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Lune de miel…

Le 3 mai 2007,

Nous arrivons à Medan vers 6h du matin, après avoir fait une pause devant une mosquée pour que les fidèles puissent prier avant l’aube. Nous n’avons quasiment pas fermé l’œil de la nuit et sommes exténués. Pourtant, nous sommes loin d’être arrivés !

Nous devons changer de gare routière afin de prendre un autre bus pour Bukit Lawang où se trouve une grande réserve d’orangs-outans. Malgré une belle arnaque d’un taxi au passage, nous réussissons à monter dans le bon bus. Seul petit souci, nous ne sommes que deux dans le véhicule et nous savons par expérience que jamais un bus indonésien de fera un long trajet pour deux personnes seulement. Nous n’avons plus qu’à attendre patiemment qu’il se remplisse. Le bus ne partira réellement que 2 heures plus tard, après avoir fait le tour de la ville pour ramasser des clients.

L’état de la route est désastreux, le bu peine à braver ces énormes trous qui sillonnent le chemin. Et ce qui devait arriver arriva, après avoir traversé une ornière de trop, nous entendons un grand fracas en dessous du bus et le véhicule tombe en rade, au milieu de la route, en pleine forêt. Tout le monde sort calmement et va s’abriter à l’ombre d’un arbre tandis que le chauffeur, aidé de deux autres compagnons, essaie de réparer l’engin. Ca paraît mal parti visiblement… Le bus est à moitié cassé en deux ! Nous n’avons plus qu’à attendre qu’un autre bus passe…

Depuis notre départ de Medan, un rabatteur indonésien nous soule afin que nous allions dans son hôtel une fois arrivés à Bukit Lawang, que nous le prenions comme guide pour faire un trek dans la jungle… Bref, il nous tape sur les nerfs ! Surtout que nous n’avons pas dormi cette nuit et notre patience est plus limitée que d’habitude. Cet arrêt inopiné est une aubaine pour lui et il nous en remet une couche sur les excellentes prestations qu’il peut nous offrir sans nous lâcher une minute ! Vu comme il nous énerve au bout de deux heures, je n’imagine pas le prendre comme guide durant deux jours… Nous essayons de lui faire comprendre que nous sommes fatigués et qu’il faut nous laisser un peu tranquille, mais rien n’y fait. Heureusement, deux très gentilles dames nous tiennent compagnie en attendant. Elles ne parlent pas anglais, nous sortons donc notre guide de conversation français-indonésien, ce qui les amuse beaucoup. Du coup, elles s’essaient à la prononciation en français, ce qui nous fait beaucoup rire à notre tour… Nous réussissons à comprendre qu’elles sont sœurs et que l’une d’entre elles travaillaient pour le gouvernement indonésien. Elle a une stature de grande dame, ça ne m’étonne pas !

Nous poireautons donc tous patiemment assis sous un arbre, lorsque tout d’un coup, une grande bourrasque de vent surgie de nulle part, secoue les feuillages en tous sens. Les deux sœurs ainsi que le guide se lèvent précipitamment en poussant de grands cris… Nous ne comprenons pas vraiment comment un simple coup de vent puisse les mettre dans un état pareil. Je croie que les indonésiens se méfient grandement des brusques changements climatiques ici. C’est vrai que la nature n’a pas épargnée l’île de Sumatra depuis quelques années. Le guide nous raconte qu’il y a eu une terrible inondation à Bukit Lawang en 2003 qui a fait plus de 300 morts. Chaque province de cette grande île a eu son lot de catastrophes naturelles : tsunami, tremblement de terre, inondation… Je comprends mieux leur peur envers les éléments naturels !

Enfin, au bout d’une bonne heure d’attente, nous voyons un autre bus arriver. Soulagés, nous grimpons tous dedans et nous voilà repartis sur la piste chaotique nous amenant jusqu’à Bukit Lawang. Par chance, ce bus tient le coup jusqu’au bout et nous voici arrivés dans un endroit enchanteur, un petit village perdu au milieu d’une jungle épaisse, à travers lequel coule une rivière à l’eau limpide et claire. Notre guide ne nous a toujours pas lâchés les baskets et tient à nous accompagner jusqu’à notre hôtel. Pire qu’une sangsue celui-là ! Nous remontons la rivière et arrivons jusqu’à de charmants bungalows perdus dans la forêt vierge. Nous demandons à visiter les chambres et nous commençons par la chambre nuptiale qu’ils souhaitent absolument nous montrer. Là, nous en restons bouche bée… La chambre est superbe ! Il s’agit plus d’un grand appartement d’ailleurs… L’entrée dans lequel trône un sofa, la chambre avec lit à baldaquin, la salle de bain munie d’une baignoire, un balcon avec un hamac, de petits fauteuils et une vue extraordinaire sur une belle cascade perdue au milieu de la forêt ! Les meubles en rotin et en bois précieux sont magnifiques, la pièce est décorée avec goût dans un charmant style colonial… Nous tombons sous le charme ! Evidemment, le prix n’est pas le même que d’habitude, mais je pense qu’on peut se permettre de prendre cette chambre à 15 euros après avoir passés 5 jours dans une cahute à 4 euros la nuit sur Pulau Weh ! Allez, nous décidons de nous faire plaisir. C’est toute heureuse que je déambule dans cette magnifique chambre dans un cadre aussi idyllique. Nous découvrons même que nous avons un accès direct à la cascade par la porte de derrière ! Je n’en reviens pas de me trouver dans un endroit aussi enchanteur… La chambre se situe en hauteur et nous avons une vue extraordinaire sur la jungle qui nous entoure et la rivière en contrebas. Nous n’entendons que le bruit de la cascade et celui… d’un gecko qui se cache dans les poutres et fait un bruit infernal ! Bah, nous ferons avec… Au moins, il nous mangera les insectes !

Nous descendons déjeuner et rencontrons deux jeunes anglais qui nous font l’éloge d’un trek de deux jours qu’ils ont fait dans la jungle. Ils y ont vu plein d’animaux dont des orangs-outangs, la curiosité de la région ! Nous nous laissons séduire et en parlons à l’hôtel pour qu’ils nous organisent une randonnée de deux jours également. Nous convenons d’un tarif en dollars, puis à la fin de la conversation, ils nous transforment le prix négocié en euros ! Ce n’est pas vraiment la même chose… Nous nous énervons un peu leur faisans comprendre que ce n’est pas correct de changer les tarifs de cette façon. Ils s’excusent en nous faisant comprendre qu’ils s’étaient trompés tout à l’heure en nous donnant les prix en dollars. Nous repartons donc dans la chambre, un peu déçus par leur manière de procéder, sans rien avoir décidé pour le trek.

Nous restons l’après-midi à profiter de notre superbe chambre et surtout à nous reposer. Alors que le jour commence à baisser, nous apercevons de notre balcon de multiples singes chahuter dans les arbres ou dans l’eau de la cascade. La nuit venue, nous descendons au restaurant pour dîner au son des chants de quelques indonésiens aux allures de Bob Marley, accompagnés d’une guitare ils ne doivent pas être stressés ici, ils ne connaissent pas les contraintes de temps, de stress engendré par les grosses villes occidentalisées. Ils vivent au milieu de la jungle et ont l’air bien paisibles et heureux. C’est peut-être ça la vie après tout… Le gars de tout à l’heure revient nous voir et nous glisse rapidement qu’il est d’accord pour le prix en dollars et non en euros… Comme quoi, il suffit d’être patients ! Nous partirons donc avec lui après-demain dans la jungle, au grand désespoir du rabatteur que nous avons rencontré dans le bus qui voit une belle occasion lui filer sous le nez… Il n’avait qu’à pas être aussi pénible !

Nous remontons nous coucher lorsque nous tombons nez à nez avec un beau scorpion qui trône au beau milieu de notre chambre. Michaël et moi ne faisons pas les fiers… Nous n’en avions jamais approché de vivant, mais nous aurions aimé que ce ne soit pas juste à côté de notre lit !! e pauvre scorpion finira sous la chaussure de Michaël… Je déteste tuer les animaux, mais je n’aurai pas fermé l’œil de la nuit si j l’avais su dans les parages et je ne me voyais pas le prendre gentiment par les pinces pour le mettre dehors, comme je le fais pour les araignées pas trop grosses…

Après cet épisode, j’inspecte scrupuleusement toutes les pièces afin de chercher ses petits copains, puis je me couche, rassurée. Bienvenue dans la jungle !!

Eve-Laure

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