Le 11 octobre 2007,

Je n’ai pas eu froid cette nuit dans la roulotte, j’ai même bien dormi avec ma couche de pulls et mon duvet.

Ce matin, nous avons une conférence de Dany sur les mammifères marins et plus spécifiquement sur les cétacés. Dany nous parle des cétacés à dents (dauphins, orques...) et ceux à fanons (rorquals, baleines franches, baleines grises...). J’apprends énormément durant cette présentation claire et instructive. Donnée par un passionné, cette conférence est d’autant plus intéressante : Nous apprenons à faire la différence entre un petit rorqual, un rorqual commun et un rorqual bleu (dite baleine bleue). Il ne reste plus qu’à les voir en vrai maintenant ! Ce n’est pas gagné vu le temps qu’il fait.

Je reste quelques temps dans le laboratoire, au chaud, à lire des livres sur les baleines à défaut de les apercevoir. Je m’enferme ensuite dans ma roulotte, en compagnie d’Aline, afin de me reposer un peu, le chauffage électrique à fond, nous permettant ainsi de ne pas claquer des dents. Soudain, Dany vient frapper à notre porte et nous annonce tranquillement qu’il part se faire une soirée privée, dans son chalet, avec Ilonka. Bon... Nous restons un peu interdites Aline et moi devant cette nouvelle. Non pas que leur histoire personnelle nous intéresse, mais plutôt qu’ils puissent nous laisser seules ici, Christa et moi, accompagnées d’Aline, la seule membre de l’équipe, à 18h du soir, alors qu’une tempête se prépare. Nous n’avons ni téléphone, ni voiture, ni aucun moyen de communication à notre actif en cas de problème majeur. Nous sommes quand même un peu perdues au milieu de la forêt !

Nous restons toutes un peu perplexes après le départ de Dany et d’Ilonka... Christa décide d’aller faire une tour sur la plage et Aline part de son côté, un peu perdue et décontenancée par la responsabilité qui lui incombe, alors qu’elle a à peine 19 ans. Je la comprends ! Moi-même, du haut de mes 28 ans, je n’aimerais pas être en charge de deux personnes, en pleine forêt, alors qu’une tempête se prépare. Elle comme moi ne sommes pas préparées, ni équipées pour ce genre de situation...

Bon, nous décidons de passer le temps en faisant la cuisine. Aline et moi préparons une pizza maison, suivie d’un dessert typiquement allemand dont Aline a le secret. Malgré notre bonne humeur retrouvée, je commence à m’inquiéter pour Christa qui est partie depuis longtemps sur la plage et qui n’est toujours pas rentrée. Il fait nuit noire à présent, je ne suis même pas sûre qu’elle possède une lampe de poche avec elle. Je fais part de mon inquiétude à Aline et nous décidons d’aller la chercher ensemble.

Nous fouillons le campement de fond en comble au cas où elle serait revenue sans que l’on ne s’en aperçoive, mais aucun signe de Christa. Le vent s’est levé et la pluie a redoublée, comme mon inquiétude... Nous nous munissons de lampes de poche et du numéro de téléphone de Dany, une cabine téléphonique publique se situant à quelques kilomètres du camp pourra éventuellement nous servir si on ne trouve pas Christa. Armées de nos bonnets, gants et blousons, nous nous apprêtons à braver la tempête à la recherche de notre amie, lorsque nous la voyons arriver, tout sourire, ne comprenant pas la raison de notre affolement... Bon, le principal, c’est que tout le monde soit sain et sauf.

Nous rentrons au chaud dans la tente cuisine alimentée par le poêle à bois que nous entretenons avec rigueur et attention, notre chauffage en dépend ! Nous reprenons donc notre préparation culinaire avec plus d’entrain cette fois, étant toutes ensembles réunies. Malgré le vent qui souffle dans la toile de la tente, l’ambiance entre nous est chaleureuse. Nous discutons de nos vies respectives. Christa fit beaucoup de de plongée sous-marine en été et du snowboard en hiver. Elle nous apprend aussi qu’elle adore faire des sauts périlleux dans l’eau du hait d’un promontoire. Elle a même sauté d’un hélicoptère à 17 mètres de hauteur... Chapeau ! Aline, quant à elle, fait partie d’une troupe d’acrobates dans ses heures de loisir. Quelles sportives ! Et quelles belles rencontres, c’est tellement enrichissant de faire la connaissance de personnes aux passions et à la vie différentes des nôtres.

Nous achevons notre soirée en jouant aux cartes puis nous allons nous coucher. Aline et moi continuons un bon moment à discuter, lumière éteinte, comme deux petites filles isolées et complices, cachées sous nos duvets, le vent violent faisant trembler la roulotte...

Eve-Laure