Accueil > Tour du monde > Carnet de route > Le Vietnam > Sur le cargo...
Sur le cargo...

Le 5 mars 2005,

La chambre commune
La chambre commune

J’ouvre un oeil vers 6h du matin, le jour vient de se lever et je m’apercois etre la derniere encore couchee ! Tout le monde s’active deja dans tous les sens : certaines se preparent, d’autres lavent le sol, d’autres encore sont en train de faire le petit-dejeuner... Je me leve peniblement, les membres endoloris. Ce n’est pas si confortable que ca un hamac, je trouve ! Peut-etre n’y suis-je tout simplement pas habituee... Nous avons le droit a un copieux petit-dejeuner a base de pain fourre a la viande assez epice et d’une soupe aux nouilles. C’est pour le moins original ! Ca change de mon pain a la confiture ! Malgre tout, je mange avec plaisir, mon ventre criant famine et je ne trouve pas ca si indigeste, meme pour une heure aussi matinale ! Par contre, j’ai la bouche en feu a cause de leurs epices... Au moins, ca a l’avantage de me reveiller d’un coup ! Nous prenons un petit cafe glace sur le quai et hop, tout le monde sur le bateau, il est temps de larguer les amarres.

La journee en mer se deroule tranquillement... Les femmes se chamaillent gentiment entre elles, histoire de passer le temps. Nous remarquons qu’elles sont tres tactiles entre elles et avec nous, beaucoup plus que dans les autres pays d’Asie que nous avons visites ou ils essayaient au maximim d’eviter de se toucher. Les femmes Vietnamiennes ne sont pas tres douces non plus. Elles n’arretent pas de se frapper gentiment, juste pour rire, mais en s’envoyant des belles torgnoles quand meme ! Surtout les plus agees... Nous avons aussi le droit a notre lots de coups Michael et moi, toujours donnes avec le sourire pourtant ! Ca doit vouloir dire qu’elles nous aiment bien...

Une charmante grand-mere
Une charmante grand-mere

En tous cas, elles se mettent en quatre pour nous faire plaisir, nous gavent comme des oies en nous offrant des plats pantagruelliques. Bref, nous sommes chouchoutes. Et souvent, nous n’avons pas notre mots a dire... Si elles veulent que nous goutions un de leurs fruits exotiques, nous n’avons pas d’autre choix que d’obeir, sous peine de nous faire harceler ! Elles sont marrantes... Elles ont tanne Michael pendant une heure pour qu’il aille prendre sa douche alors qu’il n’avait aucune envie de se laver a l’eau du Mekong !! Le combat fut rude, mais il a bravement resiste...

La journee passe tranquillement au fil du Mekong. Notre cargo s’arrete de temps en temps pour charger ou decharger sa marchandise et nous admirons le penible travail des porteurs de sacs. Le reste du temps, nous flanons sur le pont ou dans nos hamacs.

Un petit gars transportant les sacs de riz
Un petit gars transportant les sacs de riz

C’est agreable de ne rien faire ! Je passe donc mon temps a me cogner la tete contre les poutres et a m’assommer a moitie a chaque fois. C’est une facon comme une autre de s’occuper ! Le probleme, c’est qu’a certains endroits, je peux me tenir debout et a d’autres non... La transition est souvent brutale ! Au moins, Michael n’a pas ce souci puisqu’il ne peut jamais se tenir droit sur ce bateau de nains !

Le soir commence a tomber et nous assistons a un magnifique coucher de soleil sur le Mekong tandis que le bateau poursuit sa route au gre des vents. Cette traversee est tellement unique et riche, c’est une magnifique experience humaine. Nous sommes en contact avec la vie vietnamienne de tous les jours dans ce lieu privilegie qu’est ce cargo. Nous avons vraiment de la chance d’avoir eu l’opportunite d’effectuer ce voyage fluviale. C’est un moment de vie inoubliable ! Nous sommes detendus et sereins lors de cette traversee et nous nous sentons en harmonie avec le pays et ses habitants. Je me sens bien et heureuse ! C’est ce genre d’experience que j’attendais de mon tour du monde...

Coucher de soleil sur le Mekong
Coucher de soleil sur le Mekong

La nuit tombe et toutes les femmes se regroupent devant la television qui est allumee pour la premiere fois. Les telefilms americains sont doubles en vietnamien, mais d’une maniere assez surprenante. Tous les personnages sont doubles par une seule et meme voix, en l’occurence ici, une voix feminine, qui traduit, sur un ton monocorde, tous les discours des femmes comme des hommes ! C’est plutot etrange et perturbant, je trouve. Les films vietnamiens, par contre, ressemblent plus a des pieces de theatre ou certains roles de femmes sont joues par des hommes... Ils sont fous ces Vietnamiens ! En tous cas, les femmes du bateau sont toutes scotchees devant l’ecran, tandis que la femme du capitaine sort son appareil de cardio-training et entreprend quelques exercices au fond de la piece. Ceci dit, je la comprends... Elle doit restee la plupart du temps sur le bateau ou les deplacements sont quand meme limites... Elle est obligee de faire de l’exercice pour pouvoir restee en forme ! Michael et moi restons un peu a l’ecart pour discuter tandis que la bateau poursuit sa route.

Tout d’un coup, on eteind brusquement la television et toutes les lumieres. Pensant que c’est l’heure de dormir, Michael et moi rejoignons tranquillement nos hamacs, un peu surpris du calme regnant a present dans la piece. Puis, nous voyons des lumieres s’apporcher du cargo et entendons des voix d’hommes discuter. Je me tappis dans mon duvet, devinant que quelque chose de pas normal est en train se derouler. Nous comprenons alors qu’un bateau de police vient d’aborder notre cargo et que les policiers entreprennent de fouiller le bateau a la recherche de marchandises illicites...

Etonnes par la reaction des passageres de notre bateau, nous les imitons cependant en faisant semblant de dormir. Soudain, les lumieres du plafonnier s’allument et les cartes d’identite des passageres sont demandees. C’est ensuite a notre tour de donner nos paseports, puis le policier s’adresse directement a nous deux et nous demande de nous lever de notre hamac sur un ton peremptoire. Nous obtemperons tout en gardant notre sac de couchage sur nous. Il nous demande expressement de retirer notre sac de couchage. Nous commencons a ne pas nous entir tres a l’aise... Pourquoi s’acharne-t-il sur nous ? Parce que nous sommes les seuls etrangers ? Nous nous executons tout en gardant un regard interrogatoire. Il finit par rendre les cartes d’identite a tout le monde, mais part en emmenant nos passeports afin de les etudier. Je commence serieusement a me demander dans quel galere nous nous sommes fourres... J’ai bien peut qu’il n’accepte de nous les rendre qu’en echange d’une certaine somme d’argent... S’il nous les rend ! En plus, il fait nuit noire a present... Je ne suis pas du tout rassuree !

Finalement, il revient et nous redonne nos passeports d’un air hautain, sans meme nous regarder. Le bateau de police s’eloigne peu de temps plus tard... Ouf, tout se finit bien. J’ai a peine le temps de souffler que, aussitot apres, une des femmes rallume la television et elles se remettent a discuter entre elles avec vehemence. Nous comprenons a present certaines de leurs actions qui nous avaient parues etranges auparavant. Elles se sont amusees a cacher des choses sous les sacs de riz peu de temps apres avoir embarquees la veille. Une des femmes allongee pres de moi cachait des paquets de cigarettes dans son sac qu’elle ne quittait jamais ou qu’elle aille. Elle dormait meme avec lui. cache sous sa couverture et paraissait toujouts tres anxieuse. Le bateau vient de petits villages frontaliers au Cambodge et certaines marchandises cachees par ses femmes et transportees par le cargo n’ont pas du etre declarees a la douane du poste frontiere. Qui irait soupconner d’innocentes femmes dans un cargo ? Les policiers sont plus interesses par la presence de deux etrangers a bord... Voila que nous avons effectue le trajet sur un bateau de contrebandiers ! Il ne manquait plus que ca... Nous en aurons vu de belles pendant notre voyage...

Ceci dit, d’apres ce que nous avons pu voir, les produits illicites se resument a quelques paquets de cigarettes... Si ce n’est que ca, ce n’est pas encore bien mechant ! De toute facon, je ne regrette en rien notre traversee qui s’est revelee etre un formidable moment pour moi. Avec tous ses evenements un peu stressants, je finis par tomber de sommeil alors que la television hurle toujours a 2 metres de mon oreille. Comme quoi, vivre en Asie permet de s’habituer aux nuisances sonores ! Je risque de trouver Paris bien calme a mon retour...

Eve-Laure

Site réalisé avec SPIP
Design et Contenu © 2004-2007 : Eve-Laure et Michaël