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Rythme and blues

Le 9 octobre 2007,

La nuit fut un peu fraîche, je me suis réveillée à plusieurs reprises parce que j’avais un peu froid, mais en réajustant le sac de couchage comme il fallait, j’ai quand même réussi à passer une bonne nuit.

J’émerge donc vers 9h30, le soleil est déjà hait dans le ciel. Je petit-déjeune en compagnie de Denis, le vieux trappeur, tout en discutant du Québec et de la vie ici dans ce petit village tranquille. Hors période touristique, le taux de chômage est très élevé. A part une épicerie, une école et une pharmacie, il n’y a rien dans le coin. Pour travailler, les gens doivent aller jusqu’à Québec qui se situe à 5 heures de route d’ici ! La vie n’est pas toujours facile pour les habitants... Denis aime cet endroit sauvage parce qu’il peut observer les animaux à sa guise. C’est un passionné, ça se voit !

Il nous donne d’ailleurs une conférence sur les animaux sauvages juste après le petit-déjeuner. Bien installés sur les bancs du belvédère, en face de la mer, Denis nous parle des habitants de la forêt : les ours, les orignaux (sorte de caribous), les lynx, les loups, les moufettes... Il nous apprend à savoir les regarder sans les déranger, ni avoir peur d’eux. Tandis qu’il nous parle des animaux terrestres, je vois son oeil exercé scintiller à un moment donné en regardant derrière nous : il a aperçu une baleine au loin ! En effet, je la vois également à mon tour à l’horizon. Superbe !

Nous déjeunons sur la terrasse, en plein soleil, en face de ce fleuve si impressionnant. Je m’étonne auprès de Denis qu’il n’y ait que des filles qui participent à ce stage sur les baleines. Il m’apprend que c’est le cas de 90% des stages ici, les femmes étant plus aventurières que les hommes et aimant plus la nature aussi. Nous sommes quand même 5 filles plus Dany le biologiste et Denis le trappeur. Ces deux hommes sont plutôt bien lotis ! J’en connais qui aimerait bien être à leur place...

Je discute avec Dany de la chasse à la baleine entretenue par les Japonais, les Norvégiens et les Islandais. Il m’avoue que ce n’est pas le seul problème préoccupant concernant les baleines. Il estime que dans 30 à 50 ans, la population des cétacés du Saint-Laurent aura disparu à cause de la pollution humaine... Les belugas par exemple ingèrent des hormones contenues dans les pilules contraceptives des femmes et deviennent stériles petit à petit. Ils mangent aussi des poissons contaminés qu’ils stockent dans leur graisse et les asphyxient au fur et à mesure. Plus de 25% de ces animaux meurent de cancer !! La pollution sonore venant des sous-marins US peut aller jusqu’à provoquer des hémorragies de l’oreille interne des baleines ! Leur avenir est bien sombre... Dany s’étonne du fait que l’homme connaisse si de choses au sujet des baleines. Il commence à s’y intéresser au moment où elles sont en train de disparaître... L’homme connaît beaucoup de choses sur les autres planètes de notre galaxie, mais ne s’est jamais vraiment intéressé au fond de l’océan... C’est plutôt drôle quand on y pense.

Après cette discussion fort intéressante, je pars seule faire un tour sur la plage en contrebas. Je marche jusqu’à la marina fermée depuis peu étant donné que la saison touristique est finie. J’admire les feuilles multicolores des arbres et le bleu infini du fleuve. Je reste quelque temps sur la plage, perdue dans mes pensées, le bruit de l’eau comme seule compagnie. Je suis bien. Pour la première fois depuis mon arrivée au Canada, je me sens heureuse d’être venue, d’avoir tout quitté pour faire tous ces kilomètres afin de m’installer ici. Je comprends enfin la raison qui m’a poussée à venir dans ce nouveau pays étranger. Je sais que j’ai bien fait.

Je remonte ensuite à notre camp et regarde, ébahie, mes compagnes en maillot de bain, courir se baigner dans le Saint-Laurent. Il ne doit pas faire plus de 10°C dehors et je supporte bien mon pull et mon manteau. Elles sont folles, je ne vois que ça... Elles ne restent pas longtemps dans l’eau toutefois et remontent bien vite pour courir sous une douche bien chaude. Mais bon, chapeau mesdemoiselles !

Il est 16h, nous embarquons toutes dans la voiture de Dany en direction de la ville de Baie-Comeau. Nous allons assister à un concert de blues ce soir en compagnie d’amis de Dany. Super ! Nous dormirons sur place du coup, chez les amis en question. Après un arrêt inopiné pour cause d’une fuite dans le tuyau de liquide de refroidissement de la voiture, nous reprenons la route dans le soleil couchant. Le spectacle est superbe, je ne me lasse pas de ces paysages multicolores.

Nous arrivons, après une bonne heure de trajet, chez Richard, l’ami de Dany. Il possède une petite maison playmobile comme je me plais à l’appeler. Il s’agit du genre de bâtisse érigée en une journée, les murs étant en placo et le tout s’assemblant comme un puzzle. Une maison en kit quoi ! Toutefois, l’intérieur est coquet et décoré avec goût. Il a passé 3 ans en Afrique et la décoration s’en ressent. Richard, un gros bonhomme jovial et avenant nous accueille à bras ouvert et nous offre immédiatement son hospitalité. La table est déjà dressée et n’attend plus que nous. Au menu : tacos mexicains ! Bons et nourrissants, juste ce qu’il nous fallait... La tablée est conviviale et nous dînons dans la joie de vivre et la bonne humeur.

Il est temps de partir voir le concert à présent. Toute l’équipe de filles, accompagnées de Dany et de Richard, embarque dans les voitures et nous voilà partis vers le centre-ville de Baie-Comeau. Nous entrons dans un hangar où cinq musiciens nous attendent avant de débuter leur show. Je suis surprise, je pensais assister à un concert public, donné dans un bar. Il s’agit en fait d’une représentation privée où nous serons les seuls spectateurs. Sympa ! Nous faisons la connaissance d’Hélène et de Jean-Paul, un couple de Québécois d’une quarantaine d’années, qui font également partis du public en tant qu’amis du groupe. Ils commencent à jouer et je suis tout de suite impressionnée par leur talent. Je me sens entraînée dans le rythme malgré moi. Ils sont vraiment bons ! Ils ont l’air content d’avoir un public réceptif et quasi-exclusivement féminin de surcroit. Tout l’assemblée est conquise par ce spectacle de qualité. Seules Christa qui arrive de Suisse et accuse encore le décalage horaire et Aline qui se trouve être un peu malade en ce moment, ne participent pas à l’enthousiasme général. Denis, qui nous a rejoint entre temps, les ramènera au campement plus tôt afin qu’elles puissent se reposer.

Prenant nos forces dans des canettes de bières offertes par nos hôtes, nous continuons d’apprécier le show, la danse me démangeant petit à petit. Nous rentrons chez Richard vers 1h du matin. Il veut absolument nous graver un CD de musique sélectionnée par toute l’équipe et mettre notre photo comme jaquette. Très bonne idée mais il commence à se faire tard et je ne tarde pas à exprimer mon épuisement. Il est prévu que je dorme dans le canapé du salon, je m’installe danc sur mon lit improvisé et leur demande juste de baisser un peu la musique. Dany et Richard resteront jusqu’à 3h30 à discuter et écouter de la musique dans le salon, à quelques mètres de moi. Pas facile de trouver le sommeil dans ces conditions... Enfin, je m’endors une fois la maison calmée.

Eve-Laure

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