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La province de Los Lipez

Le 23 août 2005,

Perchoir pour contempler les volcans
Perchoir pour contempler les volcans

Nous n’avons pas eu froid cette nuit, alors que la température a dû descendre bien en dessous de 0°C ! Comme quoi, l’hôtel de sel est une bonne protection contre la morsure du froid ... Simon vient nous secouer à 6h30 du matin et nous nous retrouvons tous, pas vraiment réveillés, dans la grande salle pour le petit déjeuner.

Après nous être suffisamment ravitaillés, nous repartons en jeep à travers les chemins plutôt rocailleux... La route nous paraît un peu longue, ainsi ballottés dans tous les sens dans ce 4x4 aux amortisseurs plutôt légers. Mon dos a du mal à le supporter...

Eve-Laure et Daniel
Eve-Laure et Daniel

Nous traversons tout de même une des étendues sauvages les plus rudes de la planète, dans laquelle se sont réfugiées certaines espèces animales ou végétales endémiques comme la vigogne par exemple !

Après plusieurs heures de rodéo, nous nous arrêtons quelques instants dans le petit village de San Juan, une petite localité de mille habitants, aux maisons de terre. Comment des gens peuvent-ils vivre ici, au milieu du désert ? Nous repartons ensuite vers un beau mirador qui nous donne une vue imprenable sur de majestueux volcans. Dommage que tous les touristes se retrouvent à cet endroit ! Ceci dit, ça n’enlève rien à la beauté du panorama !

Notre première lagune
Notre première lagune

Nous nous arrêtons ensuite devant notre première lagune... Quel superbe spectacle ! Les paysages changent si rapidement dans ce désert, c’est stupéfiant... Ce lac d’un bleu azur est recouvert par endroits d’un dépôt blanc ressemblant à de la neige. Il s’agit en fait de minéraux qui confèrent au lac cette gamme de couleurs surnaturelles. Plusieurs flamants roses ajoutent à ce paysage déjà splendide une petite touche pastel supplémentaire presque irréelle ! Les montagnes qui dominent la lagune ne font que parfaire ce tableau idyllique... Je reste bouche bée devant ce paysage d’une beauté exceptionnelle ! Nous avons même la chance d’apercevoir un renard qui passait par là et qui semblait un peu perdu . Par contre, le froid qui règne en ce lieu n’a rien de paradisiaque ! Un vent glacial réussit à traverser toutes nos couches de vêtements et à nous transpercer de sa morsure... Toutefois, ça ne nous empêchera pas d’apprécier la beauté de ces lieux à sa juste valeur !

flamants roses
flamants roses

Par contre, lorsque Marina nous propose de déjeuner dehors, près du lac, en plein vent , nous ne faisons pas les fiers... Nous finirons bien vite entassés dans la voiture, à l’abri du froid, notre assiette de pâtes sur les genoux ! Seul Massa, le Japonais, brave le froid hivernal et refuse de venir s’abriter avec nous dans la jeep... Un vrai samouraï ! Un peu réchauffés par notre déjeuner, nous repartons de plus belle à la découverte des autres merveilles que cache cette vaste immensité désertique. Caché dans un mur de pierres déchiquetées, nous apercevons un lapin plutôt étrange puisque il arbore fièrement une longue queue à la place de sa petite touffe de poils à laquelle nous sommes habitués... Aurait-il muté ? Quelle surprenante créature !

"un lapin plutôt étrange"
"un lapin plutôt étrange"

Nous filons ensuite vers le Sud pour grimper vers de hautes terres toujours plus sauvages, passant par des lacs toujours plus colorés à cause des minéraux, sites de prédilection des nombreux flamants des Andes et du Chili. Une fois qu’on a vu ces fiers échassiers au plumage rose se pavaner dans des lagunes glaciales à 5000 mètres d’altitude, on oublie bien vite les tableaux idylliques qui les représentent sous les tropiques ! Après un parcours de nouveau cahoteux à travers de merveilleux paysages, la route descend le long d’une colline jusqu’à l’arbre de pierre, paysage digne d’une carte postale. Cet incroyable rocher en forme d’arbre érigé ainsi en plein désert est absolument stupéfiant ! En plus, comme nous sommes un peu en avance par rapport aux autres touristes, nous sommes les seuls sur le site et pouvons en profiter tout à loisir !

L’arbre de pierre
L’arbre de pierre

Nous arrivons ensuite au clou du spectacle : « la lagune colorée » que j’aurais plutôt appelée « la lagune rouge » personnellement ! Sous nos yeux ébahis, elle dévoile ses eaux pourpres à 4300 mètres d’altitude, sur 60 km² ! Sa profondeur n’est que de 80 cm... Son intense coloration rouge provient des algues et du plancton qui se développent dans ses eaux riches en minéraux. Ses rives sont bordées de dépôts d’un blanc étincelant mêlant sodium, magnésium, borax et gypse. Des flamants mélangent le rose de leur plumage avec le rouge du lac, renvoyant ainsi une belle palette de couleurs toujours plus incroyable ! Tout à coup, la jeep s’arrête d’elle-même et notre chauffeur nous annonce que nous n’avons plus d’essence... Pas de panique, il a un bidon rempli d’essence sur le toit du 4x4 ! Il ne reste plus qu’à le transvaser dans le réservoir... Dix minutes plus tard, c’est chose faite et nous pouvons repartir.

Malgré la piste chaotique, Marina tricotte imperturbablement !
Malgré la piste chaotique, Marina tricotte imperturbablement !

Nous nous arrêtons quelques minutes plus tard dans une petite bourgade contenant principalement un grand hôtel dans lequel nous passerons la nuit. Ce soir, nous dormirons tous les six dans la même grande chambre ! Ce n’est pas le même confort que dans l’hôtel de sel ici. La chambre est glaciale, les lits ne comportent qu’une maigre couverture et les douches n’ont pas d’eau chaude ! C’est l’aventure... Nous nous réchauffons avec un bon maté de coca avant d’aller faire un tour dehors. Nous avons une belle vue sur le lac coloré d’ici, l’endroit serait vraiment idyllique sans ce froid toujours plus mordant au fur et à mesure que le jour baisse ! Nous raccourcissons notre promenade, trop frigorifiés pour continuer...

Plein d’essence au milieu de nulle part
Plein d’essence au milieu de nulle part

Nous dînons tôt, puis Michaël entreprend des parties de cartes avec nos compagnons de voyage tandis que j’écris mes œuvres biographiques, emmitouflée sous la maigre couverture de mon lit. Tout le monde finit par me rejoindre dans la chambre et nous essayons de nous endormir, protégés du froid par nos cinq pulls, notre pantalon, nos deux paires de chaussettes, nos gants, notre bonnet et notre sac de couchage... Ca, c’est du confort ! Et dire que nous avons payé pour nous retrouver là... Les voyages, ça forme la jeunesse ! Je n’en suis pas sûre... Bref, même avec tout ce harnachement, je peine à m’endormir à cause du claquement sonore de mes dents sous l’emprise du froid ! Comment arrive-t-il à passer à travers toutes ces couches ? Je soupçonne qu’il ne doit pas faire loin des -20°C cette nuit... Quelle vie !

Eve-Laure

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