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Départ en croisière

Le 22 avril 2005,

Transport local
Transport local

Nous nous apprêtons à quitter notre petit coin de paradis ce matin...Dur !! Nous serions bien restés quelques jours de plus ici. Mais nous avons hâte aussi d’entamer notre croisière de 3 jours jusqu’à Flores !

Le petit déjeuner pris et les sacs faits, nous partons en cidomo (les fameuses charrettes tirées par des chevaux) jusqu’à l’embarcadère. Un gars de l’agence nous attend et sera notre guide jusqu’à ce que nous montions dans le bateau. Pour une fois que c’est bien organisé ! C’est agréable de se laisser porter sans se demander toutes les 5 mn. si c’est le bon bus ou le bon bateau que nous avons pris..

Embarcadere
Embarcadere

Après 20 mn de bateau qui nous ramène sur l’île de Lombok, nous partons en bus jusqu’à Mataram, la capitale de l’île. Nous ne longeons pas la côte cette fois, nous coupons par le centre de l’île, à travers la forêt. Cet itinéraire nous permet d’apprécier un paysage différent. Nous croisons même sur la route une quantité impressionnante de singes qui nous regardent nonchalamment. Ils ne sont pas très farouches !

Arrivés à Mataram, reconnaissable par ses feux de circulation qui n’existent nulle part ailleurs sur l’île, nous changeons de bus afin de rejoindre les autres passagers du bateau. Nous serons environ une douzaine de touristes à voyager ensemble, nous ne sommes pas trop nombreux, c’est bien. Dire que le bateau peut contenir jusqu’à 40 passagers ! Nous devons traverser toute l’île afin de rejoindre l’embarcadère, la route est longue. Toutefois les scènes de rue que nous pouvons apercevoir de notre fenêtre lors de notre passage dans des petits villages, sont fort distrayantes. C’est l’anniversaire du prophète Mahomet aujourd’hui et tous les musulmans se précipitent dans les mosquées pour prier. Ils sont tous coiffés de leur chapeau traditionnel et nous disent bonjour en passant. Les femmes ont l’air moins concernées par cette fête et continuent leurs tâches quotidiennes tranquillement.

Notre coquille de noix
Notre coquille de noix

Enfin, nous arrivons à l’embarcadère et découvrons notre bateau. C’est un petit bateau en bois, mignon mais assez ancien, qui ressemble un peu à celui que nous avions pris pour la baie d’Along au Vietnam, mais en moins bien. Le pont, qui nous servira de salle à manger, n’est constitué que de bancs assez sommaires et nos cabines sont de véritables cellules, sans salle de bain bien sûr. Mais ce n’est pas très grave, nous ne serons pas souvent sur le bateau de toute façon et c’est bien suffisant pour dormir ! Et puis nous avons une cabine, certains passagers ont choisi de dormir sur le pont ! Par contre, les conditions de sécurité sont plutôt précaires...Il n’y a aucun extincteur d’incendie, le canot de sauvetage ne peut pas contenir plus de 6 personnes à la fois...Les normes indonésiennes quoi ! Ceci dit, nous ne nous éloignons jamais trop des côtes non plus et ils ont au moins une radio !

Nous déjeunons sur le bateau, puis effectuons notre première escale sur une petite île abandonnée où la seule marque d’une présence humaine ici est représentée par une petite cabane en bois et un filet de volley-ball accroché entre deux arbres. Cette petite île est vraiment mignonne !

Armés de notre masque et de notre tuba, nous partons explorer les fonds marins des alentours. Le corail est splendide et les poissons qui le peuplent sont de toute beauté. Nous faisons même la connaissance d’un nemo et de toute sa famille !! Soudain, nous sommes pris dans un courant qui nous fait avancer sans que nous n’ayons le moindre effort à fournir. Nous vérifions de temps en temps que le courant ne nous emmène pas au large car sans palme, nous aurions du mal à revenir...Non, il nous fait tranquillement tourner autour de l’île en suivant la barrière de corail. Nous nous laissons donc aller et profitons de ce magnifique spectacle qui défile sous nos yeux. Le temps passe vite et ça fait déjà un bon moment que nous sommes sous l’eau, nous décidons donc de regagner le rivage de l’île. C’est là que ça se gâte...Rapidement, alors que le rivage est encore loin, nous nous retrouvons avec 10 cm d’eau (donc impossible de nager) et un sol couvert d’oursins et de coraux coupants (impossible de marcher pieds nus) ! Nous revenons au large et essayons de passer un peu plus loin, sans succès...De plus, lorsque nous nous trouvons dans une eau peu profonde, les vagues se fracassant sur le sol nous font basculer sur les coraux aiguisés, provoquant quelques coupures sur les bras et les jambes. Je ne vois pas du tout comment nous allons nous en sortir. Rebrousser chemin à la nage est impossible à cause du courant .La panique commence à m’étreindre doucement. Je suis fatiguée de nager et je sens quelques crampes tenaces venir. Une belle me fait d’ailleurs hurler de douleur, mais finit par disparaître comme elle est venue. Nous faisons de grands signes au bateau et aux personnes restées sur la plage mais personne n’a l’air de réagir. Ils vont bien finir par s’inquiéter quand même ! Ils me paraissent tellement loin de nous. J’essaie de rester calme, mais ça devient de plus en plus difficile, surtout qu’on ne peut pas se reposer, même lorsque nous avons pied, à cause des vagues qui nous ballottent dans tous les sens et nous projettent contre les récifs. Le soir commence à tomber et mon angoisse de ne pas nous retrouver avant la nuit ne cesse de grandir.

Enfin, nous trouvons un coin sans oursin. Nous nous aventurons un peu sur les coraux, mais nous n’allons pas bien loin de peur d’avoir rapidement les pieds en sang. Toutefois, en équilibre sur deux coraux à peu près lisses, nous pouvons nous reposer. Nous agitons frénétiquement les bras en guise d’appel au secours et, au bout d’un temps qui nous paraît durer une éternité, nous voyons enfin le canot se diriger vers nous. Nous sommes sauvés !! J’utilise mes dernières forces pour nager jusqu’ à lui, mais les matelots sont obligés de me tirer à deux afin de me hisser dans le canot. Ils nous accueillent en rigolant comme si c’était une bonne blague ! Même si je commence à savoir que les Asiatiques prennent à la rigolade toutes les situations afin de dédramatiser l’atmosphère, je ne peux m’empêcher de leur dire que je ne trouve pas ça drôle du tout ! Une fois sur le bateau, la pression retombe et je me mets à éclater en sanglots sans pouvoir m’arrêter. Michaël me console comme il peut et les deux matelots ne rient plus du tout du coup ! J’ai eu bien peur et ça me fait du bien de me laisser aller maintenant.

Ils nous débarquent sur la plage où sont en train de se dorer au soleil les autres passagers. Un Français vient vers moi pour me demander si ça va. Encore un peu tremblante, je lui réponds que j’ai eu bien peur. Il nous dit alors que ça faisait un moment qu’il disait à notre guide que nous avions l’air d’avoir des problèmes mais que ce dernier lui assurait qu’il n’y avait pas à s’inquiéter...Ben voyons ! Ca faisait juste une heure que nous appelions à l’aide ! Le Français est marin et il s’est bien douté qu’avec ce courant, nous risquions d’être emportés assez loin ; il nous surveillait donc du coin de l’œil. Heureusement qu’il était là, nous aurions pu poireauter un moment sans lui ! Je trouve ça grave que notre guide ne nous ait pas prévenus des courants d’une part, et qu’il n’y avait pas de sable sur le reste de l’île, uniquement des coraux, d’autre part. Nous aurions pu gravement nous couper sur les récifs vu la force de certaines vagues...Michaël s’est d’ailleurs bien entaillé le petit doigt de pied !

On se pose un peu
On se pose un peu

Je décompresse tranquillement, couchée sur le sable tandis que Michaël préfère se changer les idées avec une bonne partie de volley-ball sur la plage, entre quelques autres touristes et certains membres de l’équipage. Nous en profitons pour faire la connaissance des touristes qui nous accompagnent. Nous accrochons particulièrement avec un couple de Français d’une soixantaine d’années (dont le mari est marin) Marie et Robert, avec un couple de Québécois Félix et Karine qui parlent français également et un autre de Hollandais. Globalement, tout le monde est sympa et nous avons de la chance de partager ces trois jours avec des personnes que nous apprécions ! Nous aurions pu mal tomber et la croisière aurait été un peu gâchée du coup. Vivre à 12 personnes dans un endroit aussi exigu que ce bateau n’est pas forcément évident. Je ne veux même pas imaginer ce que ça donnerait si nous étions 40 !

A la nuit tombée, nous nous regroupons tous autour d’un feu qui a été allumé sur la plage et sur lequel sont en train de griller de belles tranches de thon ! Mmmh, c’est appétissant. Nous dévorons avec appétit ce bon dîner à la belle étoile. Ca creuse, les émotions ! Les matelots nous chantent quelques chansons de leur cru, accompagnés de quelques basiques instruments de musique (guitare, tam-tam et bouteille de verre) et nous encouragent à chanter à notre tour des airs connus de nos pays respectifs, mais ils n’ont pas beaucoup de succès... Ils sont tombés sur de piètres chanteurs ou de grands timides ! Ils continuent néanmoins de nous charmer avec leur musique. Je m’éclipse un peu afin de me retrouver seule et de pouvoir m’évader un instant par l’esprit. Je pense aux magnifiques moments que je vis depuis que nous sommes partis, aux difficiles situations également...J’essaie de repenser à la façon dont j’ai réagi face aux événements un peu rudes. J’imagine l’avenir...Bref, ce genre d’instant est propice à la rêvasserie : être assise au bord de l’eau à admirer la pleine lune qui illumine le ciel et à écouter des chants d’ailleurs, exotiques et si familiers à la fois, qui me bercent l’âme...

Je retourne auprès du feu au moment où les danses commencent. Les matelots nous enchaînent des sortes de Madison avec une dextérité impressionnante. Il est impossible de les suivre ! Après les avoir applaudis à tout rompre, il est temps de repartir sur le bateau pour se coucher. Une fois dans nos cabines, le bateau largue les amarres et nous voilà partis vers Sumbawa. La mer est houleuse et ça tangue pas mal. Espérons que nous n’aurons pas trop de mal à dormir !

Eve-Laure

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