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L’erreur à ne pas faire

Le 22 juin 2005,

Nous partons ce matin, toujours sur les traces du film, à travers les forêts et les montagnes afin d’atterrir sur le très beau site où a été tourné Isengard. La route pour y accéder est plutôt difficile et perdue au milieu de nulle part. Je me demande, vu l’état du chemin, s’il n’est pas réservé aux 4x4, d’ailleurs ! J’ai l’impression que notre van va partir en pièces détachées certaines fois, vu les drôles de bruits que nous entendons à l’arrière du véhicule... Mais l’effort en valait la peine ! Nous nous retrouvons en pleine nature, complètement seuls, entourés de montagnes et de rivières enchanteresses. C’est vraiment magnifique... Nous nous imaginons parfaitement la tour d’ Isengard trônant au milieu de ce site, c’est parfait !

Après nous en être mis plein les yeux, nous prenons un autre petit chemin qui nous emmène près du lac Sylvan, tout en traversant de magnifiques contrées qui ont, elles aussi, servi pour le film. Nous nous arrêtons pour déjeuner au milieu de nulle part, avec l’agréable sensation d’être seuls au monde. Nous en profitons pour ponctuer notre repas d’une petite sieste au calme, les rayons du soleil nous réchauffant à travers la vitre du camping-car. Bon, ce n’est pas tout ça, mais nous avons d’autres lieux sympathiques à découvrir dans le coin !

"Isengard", sans la tour
"Isengard", sans la tour

Nous sortons par l’arrière du van afin de remettre nos chaussures laissées à l’extérieur et claquons violemment la porte de derrière avec un léger oubli... Les clefs sont restées à l’intérieur ! Nous nous apercevons de la catastrophe en essayant d’ouvrir nos portes respectives et en nous demandant qui a les clefs. Nous les voyons trônant tranquillement sur le démarreur... C’est alors la panique générale ! Nous courons dans tous les sens afin d’essayer d’ouvrir porte ou fenêtre mais tout est hermétiquement fermé... Nous jurons autant que possible, pestant contre nous-mêmes, mais ça ne change pas grand-chose à la situation ! Evidemment, nous sommes totalement seuls et perdus dans un coin vraiment paumé... La notion de "seuls au monde" prend tout de suite un sens beaucoup moins agréable à présent ! Nous sommes à des kilomètres de toute habitation et le froid commence à nous envahir... Nous sommes évidemment sortis sans nos blousons !! Nous essayons d’ouvrir les fenêtres par tous les moyens, sans succès. En plus, des dizaines de moustiques commencent à nous attaquer, ce qui a le don de nous énerver encore plus !

Alors que nous nous résignons à casser une vitre avec un caillou, une voiture sort de nulle part et se dirige vers nous. Je vais à leur rencontre et explique notre problème aux 3 personnes du véhicule. Le conducteur me dit qu’il va voir ce qu’il peut faire. Nous essayons donc, avec l’aide de Don et d’Estelle, un couple de Néo-Zélandais d’une soixantaine d’années, et de leur tante, bien plus âgée, d’ouvrir notre van. Don réussit à infiltrer une tige métallique, trouvée dans le champ d’à côté, dans la porte par le caoutchouc de la vitre, mais il n’arrive pas à activer le mécanisme d’ouverture. La tantine nous aide comme elle peut, en essayant d’ouvrir les portes de notre van avec ses clefs de maison...Ca me ferait beaucoup rire si je n’étais pas aussi angoissée !

Au bout d’une bonne heure d’essai, tout le monde finit par laisser tomber. Ce van est bien sécurisé comme il faut ! Ils essaient leur téléphone portable qui, évidemment, ne capte pas dans ce coin perdu. Ils nous proposent donc de nous emmener jusqu’à Glenorchy, chez un garagiste. Nous acceptons leur offre avec reconnaissance et nous nous engouffrons dans leur voiture, nous serrant à trois à l’arrière. Un peu de chaleur nous fait un bien fou ! Michaël, complètement dégoûté par ce qui nous arrive, ne dit pas un mot. Je me force donc à faire la conversation à notre sauveur, in english of course, ce qui n’a rien d’évident pour moi... Nous arrivons au seul garage de Glenorchy et expliquons notre problème en anglais avec l’aide de Don pour les explications techniques aux employés. Il nous encourage à appeler Britz, notre agence de location, afin de demander conseil. Britz nous avoue sincèrement que le dépannage nous coûtera plus cher si nous passons par eux plutôt que par un garage local. Nous les remercions et informons le garagiste que nous souhaitons que ce soit lui qui nous dépanne. L’homme bourru qui nous fait face n’a pas du tout l’air enchanté par notre demande et nous répond qu’il n’a jamais fait ce genre de dépannage et qu’il ne sait pas comment faire... Bon, tout va bien !

Don nous propose très gentiment d’appeler un de ses amis qui saura expliquer au garagiste comment faire. Il appelle donc son ami et passe le combiné à notre garagiste toujours aussi réticent. Son manque d’enthousiasme nous inquiète beaucoup. Si c’est pour le payer et qu’il n’y arrive pas, ça ne sert à rien ! En plus, il a l’air d’y mettre une bonne dose de mauvaise volonté... Nous sommes plutôt mal partis ! Puis Don décide, sans que nous ayons le temps de dire quoi que ce soit, d’appeler son association automobile et de faire croire qu’il s’agit de son propre van qui a besoin d’un dépannage ! C’est vraiment adorable de sa part, nous n’en revenons pas... Ce sont nos anges gardiens envoyés pour nous prêter main forte ! L’association automobile appelle ensuite le garagiste et l’informe qu’elle prend tout en charge. La minute d’après, notre bonhomme bourru saute dans son camion, le sourire aux lèvres, en nous invitant à venir avec lui. Estelle m’ordonne d’un ton autoritaire de rester avec elle et sa tante tandis que Michaël et son mari repartent avec le garagiste, pour essayer d’ouvrir notre van. Je ne me le fais pas dire deux fois, je suis littéralement frigorifiée !

Nous partons donc toutes les trois nous réchauffer dans un bar devant un bon chocolat chaud que je leur offre avec une infinie gratitude (heureusement, notre ceinture secrète, quotidiennement portée sous notre tee-shirt, nous permet d’avoir au moins toujours notre argent avec nous !). Leur après-midi de balade s’est trouvée annulée à cause de nous et nous leur sommes infiniment reconnaissants de nous avoir pris sous leur aile, alors que nous étions si désemparés ! Je ne sais pas si beaucoup de personnes en France en auraient fait autant pour nous ! Nous discutons de la Nouvelle-Zélande autour de notre petite collation et Estelle nous donne plein de bons plans pour l’île du Nord, l’endroit où elle vit. Au bout d’une bonne demi-heure, nous voyons revenir Don et Michaël, le sourire jusqu’aux oreilles, nous apprenant que le garagiste a réussi à ouvrir le van grâce à des cales qu’il a placées dans la porte, un tournevis et une longue tige en fer. Avec tout ça, il a pu actionner la poignée intérieure et déverrouiller la porte ! Ca lui a pris à peine 5 minutes et il était visiblement le premier surpris de son succès ! Enfin, nous sommes sauvés et nous n’avons pas dépensé un centime... Nous remercions encore une fois nos sauveurs pour leur gentillesse à notre égard. Qu’aurions-nous fait sans eux ? Casser une vitre aurait signifié une grosse réparation qui nous aurait coûté très cher ! En plus nous n’aurions pas pu dormir dans notre van tant que ça n’aurait pas été réparé... Bref, ces personnes nous ont évité beaucoup de soucis, nous ne les remercierons jamais assez !

Nous repartons chacun de notre côté, heureux de ce bon dénouement. Finalement, cet événement nous aura permis de faire connaissance avec des gens extraordinaires et nous ne regrettons absolument pas cette belle rencontre ! Comme quoi... J’espère toutefois qu’ils n’auront pas de problèmes avec leur association automobile à cause de nous... Nous leur avons fait promettre de nous avertir en cas de problème ! Contents d’être à nouveau dans notre van, nous nous rendons à Queenstown afin d’écrire quelques mails. Toutefois, nos yeux se ferment tout seuls, nous tombons de fatigue, les événements de la journée ont eu raison de nos nerfs. Nous cherchons un camping pour la nuit, mais tout est complet ! Voilà autre chose... C’est bien la 1ère fois que ça nous arrive. Nous finissons par trouver un camping familial moins cher et se situant juste à côté du lac Wakatipu. Merveilleux !

Pour couronner la journée en beauté, j’inonde le van d’eau en prenant ma douche, puis en faisant la vaisselle, et je me bats avec le papier torchon qui finit par gagner la bataille. Bref, il est temps d’aller me coucher, je ne réponds plus de rien ! Bonne nuit...

Eve-Laure

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