Le 13 janvier 2005,

Radeau de bambou

Nous partons avec les deux Allemands rencontres la veille dans le bus pour une petite balade en bambous rafting, sur la riviere Pai. Les radeaux me sont composes que de quelques bouts de bambous attaches les uns aux autres et je commence a me demander s’il va tenir le coup jusqu’au bout ! Mais oui, sans probleme... Il faut dire qu’en fait de "rafting", nous n’avons eu le droit qu’a un ou deux remous de temps en temps, juste de quoi se mouiller les pieds. Rien qui ne puisse nous donner des sensations fortes en tous cas... Ceci dit, ce fut une tres agreable promenade matinale dans des paysages exotiques toujours aussi epoustouflants, sur notre embarcadere plutot precaire.

Nous raccompagnons les Allemands a la guest-house et continuons a deux notre excursion avec le guide. Notre prochaine etape est la visite d’un village de femmes Padaung, dites femmes au long cou ou femmes girafes.

Village de femmes Padang

Michael et moi nous sommes lontemps demandes si c’etait bien ou pas d’aller visiter ce village de refugies de Birmanie. Est-ce moral de considerer les Padaung comme une attraction toursitique ? Apres de longues tergiversions, nous decidons tout de meme d’aller voir par nous-memes ce qu’il en est. Si nous ne sommes pas a l’aise, nous partirons aussitot ! Nous nous arretons devant une sorte de camp garde par des militaires et ferme par des barrieres. Ouh la, ou sommes-nous donc arrives ? Apres note nos noms sur un registre, nous passons la barriere et entrons dans le village. Nous apercevons plusieurs femmes dont le cou semble anormalement etire a cause d’anneaux de cuivre qui l’entoure. Le guide nous incite a prendre des photos de ces femmes, mais nous ne nous sentons pas tres a l’aise... Nous n’avons pas envie de les considerer commes des animaux de foire ! Plusieurs etales de bibelots touristiques sont alignes dans la rue et nous nous approchons de l’une d’entre elles. La femme qui tient ce magasin parle anglais et nous entamons avec elle une discussion tres instructive. Elle nous explique qu’elle a quitte son pays d’origine, la Birmanie, pour venir en Thailande par choix et qu’elle n’y a nullement ete forcee. La dictature birmane recherche les tribus catholiques, commes les tribus de Padaung, afin de bruler leur village. C’est pourquoi elle est venue se refugier en Thailande il y a 12 ans maintenant et elle nous affirme que, meme si son pays lui manque, elle est plus heureuse a present, dans ce camp de refugies. Elle gagne sa vie grace au tourisme et est donc contente que nous venions la voir. Elle nous incite meme a la prendre en photo ! Ce camp de refugies est considere comme tout a fait autonome sur le plan economique. Elle nous avoue etre contente de ne plus avoir peur d’entendre des coups de fusil pres de sa maison et, meme si elle est bloquee dans ce village sans trop de liberte etant donne qu’elle est sans papier, elle se sent en securite et peut recommencer a vivre sereinement parmi les siens.

Une nouvelle adepte

Nous continuons la visite de ce village enorme et tombons sur une grand-mere qui nous invite a nous asseoir aupres d’elle. Elle nous explique que le collier de 6 kg ( !!) qu’elle porte autour de cou n’est en fait constitue que d’un seul anneau qui s’enroule autour du cou de haut en bas. Elle m’en passe un de 3 kg autour du cou et je ressens vraiment le poids de cet anneau en cuivre sur mes epaules ! Comment font-elles pour porter un collier aussi lourd durant toutes la journee ? Apparemment, certaines femmes l’enlevent la nuit pour dormir... La vieille femme nous montre des photos de son cou lorsqu’elle n’a plus son anneau. C’est effrayant de voir la longueur demesuree de son cou ! Ca me fait mal rien qu’a la regarder...

Nous visitons l’ecole du village, l’eglise et arrivons dans une autre partie du village ou sont regroupees cette fois des femmes aux grandes aux grandes oreilles, une autre tribu de refugies. Elles sont appelees ainsi a cause des enormes trous qu’elles se percent dans les lobes des oreilles afin d’y passer des boucles d’oreille grosses commes nos anciennes pieces de 5 francs ! Nous quittons ce camp finalement contents d’etre venus et d’avoir pris le temps de discuter avec eux !

Le guide nous emmene maintenant plonger dans des sources d’eau chaude naturelles. Nous nous imaginions une source d’eau sortant des rochers, en pleine nature, dans laquelle nous pourrions nous baigner en solitaire. Et bien, pas du tout ! Nous arrivons devant un grand complexe touristique ou on nous propose des massages ou des baignades dans l’eau de source dans des baignoires !! Ca manque un peu de nature tout ca... La source chaude sortant des rochers est remplacee par une belle piscine bien betonnee... Et nous ne pouvons meme pas nous baigner dedans parce que l’eau de source est trop chaude aujourd’hui. Histoire de ne pas etre venus pour rien, Michael s’adonne a un massage thailandais tandis que moi, j’essaie le masque de boue sur le visage. Je n’ai vraiment l’air de rien avec cette mixture sur la figure... Au fur et a mesure que le temps passe, je sens la boue se solidifier de plus en plus et je peux de moins en moins bouger le moindre sourcil. Tous les mouvements de mon visage sont figes, ce n’est pas une sensation tres agreable ! J’enleve rapidement ce masque qui risque de devenir rapidement une torture. Je ne sais pas si ma peau est plus douce et saine, mais je suis contente de revoir mon vrai visage ! Je plonge ensuite dans une des baignoires d’eau de source. L’eau est si chaude que ma peau rougit immediatement. Une odeur assez desagreable de soufre emplit la piece... Je ne m’eternise pas dans ce bain. Je rejoinds Michael qui est en train de se faire masser et qui a l’air d’apprecier vu son air de beatitude ! Revenus a la guest house, nous finissons la journee par un bon restaurant. J’adore la cuisine thailandaise, elle est si raffinee !

Eve-Laure