Accueil > Tour du monde > Carnet de route > Le Laos > Vol pour Vientiane
Vol pour Vientiane

Le 26 janvier 2005,

Notre avion ne decolle qu’a 19h30 ce soir, nous avons le temps de visiter encore un peu Luang Prabang. Mon moral est un peu retombe aujourd’hui. J’ai des courbatures dans les bras, des bleus et des cloques sur les mains a cause des bequilles. Il faut le temps que je m’y habitue, mais en attendant je peine a me deplacer.

Nous nous installons dans le jardin du vieux palais de Luang Prabang, le temps que je reprenne des forces. Une femme laotienne de 35-40 ans m’aborde en francais et me demande ce qu’il s’est passe pour mon pied. Je lui raconte l’accident bete et nous nous mettons a discuter tous les trois. Elle nous apprend qu’elle a etudie le francais a Luang Prabang dans son ecole et que meme les cours de geographie, d’histoire et de mathematiques se deroulaient en francais. C’est pourquoi elle parle si bien cette langue qui est pourtant bien eloignee du lao... Elle donne a son tour quelques cours de francais a des eleves et nous demande de lui envoyer un livre de grammaire francaise afin d’avoir un support pour ses cours etant donne qu’elle n’en trouve pas ici.

Malgre son sourire, elle a quelque chose de triste dans le regard qui la rend vraiment touchante. Nous apprenons bientot la cause de sa tristesse. La banque de Luang Prabang dans laquelle elle a mis tout son argent depuis qu’elle est petite, lui a vole une partie de ses economies ! Plus exactement, une autre personne ayant le meme nom qu’elle, a debite une certaine somme sur son compte. Elle est persuadee que c’est la banque qui est derriere tout ca ! Et les employes ne veulent rien entendre... Malheureusement, c’est une banque gouvernementale et avec le regime communiste qui regit au Laos, elle n’a pas beaucoup de recours. Si elle fait un scandale a la banque, des policiers vont arriver en trombe et l’envoyer directement en prison. Et si elle va porter plainte a la police, elle sait pertinemment que ca ne servirait a rien et qu’ils la traiteraient de menteuse ce qui lui ferait courir de gros risques. D’ailleurs, en nous racontant son histoire, elle nous parle a voix basse, d’un air embarrasse, en regardant sans cesse derriere elle pour voir si quelqu’un nous ecoute... Ce regime communiste entretient cette atmosphere de peur et de corruption. Je suis bouleversee pour elle et revoltee qu’on puisse voler de l’argent impunement a cette pauvre femme qui a travaille dur toute sa vie pour le gagner. Elle finit son discours en pleurant et en s’excusant d’etre venue nous importuner !! La seule chose qu’elle peut faire, nous explique-t-elle, c’est de prevenir tout le monde de ne pas mettre d’argent dans cette banque. Elle veut eviter que la meme chose ne se reproduise pour quelqu’un d’autre... La pauvre ! Je suis completement retournee par son histoire !

Une petite Laotienne rencontree dans un tuk-tuk
Une petite Laotienne rencontree dans un tuk-tuk

Nous nous changeons les idees en allant visiter le musee du palais royal. Heureusement, la galerie ne se situe qu’au rez-de-chaussee ; pas d’escalier a monter, c’est cool ! Nous visitons la salle du trone du roi, la chambre a coucher de la reine et celle du roi (chacun a sa chambre, attention !) et la salle a manger royale. Le mobilier est en chene, d’allure royale, mais toutefois assez sobre. Les pieces ne sont ni clinquantes, ni parees de dorure comme nous avons pu en voir dans d’autres pays comme la Thailande ou meme au chateau de Versailles a Paris. Personnellement, je prefere ce style de mobilier, plus modeste peut-etre, mais tout aussi beau a mon gout.

Apres avoir dejeune dans un bon petit restaurant de delicieux nems accompagnes d’une salade au poulet, il est temps a present de dire au-revoir a Luang Prabang et de partir pour l’aeroport. Comme l’agence nous l’avait conseille, nous arrivons 2 heures en avance, le temps d’enregistrer les bagages et tout le tintouin... A peine arrives a l’enregistrement, le personnel m’amene une chaise roulante dnas laquelle je peux m’installer confortablement (cool, je commencais a etre fatiguee !). On nous prend en charge completement, nous n’avons quasiment rien a faire. Les verifications des passeports sont expedies et on ne nous demande meme pas de passer nos sacs a main aux rayons X. Ca a du bon d’etre handicapee ! Je pourrais cacher une arme dans mon sac a main et je serais monter dans l’avion sans probleme tout ca parce que je suis dans un fauteuil roulant ! C’est rassurant... Michael s’amuse a me "garer" dans un coin de l’aeroport le temps d’aller voir une boutique ou d’aller chercher a boire. Je ne peux pas me deplacer toute seule avec cette chaise roulante, je deteste cette sensation d’etre completement dependante de quelqu’un ! En tous cas, ca fait beaucoup rire Michael qui m’appelle "son petit boulet" !

A un moment donne, un steward nous demande si nous voulons prendre l’avion qui decolle dans 10 min puisqu’il reste de la place. Bien sur que nous voulons ! Il s’occupe de nous changer notre carte d’embarquement et de transferer nos bagages, genial ! Ca a vraiment du bon d’etre handicapee ! Je monte la premiere dans l’avion (derniere arrivee, premiere servie !), mais Michael est quand meme oblige de me porter pour monter dans l’avion, les escaliers ne pouvant etre montes avec des bequilles... Tout n’est pas prevu pour les handicapes ici ! Le trajet jusqu’a Vientiane est extremement rapide et nous atterrissons 20 min plus tard dans la capitale du Laos. Un fauteuil roulant m’attend a la descente de l’avion et, apres avoir recupere nos bagages, on me conduit jusqu’a un taxi, les formalites administratives etant reduites a zero.

Nous arrivons a une guest-house tres belle, decoree avec soins a l’aide de mobilier en tek. Seul probleme, leurs chambres sont au premier etage sans ascenseur ! Les escaliers sont assez raides et Michael est a nouveau oblige de me porter pour arriver jusqu’en haut. Le pauvre, il commence vraiment a fatiguer ! Gerer nos deux sacs a dos enormes, plus moi de temps en temps, ca fait beaucoup ! Je sens qu’il est a bout de force ! Il ne faudrait pas qu’il se fasse mal quelque part a son tour ! Malheureusement, il faut bien qu’on redescende ces fameux escaliers pour aller manger. Pour l’epargner cette fois, je decide de les descendre sur les fesses. Je nettoie les marches en meme temps avec mon pantalon, mais c’est moins fatiguant pour tout le monde ! Le diner est delicieux et nous nous regalons tous les deux de ce tres bon repas accompagne d’une biere lao pour nous remettre de nos emotions ! Je remonte l’escalier, comme je l’ai descendu, sur les fesses en me hissant sur les bras. Je vais devenir super musclee des bras avec tout ca !

Eve-Laure

Site réalisé avec SPIP
Design et Contenu © 2004-2007 : Eve-Laure et Michaël