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Battambang

Le 19 février 2005,

A propos de Battambang, notre guide papier precisait : "Cette elegante cite se distingue par son architecture coloniale tres bien preservee". Je m’attendais donc a une replique de Luang Prabang au Laos mais c’est une ville tres poussiereuse aux batiments peu entretenus qui nous attend. Des qu’on s’eloigne une peu du centre-ville, les rues sont en terre battue. Cependant, l’atmosphere qui s’en degage est fort sympathique car les gens ont l’air detendu et sont tres souriants, vaccants a leurs occupations sans trop nous deranger. D’ailleurs, il n’y a pas foule de touristes et l’ambiance me parait tres authentique.

Apres avoir achete un nouveau journal pour le carnet de route d’Eve-Laure, nous flanons dans la ville, longeons le fleuve borde de maisons coloniales et dejeunons dans un petit restaurant khmer. Ce qui me frappe le plus est le nombre de cyber-cafes et de magasins de telephones mobiles. Dans un pays ou la majorite des liaisons terrestres sont en terre battue et ou les routes sont dans un piteux etat, les priorites me semblent inversees ! Ceci dit, etant donne que le telephone fixe est peu developpe, un reseau mobile coute beaucoup moins cher a mettre en place.

Notre hotel, tres calme, est situe a quelques dizaines de metres du marche central. Nous finissons donc notre petit tour par ce dernier. On y trouve de tout : vetements, livres, papeterie, jouets. Mais c’est surtout la partie alimentation qui retient l’attention de nos narines avec de fortes odeurs de poisson ! Ce dernier constitue une bonne partie de l’alimentation cambodgienne et provient des rivieres.

Nous decidons de retourner a l’hotel et d’accepter la proposition d’un chauffeur de nous emmener decouvrir les environs de Battambang. Il n’y a pas de taxis ou de tuk-tuk dans la ville, c’est donc en moto que nous partons faire notre balade. Jay, qui parle un tres bon anglais et son acolyte nous emmenent donc en tant que passagers sur leurs engins.

Sous la chaleur torride du Cambodge, circuler en moto s’avere tres agreable et rafraichissant. Je mets mes lunettes de soleil, plus pour me proteger de la poussiere que de la lumiere. Nos engins soulevent des nuages de terre rouge sur les chemins qui ont remplaces les rues en partie goudronnees de la ville. C’est encore pire quand nous croisons un autre vehicule. D’ailleurs, les bananiers qui bordent la "route" ont les feuilles plus rouges que vertes. Ici, on appelle cela la "neige cambodgienne".

Nous quittons la voie principale et nous engageons dans un petit chemin a la fois borde de petits bungalows sur pilotis ne comportant qu’une piece commune (qui ne sont pas sans rappeler ceux que nous avons vu dans les villages karen au nord de la Thailande) et de belles maisons de style coloniale. Les richesses semblent vraiment tres mal reparties dans ce pays... Nous pouvons aussi entendre une musique traditionnelle khmere provenant de grands chapiteaux en toiles decores de guirlandes et de fleurs multicolores. D’apres mon chauffeur, c’est la saison des mariages au Cambodge !

Le premier arret nous permettra de visisiter un elevage de crocodiles. Les monstres dorment au soleil ou dans un bassin en attendant leur transfert chez le boucher puis le tanneur. L’endroit ne me passionne guere...

Nous continons notre routem croisons des champs de riz desseches, reconnaissavles aux petits monticules de terre qui les delimitent et qui permettent de retenir l’eau pendant la saison des pluies. Nous arrivons justement chez des cultivateurs en train de fabriquer de fines feuilles de riz servant a la preparation des nems ou rouleaux de printemps. Grace a un feu alimente par des ecorces de riz (rien ne se perd !), une femme fait cuire quelques instant a la vapeur une pate constituee d’eau et de farine de riz. Elle suspend ensuite les feuilles ainsi obtenues sur des supports cylindriques afin de les laisser refroidir. Son mari les etale alors sur de larges sechoirs faits de feuilles de bambous tressees qui seront ensuite exposes au soleil. Pendant la mousson (mai a octobre), seules les femmes effectuent ce travail car les hommes sont aux champs pour cultiver le riz.

Nous arrivons ensuite a un temple en ruine construit avant certains temples d’Angkor. Jay, notre guide-chauffeur, nous apprend qu’a cette epoque (XIe siecle) le royaume khmer ne pratiquait pas uniquement le bouddhisme comme aujourd’hui et que notre temple (ainsi que certaines parties d’Angkor) sont hindous. Avec un tres bon anglais, il nous raconte une legende mythologique incarnant dans la pierre de ces ruines, Vishnu, geants et demons. Il nous explique que le temple a ete detruit durant les annes 70 par les Khmers rouges, acte faisant partie de leur noir dessein d’annihiler toute trace de la civilisation et de la culture khmeres. Le temple bouddhiste qui fait face aux ruines et qui date du debut du XXe siecle a ete epargne car il servait de prison.

Nous felicitons Jay pour son excellente maitrise de l’anglais. Il nous apprend qu’il a frequente l’universite mais qu’il n’a pas pu trouve d’autre metier que chauffeur de moto car les postes dans l’administration ou les entreprises privees ne se decrochent que par piston. Il nous confie que la situation politique actuelle est desastreuse car une grande partie des revenus du pays disparait dans les poches de quelques leaders. Mlaheureusement, cette corruption s’etend a l’armee, la police et toute la fonction publique car les fonctionnaires sont sous-payes. Jay est vraiment amer et n’hesite pas a critiquer ouvertement le premier ministre, ce qui peut etre tres mal vu dans le pays.

Nous poursuivons notre balade par la visite du marche aux poissons situe a proximite de la riviere. La, nous observons les familles de pecheurs, aidees de jeunes desireux de financer leurs etudes, faire secher et saler le poisson ou preparer la celebre pate de poisson que l’on peut garder plusieurs anneeds et qui permet de preparer les bouillons et soupes quotidiens.

Apres cette experience olfactive, nous faisons une halte pour gouter du riz gluant sucre et au lait de coco. Il est cuit dans des tiges de bambous sur des braises d’ecorces de coco. C’est delicieux !

Cette riche journee se finissant, nous rentrons nous reposer a l’hotel et nous preparer a notre prochaine etape : Angkor !

Michaël

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