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Traversée du détroit de Magellan difficile...

Le 12 octobre 2005,

Détroit de Magellan infranchissable
Détroit de Magellan infranchissable

Notre réveil sonne à 4h30 du matin, un peu agressivement je trouve... Nous nous réveillons tant bien que mal, préparons nos affaires rapidement, puis quittons l’hôtel sans bruit. Nous avons la surprise de voir qu’il a neigé cette nuit et toute la ville endormie repose sous un beau manteau blanc... Il neige toujours en réalité et le froid qui nous saisit dehors finit de nous réveiller totalement... Heureusement, notre arrêt de bus n’est pas trop loin. Nous retrouvons nos deux Canadiens d’hier qui font le même trajet que nous et nous nous engouffrons tous ensemble dans le bus un peu chauffé. Nous aurons vu Ushuaia sous la neige !

Nous quittons cette petite ville du bout du monde avec double regret puisque ça signifie que notre voyage touche bientôt à sa fin... Je ne sais pas si je dois être triste ou heureuse ! En tout cas, ça fait drôle... Nous admirons les beaux paysages enneigés qui défilent sous nos yeux entre deux périodes de sommeil. Superbe ! Au bout de quelques heures de route, nous arrivons à la frontière chilienne. Les tampons de sortie et d’entrée du territoire s’effectuent sans problème, puis nous continuons notre route vers Punta Arenas. Nous voici en terre de Feu chilienne à présent !

Drapeau du Chili mis à l’épreuve par le vent
Drapeau du Chili mis à l’épreuve par le vent

Nous arrivons vers 15h30 au détroit de Magellan que nous sommes censés traverser en ferry. A notre grande stupeur, on nous annonce que le ferry ne marche pas actuellement à cause du vent terrible qui souffle depuis plusieurs heures et rend la mer houleuse... Nous sommes coincés ici jusqu’à nouvel ordre ! Voilà autre chose... nous descendons du bus pour, en effet, nous apercevoir qu’une tempête a lieu au-dessus de nos têtes. Le vent est tellement fort qu’il nous empêche presque d’avancer... nous courons nous réfugier dans le petit bar du port déjà plein à craquer de gens qui attendent, comme nous, de traverser. Au moins, il fait chaud ici ! Le bus avait arrêté son moteur et il commençait à faire froid à l’intérieur. Nous passons le temps à discuter avec nos Québécois de choses et d’autres, tout en espérant vainement une éclaircie...

Notre conducteur nous annonce que nous resterons là le temps qu’il faudra, quitte à dormir dans le bus cette nuit ! Super nouvelle... Et nous qui pensions que c’était la fin de nos aventures... tu parles !! Jusqu’au bout... Nous prenons notre mal en patience et nous occupons comme nous pouvons. Au moins, je peux rattraper mon retard dans mon carnet de route, tout n’est pas négatif ! La tempête, quant à elle, n’a pas l’air de se calmer, bien au contraire... Vers 21h, alors que nous étions tranquillement attablés dans la salle du bar devant un hamburger, la salle se remplit d’un coup et des gens se bousculent encore à l’entrée pour pouvoir entrer. Nous comprenons vite qu’un important match de foot se déroule à la télévision et tout le monde est entré pour le regarder. C’est bien notre veine ! Nous continuons à discuter sans nous occuper d’eux, mais on nous interrompt sans arrêt pour nous demander de nous taire parce qu’ils n’entendent pas la télévision ! Je rêve... Nous sommes coincés ici, comme eux, depuis plusieurs heures et je pense que c’est notre droit de discuter ! Ce n’est pas comme si nous avions choisi de nous retrouver là, nous n’avons malheureusement pas d’autre choix... pour les Chiliens, le foot est une priorité absolue, c’est sacré... Aucun son ne doit être émis durant un match !

Lassés de recevoir sans cesse des « fusillades » de regards ou verbales, nous retournons dans notre bus glacé, préférant le froid à cette intolérance impolie. Soudain, alors que nous n’y croyions plus, les lumières du ferry apparaissent devant nous ! Il est 23h30 et nous pouvons enfin monter dans ce bac... Ca fait juste 8 heures que nous l’attendons ! La traversée est plutôt mouvementée et je me demande finalement si je n’aurais pas préféré attendre un peu plus que la mer se calme... Je ne suis pas très rassurée ! D’énormes vagues passent au-dessus du ferry pour venir se fracasser contre les vitres de notre bus ! Allons-nous arriver de l’autre côté vivants ? Michaël, quant à lui, dort comme un bienheureux à côté de moi, tandis que je me demande si nous n’allons pas couler...

Finalement, nous débarquons sains et saufs sur l’autre rive et pouvons enfin continuer notre route. Nous sommes encore loin d’être arrivés à Punta Arenas ! Vers 2h du matin, nous arrivons enfin dans la ville. C’est le genre de situation que nous détestons : arriver en pleine nuit dans une ville inconnue sans réservation d’hôtel... Nous aurions encore préféré dormir dans le bus ! En plus, tout a l’air mort ici, il n’y a pas un chat dans les rues et il fait un froid de canard ! Nous sommes une petite dizaine de routards à nous retrouver dans cette situation et partons ensemble à la recherche d’une chambre. Nous frappons à plusieurs portes d’hôtels, mais elles restent toutes désespérément closes. Les gens n’ont pas envie de se lever en pleine nuit pour accueillir des clients visiblement !

Michaël et moi comprenons vite qu’il vaut mieux nous séparer du groupe pour augmenter notre chance de trouver quelque chose. Même si un hôtel est ouvert à cette heure matinale, il ne pourra certainement pas accueillir 10 personnes ! Nous partons donc dans notre coin et essayons plusieurs auberges qui restent désespérément fermées ! Qu’allons-nous pouvoir bien faire ? Ca fait presque une heure que nous tournons dans la ville ! Il n’existe rien d’ouvert à cette heure-ci ? Nous n’allons tout de même pas dormir dans la rue... En plus, nous commençons à être vraiment gelés ! Alors que nous nous apprêtions à aller dans un hôtel hors de prix, le seul d’ouvert que nous ayons trouvé, un taxi s’arrête à côté de nous et nous propose de nous déposer quelque part. Nous nous engouffrons à l’intérieur, ravis de trouver un peu de chaleur et lui demandons de nous trouver un hôtel pas trop cher afin d’y passer le reste de la nuit.

Il essaie, lui aussi, une dizaine d’auberges, sans plus de succès que nous... Elle est terrible cette ville ! Nous ne pouvons pas trouver de chambre au milieu de la nuit, c’est impossible ici... Au moins, nous restons au chaud dans la voiture tandis que c’est notre pauvre chauffeur de taxi qui fait le pied de grue devant les portes d’hôtels sans que personne ne daigne venir lui répondre... Après avoir fait 3 fois le tour de la ville, nous tombons enfin sur une auberge qui accepte d’ouvrir sa porte et, par chance, il lui reste une chambre de libre. Enfin ! Ce n’est pas trop tôt... Nous remercions vivement notre chauffeur de taxi de nous avoir trouvé la perle rare ! Nous suivons une charmante dame qui nous amène jusqu’à une chambre plutôt sommaire, mais nous ne ferons pas les difficiles ce soir ! Le seul gros problème, c’est qu’il n’y a pas de chauffage dans la pièce et il y règne un froid glacial ! Nous sortons donc duvet, caleçon long, écharpe, 3 pulls et le bonnet, puis essayons de nous endormir ainsi emmitouflés... Malgré toutes mes couches, je grelotte encore de froid et n’arrive pas à me réchauffer ! La fatigue et la faim (nous n’avons mangé qu’un maigre sandwich en attendant le ferry) n’aident sûrement pas ! Au bout d’un temps qui me paraît infini, je finis tout de même par tomber de sommeil, totalement harassée.

Eve-Laure

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