nous aurons un jacuzzi, un sauna et une belle cheminée pour nous tous seuls dans notre petit nid douillet ! Ca promet d’être romantique tout ça... Nous visiterons la région des Laurentides par la même occasion vu que nous ne sommes pas encore allés dans ce coin-là. Nous avons du mal à sortir de la ville le week end pour l’instant et je le déplore un peu. Nous sommes souvent fatigués par notre semaine de travail et le fait de devoir louer une voiture en avance, nous fatigue rien que d’y penser ! Il va falloir qu’on se bouge un peu plus si on veut en profiter...

En tous cas, nous commençons à trouver nos marques dans ce pays qui nous paraissait plutôt étrange au début. Malgré tout, la France me manque un peu… Ses belles rues, son architecture, son histoire, sa nourriture et son bon vin, sans oublier ma famille et les amis que j’ai laissés derrière moi. Heureusement que les nouveaux moyens de communication comme Internet et sa Webcam sont là pour nous faciliter la vie ! Mais bon… Ca n’en reste pas moins difficile parfois. Je suis dans un état d’esprit où je suis contente d’être là pour me faire une expérience de vie, profiter de l’opportunité qui nous a été donnée, mais je ne pense pas faire ma vie ici. J’en profite tant que je suis là, mais je me sens Française avant tout et je ne me vois pas quitter mon pays d’origine trop longtemps. J’aime la France avec ses grèves et ses râleurs (c’est vrai que les Québécois râlent moins, peut-être pas assez d’ailleurs certaines fois). La suite au prochain épisode !

Michaël , Eve-Laure

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