Le 16 août 2005,

Je ne me réveille pas très en forme ce matin. Ma nausée d’hier soir ne m’a pas quittée et je ne me sens vraiment pas d’attaque aujourd’hui. Nous décidons pourtant d’aller visiter le nord de cette magnifique île et je reviendrai en bateau si ma santé ne suit pas.

Petit port au sud de l’île

Nous descendons donc le bel escalier inca qui mène jusqu’au petit port de Yumani, afin de prendre le ferry qui nous conduira jusqu’au nord de l’île. Une fois sur place, on nous apprend qu’aucun ferry ne va là-bas et que la seule solution est de louer un bateau privé. Seulement voilà, le prix du bateau est fixe quel que soit le nombre de passagers et nous ne sommes malheureusement que deux à vouloir y aller... Après de multiples négociations, nous tombons d’accord sur un tarif et montons à bord d’un beau yacht pour nous tout seuls... Nous apprendrons plus tard qu’on nous a menti et qu’il existait bien un ferry beaucoup moins cher ! Nous nous sommes fait avoir comme des bleus sur ce coup-là... Bah, l’essentiel, c’est d’arriver à destination !

Porteuses de pierres...

Nous naviguons bien durant presque une heure pour arriver à l’autre bout de l’île. Nous croisons l’Isla de la Luna (île de la lune), un beau petit îlot perdu au milieu du lac. Les paysages sont véritablement incroyables ici ! Nous accostons à Cha’llapampa, un petit village situé sur un isthme étroit. Nous visitons le petit musée du village qui regroupe les objets mis à jour en 1992 à Marka Pampa, un site archéologique à 8 mètres sous l’eau du lac Titicaca. La population locale l’appelle « la cité engloutie » en référence à la légende selon laquelle une ville et un temple se dressaient au milieu du lac lorsque le niveau de l’eau était plus bas. Des coffres en pierre savamment sculptés et parfaitement scellés contenant plusieurs objets en or massif ont été découverts sur le site sous-marin. Des fouilles complémentaires ont permis de mettre à jour un imposant temple en pierre, un réseau de sentiers ainsi qu’un mur d’enceinte, le tout à 8 mètres de profondeur. Le mystère reste entier et les recherches se poursuivent...

Briques en adobe séchant au soleil

Nous traversons ensuite ce village afin de nous rendre au site archéologique de Chincana qui se situe près de la pointe nord de l’île, au sommet d’une colline. Nous revoilà donc en train de grimper... Nous y allons doucement afin de ne pas trop nous essouffler ! Des femmes portant de lourds sacs de pierres nous accompagnent dans notre ascension. Des habitants de l’île sont en train de se construire de petites maisons et visiblement toute la population locale donne un coup de main... Quelle belle entraide ! Les véhicules à moteur n’existant pas sur l’île, les matériaux doivent être portés à dos d’homme ! Et dire qu’il n’existe pas de chemin plat sur cette île... Les pauvres !

En chemin, nous tombons sur un étrange rocher sculpté qui se dresse au milieu d’un champ. Cette pierre sacrée était, selon les théories, un billot d’exécution pour les malfaiteurs ou une huaca (pierre permettant d’appeler la pluie). Aujourd’hui, elle sert surtout de table de pique-nique pour les touristes ! Après une bonne heure de montée en pente douce, nous arrivons aux ruines de Chincana, vestiges archéologiques plutôt importants. Un véritable labyrinthe de murets en pierre et de portes minuscules surplombe une ravissante plage léchée par les eaux bleues du lac. Nous nous reposons quelques instants au milieu des ruines avant d’entamer notre longue randonnée qui nous ramènera à Yumani. En effet, je me sens d’attaque pour traverser l’île à pied finalement. Il paraît que ça ne dure que trois heures...

Labyrinthe de l’Inca

La route traverse l’île en passant par sa crête, offrant ainsi de superbes perspectives sur les deux côtés de l’île. Malgré ces superbes paysages, je trouve la randonnée plutôt difficile... Nous n’arrêtons pas de monter ! Je respire difficilement et me fatigue plutôt rapidement... Alors que je suis en train d’essayer de calmer ma respiration qui s’emballe, un Hollandais me propose un bonbon à la coca afin que je puisse mieux respirer. L’effet est immédiat ! Du coup, nous entreprenons la fin de la randonnée avec lui et son amie, tout en discutant de voyages et de liberté. Le temps passe plus vite ainsi... Après de multiples pauses, nous arrivons enfin à notre hôtel, beaucoup plus tard que prévu et complètement harassés.

Après une petit heure de repos, nous retrouvons nos deux Hollandais afin de dîner ensemble. Ils tiennent absolument à essayer un restaurant qui se trouve en contrebas de là où nous nous trouvons. Je les suis à contrecœur, n’ayant aucune envie de devoir à nouveau monter une pente à pic afin de retourner à l’hôtel ! Je suis bien trop fatiguée... De plus, ledit restaurant ne sert pas à manger ce soir pour une raison qui nous échappe ! Nous avons donc fait tout ce chemin pour rien !! Nous remontons donc péniblement en direction de notre hôtel afin de trouver un restaurant à proximité. L’ascension me paraît vraiment difficile et je peine à arriver jusqu’en haut ! J’en ai marre de monter... Je m’écroule finalement sur une chaise d’un petit restaurant sur la crête de l’île, à deux pas de notre hôtel ! Le dîner est servi beaucoup plus rapidement qu’hier et a le mérite d’être plutôt bon... Nos deux amis étant protestants, nous discutons beaucoup de religion durant le repas, échangeant nos points de vue parfois radicalement opposés... Aussitôt le dîner fini, nous tombons dans nos lits, au bout de nos forces.

Eve-Laure