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Du rodéo en pleine mer...

Le 17 octobre 2007,

La météo prévoit une belle journée sans vent aujourd’hui et ça a l’air de se confirmer au réveil. Grand ciel bleu et une visibilité parfaite sur l’eau. Impeccable ! Nous prenons notre petit-déjeuner dehors pour une fois, sur la terrasse du belvédère, admirant le fleuve, une tartine de nutella dans une main et un café dans l’autre. Nous apercevons au loin plusieurs souffles s’élever de l’eau, nous en comptons au moins six ! Il y a du monde par là-bas dis donc...

Nous retrouvons Dany à la marina et, nos combinaisons de flottaison enfilées, nous sautons dans le zodiac faisant cap vers l’Est. Nous retrouvons rapidement nos deux rorquals bleus d’hier qui nous montrent leur queue en plongeant. Après avoir clôturés notre journée dignement hier, ils sont les premiers à nous saluer ce matin. Quelle joie ! Dany reconnait la femelle : Joe Braker, une baleine bleue reconnaissable à cause d’une cicatrice que la queue, qui vient régulièrement chaque année retrouver nos biologistes dans le Saint-Laurent. Nous passons un bon moment à les suivre, mais les vagues nous empêchent de bien naviguer. Le vent s’est levé brusquement et nous commençons a être bien ballotés sur notre pneumatique. Assise sur la bouée du bateau, j’ai intérêt à m’accrocher aux cordes pour ne pas chavirer. J’aime bien les manèges, mais là, je joue un peu trop sans filet.

L’eau est à peine à 6°C, l’air doit avoisiner les 8°C. Si l’une d’entre nous tombe à l’eau, elle risque l’hypothermie immédiate. Dany manœuvre le bateau d’une main de maître, mais ne peut empêcher les vagues de s’écraser sur nous, nous arrosant au passage. Malgré ma combinaison et mes deux pantalons, j’ai les fesses trempées et je ne sens plus mes doigts malgré les gants, paralysés par le froid. Il faut pourtant que je continue à m’accrocher aux cordes pour ne pas verser. Dany nous explique qu’il préfère que nous soyons mouillées plutôt que d’éviter la vague en passant au-dessus au risque qu’une bourrasque de vent s’engouffre dans le pneumatique, nous faisant tous chavirer en même temps. Vu comme ça...

Le temps en mer me paraît soudain beaucoup plus long qu’auparavant. Nous faisons cap vers la côte pour rentrer d’urgence à la marina, mais nous nous trouvons en pleine mer, à plusieurs kilomètres de notre destination. Il faut avant tout braver les vagues et le vent. Plus personne ne parle, tout le monde reste concentré sur son corps gelé et sur les manœuvres du capitaine qui fait tout pour nous sortir de ce mauvais pas. Que faisons-nous au milieu de la mer, quatre personnes sur un petit pneumatique, au milieu des vagues, avec un vent d’une force de plus de 30 nœuds ? Ils sont fous ces biologistes... Et moi avec ! C’est dur physiquement mais chacun en prend son parti... La nature est imprévisible et le fleuve nous montre qu’il n’est pas domptable, ce qui force le respect. La navigation en haute mer reste une activité dangereuse, il faut en être conscient ou bien le fleuve te le rappelle à tes dépends. Après 45 longues minutes de lutte acharnée contre le vent, Dany réussit à nous ramener à bon port, complètement trempées et frigorifiées, mais saines et sauves. Bravo capitaine ! Nous nous dépêchons de rentrer au camp pour sauter sous une douche chaude et enfiler des vêtements secs. Ouf, ça fait du bien d’avoir chaud !

Après une petite sieste bien méritée, Dany nous donne une nouvelle conférence sur la façon dont les cétacés réussissent à tenir longtemps sous l’eau sans devoir respirer. N’oublions pas que ce sont des mammifères avant tout et qu’ils ont des poumons ! Ces explications relevant pourtant de la physique et de la biologie marine, restent toujours aussi passionnantes ! Il a une façon très pédagogique de se mettre à notre niveau pour nous faire comprendre ses propos rapidement, c’est très agréable. Il nous parle aussi des petits rorquals qui se sont échoués sur la plage et qu’il a dépecés pour récupérer les os du squelette. Il paraît que le moment où, aidé de plusieurs autres biologistes, il a dû retirer la peau, les muscles et tout l’intérieur de la baleine, reste un souvenir assez pénible. Non seulement le spectacle visuel n’avait, paraît-il, rien de ragoûtant, mais ce n’était rien en comparaison de l’odeur qui se répandait de l’animal en putréfaction... Il en a bavé visiblement !

Après ce récit palpitant et qui nous a forcément mis en appétit, Ilonka nous appelle pour nous mettre à table. Au menu : saumon grillé ! Tant qu’il ne s’agit pas de baleine cuite... On reste dans les animaux de mer cependant ! le poisson est délicieux, tout comme sa tarte aux pêches faite maison. Je vais avoir pris 5kg en 10 jours à ce rythme-là moi... Bah, ça ne me fera pas de mal ! Avant d’aller nous coucher, Dany nous montre un petit film sur les épaulards appelés couramment orques, dans la baie de Vancouver (à Telegraph Cove). Ma prochaine destination de vacances ? Allez, tout le monde au lit à présent. Bonne nuit.

Eve-Laure

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