Accueil > Tour du monde > Carnet de route > L’Indonésie > Vers Riung
Vers Riung

Le 28 avril 2005,

Comme convenu, nous retrouvons nos deux chauffeurs devant notre hôtel vers 7h30 du matin. Nous enfourchons leurs motos et partons en direction du volcan Wawo Muda. La route est plus que rocailleuse et nous avons tout intérêt à bien nous accrocher pour ne pas tomber. D’ailleurs le chauffeur de Michaël n’a pas su éviter une pierre qui les a fait valser tous les deux sur le chemin ! Notre vitesse étant de 2 kms/h, ils ont pu se rattraper sans mal sur leurs pieds...

Cratere du Wawo Muda
Cratere du Wawo Muda

Au bout d’une heure de rodéo, nous descendons de nos engins afin de continuer à pied, la route devenant impraticable pour des motos. Nous arrivons en haut du volcan d’où nous apercevons surtout beaucoup de nuages... Je suis un peu déçue d’être arrivée jusqu’ici et de ne rien voir du panorama à cause de la brume ! Puis, quelques instants plus tard, alors que nous maudissions ce mauvais temps, les nuages se dégagent comme par magie afin de nous laisser admirer cette vue saisissante ! Je me mets à battre des mains de joie, comme un enfant à qui on a fait une belle surprise, et je me délecte de ce panorama grandiose. Trois lacs de couleur ocre apparaissent devant nos yeux ébahis au fond d’un gigantesque cratère... Nous gravissons un peu plus la crête du volcan sur laquelle nous sommes perchés afin de profiter encore mieux du spectacle. Nos guides nous mettent en garde sur les risques d’éboulis à cet endroit et nous demandent de faire attention où nous mettons les pieds. C’est vrai que c’est plutôt dangereux par ici... Nous marchons sur la crête du cratère d’un volcan et la terre est très friable ! Nous avançons donc précautionneusement, nos guides nous surveillant du coin de l’œil. Ils ne parlent que très peu anglais, mais avec des signes et quelques mots, nous arrivons à comprendre que le volcan a explosé ici-même en 2004 ! Voilà pourquoi les arbres des alentours sont calcinés et un désert de mort entoure ces si beaux lacs ! Rius nous explique qu’en entendant l’explosion du volcan, il s’est enfui à Ruteng, craignant pour sa vie, tandis que son compère est parti à l’opposé, vers Ende... La ville de Bajawa a, paraît-il, longtemps été recouverte de cendres, mais aucun village n’a été touché. Ouf ! C’est impressionnant de se tenir là, près du cratère, alors qu’il y a 1 an à peine ce monstre a craché toute sa colère !

Michael et nos guides
Michael et nos guides

Nous retournons aux motos, charmés par cette petite expédition matinale. Encore une fois, nous étions les seuls touristes en haut du volcan ce qui nous a permis d’apprécier toute sa force ! Nous nous sentions bien vulnérables à côté de lui... Il fait un temps magnifique à présent, les nuages se sont envolés pour de bon ! Nous redescendons vers Bajawa, toujours aussi ballottés dans tous les sens.

Il est dix heures du matin lorsque nous arrivons à l’arrêt de bus de la ville. Nous attendons quelques instants, puis un truck (gros camion dont la benne sert à transporter des passagers) nous annonce qu’il part pour Riung. Résignés à utiliser ce nouveau moyen de transport plutôt qu’un hypothétique bus qui ne viendra peut-être jamais, nous plaçons nos sacs sur le toit en nous assurant que le chauffeur les attache bien. Puis nous attendons qu’il daigne démarrer et partir. Nous attendons... Au bout d’un certain temps, nous perdons patience et partons nous renseigner sur l’heure de départ. Nous apprenons alors qu’il ne part qu’à midi ! Bon, nous avons donc deux heures à tuer... Au bout d’une heure, un vrai bus en partance pour Riung également entre sur le parking. Il ne partira qu’à midi lui aussi mais, au moins, nous serons mieux installés que dans le truck pour faire le voyage. Dans ce pays, des sièges un peu rembourrés sont tout de même indispensables ! Nous décrochons nos sacs du toit du camion, sous l’œil mécontent du chauffeur qui vient de perdre deux clients, et nous patientons.

A midi, l’engin démarre et part faire le tour de la ville afin de chercher des clients et de remplir les sièges vides. Une heure plus tard, nous sommes ENFIN partis de la ville et en route pour Riung. Les trois heures de route sont plutôt pénibles, même si les paysages traversés sont toujours aussi splendides ! Même avec des sièges rembourrés, nous finissons par avoir les fesses tout endolories. Qu’est-ce que ça aurait été dans le truck ! Nous arrivons à Riung exténués et courbaturés de partout . Le bus nous dépose gentiment devant notre hôtel où nous nous posons malgré la médiocrité des chambres. Nous sommes trop fatigués pour avoir le courage d’aller chercher ailleurs ! Ceci dit, la patronne, une femme âgée ne parlant quasiment pas anglais, est vraiment adorable et son accueil nous fait du bien !

Riung est un petit village de pêcheurs, éloigné de toute modernité, perdu entre la campagne sauvage et l’immensité de l’océan. Il ne possède d’ailleurs l’électricité que de 18h à 22 h. Ce petit village est surtout connu pour ses 17 petites îles inhabitées qui sont disséminées au large. En fait, il y en aurait 21, mais le gouvernement a décidé que le nombre 17 convenait mieux puisque ça correspondait au jour de l’indépendance du pays (17 août). Ils sont fous ces Indonésiens ! Ce village est donc le point de départ d’une balade en bateau pour visiter ces îles propices au snorkelling. Nous nous enquérons auprès de notre hôtel des tarifs pour une journée en bateau, mais les prix sont exorbitants ! On nous apprend que c’est le même prix, que nous soyons 2 ou 6. Il faudrait s’arranger avec d’autres touristes afin de partager les frais, mais malheureusement les étrangers ne courent pas les rues par ici. Nous apprenons rapidement que nous sommes les 2 seuls touristes des environs ! C’est bien la 1ère fois que je regrette le trop peu de visiteurs en ces lieux !

Huttes de pecheurs a Riung
Huttes de pecheurs a Riung

Nous partons nous promener dans le village et allons jusqu’au petit port au bout de la route afin de chercher de meilleures offres. Les maisons des habitants ne sont que de simples cabanes en bois, mais les gens ont plutôt l’air heureux ici. Ils sont tous intrigués par notre présence et cherchent souvent à nous aborder par des "Hello Mr !" ou "Hello Mrs !". Des chèvres ainsi que des poules se promènent dans les rues, souvent accompagnées de leur progéniture. Le temps s’est arrêté ici et, ma foi, ils n’ont pas l’air d’en souffrir. De petits enfants crottés sautillent autour de nous en riant, tandis que leur mère les regarde au loin d’un œil attendri. La gentillesse des gens me va droit au cœur. Ils sont tellement naturels ici, les faux-semblants n’existent pas, l’apparence n’a pas d’importance...Tout n’est que curiosité et générosité. C’est une belle leçon de vie que ces habitants nous donnent !

Nous sommes arrivés au port, devant un grand ponton qui s’avance dans la mer comme pour nous attirer vers cet océan d’écume. Le soleil commence à se coucher en faisant rougir le ciel. Nous tombons alors sur un gars qui propose également des tours en bateau à des prix un peu plus abordables. Nous lui demandons alors de passer à l’hôtel en fin de soirée afin de lui donner notre réponse. Nous rentrons à pied dans la nuit noire qu’aucun lampadaire ne vient troubler et nous pouvons ainsi admirer tout à loisir la voie lactée qui étincelle au-dessus de nos têtes. Par contre, nous ne voyons quasiment rien de la route et nous peinons un peu pour retrouver notre chemin. Une fois rentrés, nous discutons un peu avec le gars de l’hôtel afin de marchander son tarif onéreux mais il reste inflexible. Nous n’en revenons pas qu’il n’accepte même pas de nous accorder une petite ristourne. Il nous explique tranquillement que s’il ne se fait pas une bonne marge avec sa sortie en bateau, il préfère largement bêcher son jardin plutôt que de venir avec nous ! Je n’en crois pas mes oreilles ! Nous sommes les seuls touristes de la ville et il préfère rester à ne rien faire plutôt que de gagner un bon pécule ! Ceci dit, pourquoi pas...mais bon !

Le deuxième gars rencontré sur le port arrive et s’ensuit une conversation assez gênante entre nous 4 afin de savoir qui acceptera de nous emmener en bateau (il va bientôt falloir qu’on les supplie d’accepter le travail !). Heureusement, le deuxième gars, Achank, a l’air plus motivé que celui de notre hôtel et nous décidons de partir avec lui le lendemain. Nous sommes assez gênés d’avoir à choisir ouvertement entre les deux, mais, devant le manque d’enthousiasme évident du premier, le choix est vite fait Il nous assure qu’il n’est pas vexé que nous ne l’ayons pas choisi et il s’en va de son côté d’un pas nonchalant. Nous sommes fatigués et nous partons nous coucher exténués.

Eve-Laure

Site réalisé avec SPIP
Design et Contenu © 2004-2007 : Eve-Laure et Michaël