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Vers Battambang

Le 18 février 2005,

Apres avoir passe la nuit a Sa Kaew, nous arrivons en bus a Aranya Prathet, ville thailandaise qui fait face a Poipet au Cambodge. Un tuk-tuk nous permet de franchir les quatre derniers kilometres jusqu’a la frontiere. Nous traversons d’immenses marches, lieux d’echanges intenses entre Thailandais et Cambodgiens.

A peine arrives, nous sommes accueillis par un enfant qui mendie en gemissant, un honme "de bonne volonte" desireux de nous aider a remplir les formulaires pour l’obtention d’un visa et des chauffeurs qui veulent nous offrir leurs services pour nous conduire dans une grande ville cambodgienne. Nous n’avions pas ete autant sollicites depuis l’Inde !

Charges des romans, guides, et lotions anti-moustiques que les parents d’Eve-Laure nous ont gentillement apportes de France, nos sacs a dos pesent maintenant une tonne. Avec le poids du monde sur le dos, ruisselants de sueur sous un soleil de plomb, nous nous dirigeons vers le poste frontiere thailandais afin de faire tamponner la sortie du territoire sur nos passeports. Nous croisons camions, pick-up, charettes a bras tires par des hommes, porteurs charges de diverses marchandises.

Apres avoir patiente une vingtaine de minutes, nous repoussons les avances d’un opportuniste remplisseur de demande de visa, evitant ainsi de payer une commission inutile. Nous nous dirigeons donc de nous-memes vers le bureau des visas cambodgiens et apres avoir attendu dix minutes et fourni une photo d’identite et mille bahts chacun, nous admirons un nouveau trophee sur notre passeport ! Nous franchissons une grande porte qui nous souhaite la bienvenue au royaume du Cambodge et nous arretons pour dejeuner a cinquante metres de la dans un snack situe entre deux casions ultra-modernes de Poipet. Curieux, nous visitons l’un d’entre eux a tour de role : machines a sous, tierces informatises, roulettes electroniques sans croupiers. La proprete, la fraicheur, et l’atmosphere du lieu tranchent violemment avec le reste de la ville, sa poussiere, sa chaleur et ses mendiants.

Nous repartons a travers la ville, mais devons faire la queue une troisieme fois pour faire tamponner nos passeports a l’immigration. L’absurdite administrative et la sensation de frontiere artificielle me font tiquer. A peine sortis de ce troisieme bureau, nous sommes assaillis par une horde de chauffeurs de pick-up prets a nous accueillir dans leur engin pour continuer notre route. Le serveur du snack nous avait parle de ces pick-up et indique un tarif de cent bahts par personne a l’interieur de la cabine et cinquante bahts a l’exterieur, pour la ville de Battambang. Apres une feroce negociation, nous n’arrivons pas a descendre en-dessous de cent cinquante bahts pour la cabine. Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises : apres avoir charges nos sacs dans le vehicule, notre chauffeur nous apprend que nous voyagerons a deux sur le siege passager, car tout le siege arriere a ete loue pour quatre personnes ! Excedes, nous recuperons nos sacs et nous eloignons. Un policier motard flegmatique, un demi-sourire accroche au visage, s’approche alors de nous. Il a observe la scene depuis le debut et propose de nous escorter jusqu’a une "station" de pick-up situee plus loin dans la ville. Nous grimpons dans un tuk-tuk qui suit notre motard. La realite de la frontiere thailando-cambodgienne qui ne me semble plus si artificielle, me saute au visage. La difference de niveau de vie est flagrante pour deux villes separees de quelques kilometres. Les rues ne sont que chemins de terre et les habitations cahutes miserables ou batiments coloniaux non entretenus. J’apercois un homme qui a perdu ses deux mains, surement un cadeau empoisonne offert par les tristement celebres Khmers Rouges qui ont mine une bonne partie du pays.

Nous arrivons dans une rue ou des dizaines de pick-up charges de marchandises et de voyageurs sont prets a partir. Aucun occidental a l’horizon. Nous reussissons a obtenir deux places en cabine pour le tarif souhaite. Notre motard nous demande un pourboire. Normalement, nous aurions refuse, car il travaille pour le gouvernement et le service rendu fait partie de sa mission mais c’est demande avec une telle gentillesse et simplicite ! Et puis, nous savons que les policiers sont tres peu payes et qu’il ont besoin de ce genre de "depannage" pour vivre. C’est quand meme mieux que la corruption avec la mafia locale... Nous apprenons avec effroi, qu’ici aussi nous serons quatre sur la banquette arriere avec deux autres personnes sur le siege passager ! Inutile de preciser qu’avec mon metre quatre ving dix et le metre soixante dix sept d’Eve-Laure dans une voiture japonaise concue pour des mensurations asiatiques, nous risquons de souffrir ! Pour couronner le tout, la route nationale n’a pas ete refaite depuis plusieurs annees : le macadam est truffe de nids d’elephants et disparait presque completement a certains endroits. Nous faisons meme un detour sur des chemins de terre a travers la campagne, pour contourner un pont delabre.

Apres deux heures et demie passes a discuter avec Eve-Laure et le fils de la famille qui partage le pick-up avec nous, je descends avec soulagement, le dos en compote. Nous repoussons dans un premier temps les rabatteurs qui nous accueillent a Battambang pour nous diriger vers une clinique afin de faire don des bequilles en tek d’Eve-Laure, devenues inutiles. Elles seront surement un peu grandes pour leur prochain proprietaire mais pourront facilement etre rabotees. Le medecin anglophone qui nous accueille est ravi que nous ne lui reclamions pas d’argent en echange et nous assure qu’elles seront utiles a quelqu’un. Nous reprenons notre chemin vers les guest houses mais ayant du mal a nous reperer (toujours pas d’amelioration de ce cote la), nous acceptons de suivre un rabatteur jusqu’au Royal Hotel. Le personnel est charmant et nous louons une chambre spacieuse munie d’un ventilateur et d’une salle de bain propre pour la modique somme de 5$. De plus, le restaurant perche sur le toit nous offre un magnifique couche de soleil !

Michaël

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