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Belle cascade et retour au bercail

Le 24 mai 2007,

Il y a eu une belle tempête cette nuit qui a grondé au-dessus de nos têtes. Une poule en a même lâché un œuf qui est tombé à dix centimètres de moi… Plus rien ne m’étonne ici. Michaël va mieux ce matin, mais ce n’est pas encore la grande forme. Il se sent toujours faible et ne peut quasiment rien avaler. Ca tombe bien pour notre guide qui nous annonce tranquillement ce matin qu’il n’y a plus rien à manger à part du riz ! Le riz sec au petit-déjeuner a un peu de mal à passer en ce qui me concerne. Je ne comprends pas qu’avec tout l’argent qu’on lui a donné pour l’excursion, il ose nous dire qu’il n’a plus de quoi acheter la moindre nourriture… Je ne me vois pas être au régime riz blanc matin, midi et soir jusqu’à demain soir ! J’ai déjà bien maigri et je manque clairement de vitamines…

Après discussion avec Michaël, nous décidons de finir l’excursion un jour plus tôt que prévu. Ca permettra à Michaël de se reposer un peu et de prendre des médicaments qui sont restés dans notre gros sac à dos à l’hôtel. Quant à moi, je mangerais à ma faim et serais libérée de toute cette fumée de cigarettes permanente que je ne supporte plus. Notre expérience chez les hommes fleurs a été intense mais très fatigante. Je suis vraiment contente de notre séjour chez les Mentawaïs, même si je l’ai peut-être trouvé un peu trop long à mon goût. Etant donné que tous les sentiers et chemins sont boueux autour de la maison, les habitants ne sortent de leur uma que par nécessité pour aller chercher des fruits, aller pêcher ou couper des bambous. Le reste du temps, ils restent dans leur hutte à fumer et à discuter. Du coup, les journées paraissent forcément traîner en longueur puisque nous ne comprenons rien à ce qu’ils racontent. Je pensais qu’on verrait plus leurs activités, mais en fait, ils font quasiment toutes leurs besognes le matin et se reposent l’après-midi.

Malgré tout, ce fut une expérience extrêmement enrichissante et qui nous a encore une fois, donné une belle leçon sur le sens de l’hospitalité et du partage. Les traditions mentawaïs perdurent malgré une volonté du gouvernement indonésien de les intégrer à notre civilisation. Ils risquent d’y être obligés un jour ou l’autre. Espérons que ça ne causera pas trop de dégâts pour leur peuple. La déforestation de leur territoire représente également un grand danger pour eux, il est vraiment urgent de tirer la sonnette d’alarme à ce sujet ! Ils veulent juste rester libres dans leur forêt, ils ne demandent rien d’autre… Rencontrer ces tribus a été un honneur pour moi et je les remercie de nous avoir accueilli si chaleureusement à chaque fois.

Nous nous arrangeons avec l’oncle de Korne pour qu’il puisse nous ramener en pom-pom (pirogue mentawaï à moteur) dès cet après-midi jusqu’à Muara Siberut, le village principal de l’île de Siberut où nous avons laissé toutes nos affaires. Auparavant, nous souhaitons quand même aller faire un tour à la cascade qui se trouve à côté d’ici. Korne nous y emmène et nous découvrons une très belle chute d’eau en plein milieu de la forêt. Avec la tempête de cette nuit, l’eau se déverse en rafale dans un grand bassin naturel. Nous sommes les seuls sur les lieux, nous pouvons admirer tout à loisir cette merveille de la nature.

Malgré l’eau un peu boueuse du bassin, je décide d’y faire un petit plongeon. Michaël préfère ne pas se baigner dans de l’eau froide, vu son état. Je nage jusqu’à me retrouver derrière la cascade et pouvoir admirer ces trombes d’eu déferler avec force du haut de la falaise. Korne décide de rentrer, il nous laisse seuls dans cet endroit magique, ce qui n’est pas pour me déplaire. Mais Michaël ne se sent pas en très grande forme, nous décidons de rentrer nous aussi peu après.

Après avoir ingurgité avec bien du mal un bol de riz sec et avoir distribué quelques cadeaux que nous leur avions achetés, comme des hameçons et du fil du pêche, nous partons de la uma. Ils auraient été plus intéressés par des montres (ils font tous une fixation sur la mienne) ou de la Betadine (ils ont tous des plaies plus ou moins infectées qui auraient besoin d’être traitées). Le chef de famille nous accompagne ainsi que sa femme, vu qu’il a une sale infection au pied et qu’il a besoin d’aller à l’hôpital de toute urgence. Ils profitent du fait que nous payons le bateau pour venir avec nous. Ca ne nous gêne pas, au contraire ! Si on peut contribuer, par cet intermédiaire, à une guérison plus rapide de ce vieil homme, nous en sommes heureux… Les Mentawaïs attendent vraiment le dernier moment avant d’aller se faire soigner. C’est seulement dans les cas où leur chaman ne peut pas les guérir qu’ils se décident à aller à l’hôpital. Il est parfois trop tard…

Le trajet en bateau dure plus de quatre heures dans cette minuscule barque faite pour des gens de moins d’1m50… Michaël et moi ressentons rapidement des courbatures dans les jambes, mais nous ne pouvons que les supporter, il n’y a pas la place d’étendre nos membres inférieurs, ne serait-ce qu’une minute. Le voyage nous paraît bien long, coincés ainsi dans cette coquille de noix. En plus, notre guide, fumant continuellement cigarettes sur cigarettes, nous envoie toute sa fumée dans la figure, c’est un véritable bonheur !

Enfin, nous arrivons à Muara Siberut. Nous déposons nos hôtes un peu en amont de la ville et les voyons partir, portant chacun un énorme panier rempli de fruits sur leur dos, le vieux marchant clopin-clopant avec son chargement sur les épaules. Son état nous fait vraiment mal au cœur. Espérons qu’ils pourront bien le soigner ici ! Nous récupérons nos sacs à l’hôtel, payons le reste de notre dû à notre guide et à notre chauffeur de pom-pom, puis sautons sur des ojeks (mobylettes) qui nous emmènent dans une petite guest-house sur la plage, en face de la mer.

La chambre est vraiment rudimentaire, elle ne possède qu’un matelas par terre dans une petite cabane en bois. Ca nous paraît pourtant le grand luxe après huit jours à dormir par terre, à même le sol ! La salle de bain est située dehors, il faut puiser de l’eau boueuse et marécageuse dans le puits à l’aide d’un seau et la filtrer dans un grand baril rempli de cailloux. Tu parles d’un filtre ! L’eau ne ressort pas beaucoup plus claire qu’initialement… Je crois que je préférais la rivière mentawaï finalement. En tous cas, on entend le bruit de la mer de notre chambre et ça, ça vaut tous les Hilton du monde ! En plus, la plage possède du beau sable fin et nous sommes les seuls touristes des environs. Nous avons la mer pour nous tout seuls, le rêve !

J’en profite d’ailleurs pour aller faire un petit plongeon dans cette eau salée. La mer est délicieusement chaude, on se croirait dans une baignoire géante ! Michaël ne tarde pas à me rejoindre et nous admirons ensemble la lune déjà présente dans le ciel. Nous tentons de nous laver ensuite avec leur eau trouble accompagnés de moustiques géants, puis savourons une bonne soupe aux nouilles qui nous change agréablement du riz blanc sans sauce. Nous partons nous coucher peu après, exténués parla journée et l’accumulation des nuits raccourcies depuis une semaine.

Eve-Laure

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