Le 27 mai 2007,

Nous passons une excellente nuit réparatrice, même si nous sentons qu’elle ne suffira pas à nous rendre toutes nos forces. A notre réveil, notre guide Jhoni nous attend déjà. Nous apprenons qu’il a appelé sur le portable de notre amie Cinmei à 7h30 ce matin, ce qui ne lui a pas vraiment plu, et je la comprends aisément.

Jhoni a l’air bien sympathique, le courant passe tout de suite entre nous. Nous convenons donc d’une excursion de 2 jours avec lui autour de Bukittinggi. Tandis qu’il s’arrange pour louer une voiture pour les deux jours, nous prenons notre petit déjeuner en compagnie de Sylvain et de Cinmei puis nous leur disons au revoir chaleureusement, nos chemins se séparant ici. Nous sommes vraiment contents d’avoir rencontré Sylvain, c’est quelqu’un que nous apprécions beaucoup.

Jhoni revient peu de temps après avec une belle voiture conduite par un chauffeur. Nos affaires embarquées, nous voici partis en direction du lac Maninjau, un lac rivalisant de beauté avec le lac Toba, paraît-il. La route est plutôt longue mais nous sommes confortablement installés dans cette belle voiture climatisée donc ça ne nous pose pas de problème. De plus, les paysages sont superbes ! Nous longeons la côte un moment, puis traversons de magnifiques rizières.

Nous déjeunons dans un petit restaurant recommandé par Jhoni. Le propriétaire possède sa propre pisciculture de poissons gris et il va puiser dedans notre déjeuner aussitôt la commande passée. On peut dire qu’il s’agit de poissons frais ! Ils sont délicieux en tout cas ! Nous reprenons ensuite la route, le ventre plein. Jhoni nous parle de la culture Minang dans laquelle c’est généralement la femme qui dirige la famille. « Ma femme est le boss » comme il se complait à nous le dire en riant. Dans cette ethnie, c’est la femme qui « achète » l’homme en donnant de l’argent lors du mariage. Jhoni est vraiment un personnage avenant, toujours souriant et très sympathique. Nous nous sentons bien avec lui ! Le chauffeur est gentil également même si nous ne pouvons pas vraiment communiquer ensemble vu qu’il ne parle pas anglais.

Il nous parle de la corruption de son gouvernement, comme tous les Indonésiens qu’on rencontre. Il nous explique également que, étant donné que l’hôpital est cher et pas vraiment accessible à tout le monde, la plupart des gens malades vont d’abord voir une sorte de chaman local qui peut, d’après Jhoni, soigner de graves maladies telles que des cancers. Il faut ramener un poulet avec soi et le « sorcier » transfère le cancer de la personne vers le poulet qui l’attrape à la place de l’être humain ! Ceci explique peut-être le phénomène de grippe aviaire en Asie…

Vers 15 h, nous apercevons enfin le lac Maninjau. Il est plus petit que le lac Toba mais plus sauvage. Avec ses 450 mètres de profondeur, sa couleur bleue virant sur le noir rivalise largement avec sa grande sœur Batak. Nous longeons le lac en voiture en nous arrêtant où bon nous semble. Les paysages de rizières bordant le lac avec en arrière-plan les bassins de pisciculture forment un superbe tableau. Je ne me lasse pas d’admirer ce spectacle tout au long du chemin, par la fenêtre de la voiture. A un moment, nous apercevons toute une troupe de femmes qui défilent dans la rue, habillées de leurs plus beaux atours. Jhoni nous explique qu’il s’agit d’un mariage. En effet, la mariée est superbe dans sa tenue traditionnelle Minangkabau. Sa robe est ornée d’or et sa coiffe est en forme de cornes de bison, l’emblème du peuple Minang. Les toitures des maisons traditionnelles possèdent cette même particularité. Ce serait en hommage à une bataille gagnée contre des Japonais grâce à des bisons.

La fin du circuit autour du lac est un peu gâchée par la pluie qui se met à tomber brutalement. Jhoni nous emmène dans une guesthouse qu’il connaît et qui, d’après lui, est la meilleure du coin. En effet, ses bungalows sont éparpillés au beau milieu d’un splendide jardin à deux pas du lac. Loin de la route, nous n’entendons que les vagues du lac qui lèchent le sable. La pluie s’est calmée ; nous décidons alors de prendre un petit bain dans ce lac sombre. L’eau est délicieusement chaude, presque plus que l’air qui s’est drôlement rafraîchi avec l’arrivée du mauvais temps. Les montagnes tout autour se perdent dans la brume, ce qui donne un aspect un peu inquiétant à cet endroit si calme et désert. Seuls quelques pêcheurs lancent leurs filets de leur petite barque au milieu du lac. J’aime cette atmosphère un peu fantomatique.

Nous retrouvons notre guide et son chauffeur afin de dîner tous ensemble, mais Michaël et moi sommes tellement fatigués que nous avons du mal à alimenter la conversation avec nos amis. Je crois que notre excursion chez les Mentawaïs nous a véritablement épuisés ! Nous nous excusons maintes fois d’être dans cet état-là devant eux, tout en ayant du mal à garder nos yeux ouverts. Heureusement, nous faisons la connaissance d’une Française d’une quarantaine d’années qui discute un peu avec notre guide, ce qui nous permet de nous reposer un peu. Un jeune Indonésien la retrouve peu de temps après et ils finiront tous les deux dans le même bungalow… Les « couples » mixtes marchent dans les deux sens ici !

Nous nous éclipsons peu de temps après, nous sommes éreintés. Espérons que nous serons plus en forme demain ! En attendant, bonne nuit !

Eve-Laure