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Bus de malheur, mais challenge réussi malgré tout !

Le 14 mai 2007,

Ce trajet en bus fut l’un des pires que nous ayons dû affronter durant tous nos voyages… Confiants, nous avions lu qu’il existait une autoroute entre Parapat et Bukitinggi. Soit le bus ne l’a jamais trouvée, soit la définition d’autoroute n’est pas la même pour tout le monde… Je penche plutôt pou cette deuxième solution en fait. La route, ou devrais-je dire, la piste, était si mauvaise que le conducteur a fait descendre tous les passagers vers 3h du matin afin de pouvoir passer, à vide, dans de gros trous dans la chaussée, sans risque de rester coincé au fond de l’ornière… On aurait été trop lourds sinon. C’est du délire ! Je trouve honteux que le gouvernement ne mette pas plus d’argent dans la construction de vrais routes plus fonctionnelles. Nous sommes quand même en train d’effectuer la liaison entre les deux plus grandes villes de Sumatra !

Le bus tangue tellement de gauche à droite à cause des nombreux nids de poule que j’ai l’impression qu’il va finir par bel et bien se renverser… Entre les mouvements brusques du véhicule, les odeurs de nourriture mal digérée, la fumée de cigarettes qui remplie tout l’habitacle nous faisant sans cesse tousser et les voisins qui, ne supportant pas les embardées du bus, vomissent leur dîner bruyamment, autant dire que dormir dans ces conditions est quasiment mission impossible… Surtout serrés comme nous le sommes, avec les genoux sous le menton. Nous ne sentons plus nos fesses, elles sont comme anesthésiées…

Finalement, nous nous arrêtons vers 7h du matin devant un magasin de pneus. Nous comprenons rapidement que nous avons crevé cette nuit (encore ?) et que notre bus ne possède pas de roue de secours. Ben voyons ! Evidemment, le garagiste n’a pas la roue qui va bien en stock, la jante ne correspondant pas… Bah, il suffit de déjanter la roue crevée et de l’échanger avec une nouvelle ! La mince affaire… Ca va juste prendre 2 heures !! Au point où nous en sommes… Le garagiste, un homme au sourire charmant malgré son uniforme de mécanicien tâché d’huile, s’attelle à la tâche, aidé par quelques passagers du bus. Tout le monde s’entraide ici, c’est vraiment bien ! Une heure et demi plus tard, l’échange est fait et le nouveau pneu a réintégré sa place. Nous pouvons enfin repartir. Le bus est devenu est vrai fumoir en attendant et nous peinons véritablement à respirer. Dire qu’il y a un tas d’enfants avec nous dans le véhicule… Pour une fois, l’air conditionné est la bienvenue !

Heureusement, les paysages qui défilent par notre fenêtre nous font passer le temps agréablement, malgré les régulières embardées du bus. Les rizières baignées par les rayons du soleil se succèdent devant nos yeux émerveillés, avant de céder la place à une dense forêt impénétrable. De petites huttes se dressent de temps en temps, seules et isolées, perdues au milieu de nulle part… De quoi vivent les gens ici ? Peut-être se suffisent-ils à eux-mêmes tout simplement en cultivant un petit lopin de terre… Par fois, un petit village apparaît avec quelques échoppes éparses, des petites cabanes en bois toutes simples, des écoliers partant pour l’école et des villageois qui s’éveillent doucement et se préparent pour leur journée de travail. Ca y est, nous venons juste de franchir cette ligne imaginaire chargée de sens : l’Equateur ! Tout un symbole…

Malgré tout, nous commençons à trouver le trajet en bus vraiment long et pénible. Nous avons hâte qu’il se termine ! Enfin, nous arrivons à Bukittinggi vers 15h, avec 3 heures de retard par rapport au temps de trajet prévu initialement. Nous n’en pouvons plus ! Nous sommes fatigués, n’avons pas déjeuné et mourons de faim, sans compter les courbatures qui nous traversent le corps en tous sens… Pour couronner le tout, lorsqu’ils sortent nos sacs de la soute, nous avons le bonheur de sentir une ignoble odeur de poissons émaner de nos bagages… Ils les avaient placés juste à côté d’une caisse de poissons don le jus s’est déversé sur nos affaires ! Il ne manquait plus que ça… C’est le pompon !!

Un peu énervés par ce nouvel épisode, ainsi que par la fatigue accumulée, nous essayons de laver nos sacs à l’eau claire mais l’odeur persiste. Mon sac à dos a plus pris que celui de Michaël, j’ai peur que toutes mes affaires à l’intérieur soient imprégnées… Nous déjeunons de quelques fruits frais puis sautons dans un minibus tout confort pour qu’il nous emmène jusqu’à Padang où nous attend notre bateau pour Siberut. Nous ne sommes pas en avance avec tout ça, espérons que ça ira pour le bateau de ce soir ! Comme il n’y en a pas tous les jours, nous risquons d’attendre un moment le prochain si on rate celui d’aujourd’hui.

Comme le bus de nuit nous amenant à Bukitinggi ne possédait pas de toilettes à l’intérieur et durait environ 15 heures (qui se sont transformées en 18 heures finalement), j’avais pris mes précautions pour ce long trajet. Bêtement, j’ai oublié de faire de même pour ce simple voyage de 2 heures jusqu’à Padang et c’est avec la vessie sous pression que je vois enfin arriver la fin du trajet avec bonheur et reconnaissance… A présent, il faut trouver un bemo qui nous conduise au port, à une dizaine de kilomètres de la gare routière. Ce n’est pas une mince affaire, ils nous demandent tous des prix exorbitants pour ce pauvre trajet… Enfin, nous arrivons à négocier un tarif raisonnable et nous voilà partis.

Notre bemo nous laisse à côté d’un fleuve qui se jette ensuite dans la mer. Il ne nous a pas posés juste à côté du port, nous sommes un peu perdus… Heureusement, il n’est pas tout à fait 18 h et le bateau ne part que dans 2 heures. Nous avons largement le temps ! Quelques dizaines de minutes plus tard, nous trouvons le port et la compagnie de bateau qui part pour Siberut. Nous apprenons avec effarement que le départ est prévu à 18h et non à 20h comme l’agence nous l’avait dit ! Il appareille donc dans 2 minutes !! Les billets en poche, nous courons acheter un peu de nourriture pour le dîner sur le bateau, rien n’est prévu à cet effet à bord nous dit-on, puis nous nous pressons pour embarquer, un peu hagards par l’enchaînement trop rapide des événements… Le bateau quitte le quai quelques minutes plus tard, nous l’avons vraiment eu de justesse.

Nous avons choisi une cabine afin de pouvoir dormir sur une couchette et non pas par terre, dans le couloir ou sur le pont, comme la plupart des passagers moins fortunés… La cabine comporte quatre couchettes, nous prenons les deux plus élevées en espérant que nos colocataires ne seront pas trop bruyants et éviterons de fumer toute la nuit… Par chance, personne ne vient prendre les places restantes, nous pourrons donc dormir tranquille cette nuit… Nous prenons ensuite un peu de temps pour inspecter le navire, nous n’avons rien vu en entrant, trop pressés par son départ imminent.

Notre bicoque est des plus basiques. Un énorme chargement est entassé dans la calle ainsi qu’un accès direct à la salle des machines fumante et bruyante, non fermée au public. Des toilettes sont disponibles au fond. Elles sont composées d’un simple trou donnant directement sur la mer. Les cabines sont situées à l’étage et possède deux grand trous dans la coque en guise de hublots. Où sommes-nous tombés ? La ligne de flottaison est à un mètre au dessus de l’eau, les gilets de sauvetage manquent à l’appel, nous sommes sur une des mers les plus agitées d’Indonésie… Les conditions de sécurité sont optimales !

Après avoir ingurgité notre maigre repas acheté un peu trop précipitamment, nous nous couchons sans plus tarder, nous tombons de fatigue. Malgré tout, le sommeil tarde à venir, nous sommes tout excités en pensant à la suite de notre voyage. L’odeur nauséabonde émanant de nos vêtements et de nos sacs ne nous aide pas vraiment à nous endormir sereinement non plus… Je rêve d’une bonne douche, je me sens si sale ! Ca fait deux nuits de suite que nous passons dans les transports, sans avoir accès à une salle de bain. Ca commence à manquer ! Doucement bercés par les flots et profitant d’une climatisation naturelle par l’entremise de la bise marine, nous sombrons finalement dans le sommeil tout en pensant à notre aventure qui vient réellement de commencer !

Eve-Laure

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