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La Waterfall Way

Le 30 mai 2005,

Nous nous réveillons de nouveau gelés ce matin, la température n’ayant pas grimpé malheureusement ! Je ne sais pas si c’est dû au fait de m’être trop recroquevillée cette nuit, mais je me lève avec un beau torticolis ce matin. La journée commence bien ! Michaël allume le moteur du van, comme hier, afin de nous donner un peu d’air chaud, et nous nous dépêchons de boire notre thé brûlant !

Une fois prêts, nous partons admirer les couleurs automnales de cette charmante petite ville qu’est Armidale. Les mignons petits pavillons de cette bourgade me ramènent encore une fois chez moi, dans la maison de mes parents... Je me dis que j’aimerais bien me retrouver à côté d’une belle cheminée, me réchauffant de ses flammes, entourée de ma famille, et regarder les feuilles d’automne tomber par la fenêtre, tout en restant bien au chaud à l’intérieur... plutôt que de me cailler dans ce van !! Ce n’est pas de tout repos un tour du monde, quand même...

Gorges de Gara
Gorges de Gara

Aujourd’hui, notre journée est consacrée à la visite de parcs nationaux inscrits au Patrimoine mondial. Ils se situent le long de la "Waterfall Way" (route des cascades) qui part d’Armidale. Nous l’empruntons donc afin de découvrir ces merveilles. Nous commençons par aller jusqu’aux gorges de Gara en empruntant un chemin de terre non goudronné durant plusieurs kms. Nous serions plus à l’aise en 4x4 sur ce genre de route, notre van n’est pas vraiment équipé... Nous admirons un mignon petit lac scintillant aux premières lueurs du soleil. Un tapis de fleurs rouges le recouvre entièrement, lui donnant un joli air champêtre. Nous n’avons pas le courage d’affronter les 5kms de randonnée nécessaires pour admirer les gorges ; le froid glacial nous fait rebrousser chemin, bien au chaud dans le van...

Acces aux gorges de Dangars
Acces aux gorges de Dangars

Nous continuons avec les Dangars Falls. Ces chutes d’eau doivent être impressionnantes en saison humide, mais elles sont malheureusement totalement asséchées à l’heure actuelle. Les superbes gorges n’en sont pas moins spectaculaires cependant ! Nous sommes les seuls touristes sur les lieux (vu l’heure matinale, ce n’est pas étonnant...) et nous pouvons entendre le bruit de nos pas se répercuter en écho dans cette immensité ! Les cris des gigantesques oiseaux matinaux sont amplifiés par la résonance des lieux, j’en suis émerveillée ! Nous croisons quelques wallabies de rocher, plus sauvages, plus timides que leurs cousins du parc Kakadu. Une épaisse fourrure les protège heureusement de ce froid de canard... Ce contact avec la nature m’enchante et je serais aux anges sans ces grilles nous barricadant dans un chemin tout tracé !!

Gorges de Dangars
Gorges de Dangars

Nous reprenons ensuite la "Waterfall Way" et nous arrêtons aux chutes de Wollombi qui sont également asséchées. Nous ne sommes vraiment pas à la bonne saison pour les cascades ! Cette fois, le paysage ne nous enchante guère... Un peu déçus, nous essayons de reprendre force et vitalité lors du déjeuner. Mon torticolis ne s’arrange pas, je ne peux malheureusement pas remplacer Michaël au volant, j’arrive à peine à bouger mon cou ! Il est donc obligé de se taper la route tout seul... Notre prochain et dernier arrêt : les chutes d’Ebor. Espérons qu’elles nous plairont un peu plus ! Nous sommes récompensés puisqu’il y a bien de l’eau dans celles-ci. Nous pouvons admirer une belle cascade à plusieurs niveaux qui se jette dans une belle forêt humide. C’est magnifique !

chutes d’Ebor
chutes d’Ebor

Nous filons ensuite vers la petite localité de Dorrigo connue pour sa forêt humide que nous n’aurons pas le temps de visiter cette fois-ci. La route pour y aller est superbe et nous fait penser aux belles prairies montagnardes suisses ! Des vaches noires paissent dans les prés, des canards sauvages s’amusent dans les rivières et de beaux moutons attendent leur berger. Enfin, nous atteignons l’autoroute qui suit la côte jusqu’à Sydney. Les températures ont, en effet, l’air d’être plus douces ici. Nous filons vers Port Marcquarie afin d’effectuer le plus de distance possible avant la nuit. Notre timing est plutôt serré puisque nous devons rendre le van le 4 juin à Sydney et que nous devons encore passer par les Blues Montains au préalable ! La fatigue a raison de Michaël et nous décidons de nous arrêter plus tôt que prévu. Nous bifurquons vers South West Rocks, une petite localité à l’atmosphère détendue. Nous avons juste le temps d’atteindre le bord de mer afin d’admirer les couleurs rosées du soleil couchant illuminer le ciel et l’océan. Nous nous installons au bord des rochers et regardons les vagues se fracasser sur le rivage. Ca fait du bien de revoir la mer ! Par contre, je n’irai pas tremper mon doigt de pied, elle doit être beaucoup trop fraîche ! Peu importe, l’admirer me suffit amplement...

Avant de nous installer dans le camping, nous décidons de passer à la taverne du coin afin de prendre un pot. Moi qui m’imaginais entrer dans un vieux pub datant des années 50 aux allures de vieux western, je suis bien déçue ! L’établissement est flambant neuf et ne possède aucun caractère. Il me fait penser à un de ces grands pubs branchés que nous pouvons avoir dans la région parisienne, étincelant, mais sans âme... Nous buvons tout de même notre bière tout en tergiversant sur nos ressentis de l’Australie. Notre opinion est assez mitigée sur ce sujet, il faut bien le dire. Nous attendions beaucoup de ce grand pays, peut-être parce que nous avions pensé nous y installer un jour, mais nous sommes plutôt déçus en fin de compte. La nature et les paysages sont incontestablement inoubliables, c’est certain... ainsi que les espèces d’animaux, plus étranges les uns que les autres... Mais l’Australie reste un pays jeune, pauvre d’un point de vue historique. Dans des continents comme l’Europe et l’Asie, l’héritage culturel s’est construit au fil des années de manière naturelle et on peut trouver, dans chaque bourg ou village, un mythe ou une légende qui date du Moyen-Age ou de l’Antiquité. Toute nouveauté artistique (cuisine, musique, littérature, peinture...) s’appuie sur l’expérience du passé propre à chaque région et donne ainsi un résultat unique et authentique qui apporte une identité aux habitants. (Je suis fière d’être normande !).

En Australie, en revanche, les habitants ne sont là que depuis quelques générations, voire une ou deux seulement pour une bonne partie. Leur provenance est très variée. Ils ont donc été déracinés pour la plupart et, même si quelques communautés se réfugient derrière un semblant d’identité locale (comme le village fondé par des Ecossais que nous avons traversé il y a quelques jours, qui se revendique celtique... en érigeant de faux menhirs !), l’identité nationale n’existe pas vraiment et tout semble un peu artificiel. Nous avons traversé une région qui se targue d’être le berceau de la culture viticole du pays, mais les pieds de vigne sont importés de France et la plupart des Australiens reconnaissent le vin comme une bonne boisson de beuverie ! Les vieilles maisons datant de 1920 sont toutes mignonnes, mais font plutôt carton-pâte à côté de nos beaux immeubles hausmanniens ! Leur nourriture est principalement constituée de sandwiches, hamburgers ou steaks frites (qui sont de très belle taille cependant !) mais ils ne possèdent pas vraiment de spécialité culinaire qui leur soit propre.

L’aspect culturel et historique de leur nation n’est pas très importante, à cause de la "récente" colonisation du continent. Ils se rattrapent donc en parlant de la culture aborigène comme nous parlons de celle de nos druides. Ce qui me choque, c’est qu’ils en parlent comme si ce peuple n’existait plus et qu’il ne s’agissait que d’une légende ! Ils sont encore des milliers à être relégués au fin fond du bush en ne demandant qu’à être écoutés ! De plus, dès que nous essayons d’amener la conversation sur ce sujet avec des Australiens, nous les sentons mal à l’aise et ils essaient par tous les moyens de parler d’autre chose ! Ils ne veulent même pas discuter du peu d’histoire qu’ils ont vécue (certes, ce n’est pas glorieux, mais nous ne sommes pas vraiment mieux de ce côté-ci...). Leur manière d’essayer de contrôler la nature en faisant des parcs nationaux à tout bout de champ, possède de nombreux avantages comme la protection des sites, des animaux et des végétaux, mais quel besoin ont-ils de tout clôturer en nous donnant cette impression de nous retrouver en cage ? Pour moi, l’Australie manque de maturité encore et ses installations à la Center Parc ne me conviennent pas du tout. Tout me semble artificiel et sans âme !

Nous attendons notre visite de Sydney avec impatience. Etant donné que plus de la moitié de la population australienne vit dans les quatre plus grandes villes du pays, nous ne pouvons pas encore nous forger une opinion définitive sur l’Australie sans avoir vu une de ces grandes cités... En tout cas, pour le moment, ce pays m’a comblée pour ses beautés naturelles, mais déçue quant à sa civilisation. Après avoir bien échangé durant plus d’une heure, Michaël et moi, devant notre bière, nous essayons l’alcootest électronique qui se trouve dans le bar. Avec une pinte, Michaël est déjà hors limite ! C’est tout juste si l’engin ne fait pas marcher sa sirène pour nous prévenir que c’est dangereux de conduire dans cet état ! C’est donc moi qui ramène le van au camping. Nous nous préparons une bonne purée maison avec un gros steak et tout le monde au lit ! Il fait nettement moins froid que ces jours derniers, la nuit devrait être meilleure !

Michaël , Eve-Laure

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