Accueil > Escapades > Sumatra - Singapour > 1er jour dans la jungle
1er jour dans la jungle

Le 5 mai 2007,

Ca y est, il est temps de partir visiter le royaume des grands singes et des multiples bestioles qui y vivent : la jungle ! Michaël se prépare physiquement à cette épreuve de deux jours en prenant un "jungle tea" au petit-déjeuner. C’est un thé à base de plantes naturelles, qui, une fois avalé, rend le sang plus amer, ce qui déplait fortement aux moustiques. Plus puissant et naturel qu’un spray anti-moustiques, ce thé permet aussi de fluidifier le sang et ainsi de permettre une meilleure circulation sanguine, ce qui peut être utile lors d’efforts prolongés. Nous prenons également une bonne dose de vitamines C en absorbant un délicieux jus d’orange pressé et nous voilà fin prêts pour le départ.

Après avoir dit une dernière fois au revoir à notre belle chambre de lune de miel, nous partons avec notre guide Mbra à travers l’épaisse et dense forêt. Les montées sont plutôt rudes et ressemblent presque à de l’escalade certaines fois. Les descentes ne sont pas plus faciles car très pentues et glissantes. Plus d’une fois, nous devons descendre en rappel, accrochés à une liane ! Le trek est loin d’être de tout repos et certainement pas pour des novices. Nous marchons sur d’étroits sentiers collés à la montagne d’un côté et donnant sur un grand vide de l’autre. Mieux vaut ne pas trébucher ! Malgré la difficulté de la marche, j’apprécie vraiment d’être ici, en pleine jungle, entourée de bruits étranges et peu familiers, enjambant des racines énormes d’arbres bicentenaires, m’accrochant aux lianes qui m’ont plus d’une foi sauvée de la chute. Nous marchons tous les trois en silence, savourant ces moments magiques d’harmonie avec la nature. Je me sens tellement petite au milieu de cette gigantesque jungle. Des fois, j’ai l’impression qu’elle pourrait m’avaler toute entière… C’est dans ces moments là que je me sens heureuse, exaltée, en total accord avec moi-même.

Au bout d’un moment, un autre groupe formé d’un couple d’étudiants français accompagnés de leur guide, nous rejoignent et nous commençons à faire la route tous ensembles. Ça ne me plaît pas du tout personnellement ! Tout d’abord parce que nous ne voulions être qu’à deux pour ce trek dans la forêt afin d’en profiter un maximum et ensuite parce que leur guide n’arrête pas de parler fort et d’utiliser sont téléphone portable en plein milieu de la forêt, ce qui casse toute la magie des lieux ! Bref, au bout d’un moment, je parle à Mbra, notre guide, pour lui expliquer que nous aimerions de nous séparer de l’autre groupe rapidement. Heureusement, nous arrivons à un embranchement et quittons ces personnes un peu trop bruyantes pour moi.

Notre guide nous montre différentes plantes médicinales dont un arbre à quinine qui permet de se protéger du paludisme. Nous apercevons des écureuils volants, des oiseux aux chants étranges, des araignées (laba-laba en indonésien) diverses et variées, des fourmis géantes et même une petite sangsue qui s’était accrochée à la peau de Mbra (sûrement un avant goût de notre visite chez les Mentawaïs). Mais aucun singe l’horizon… Alors que nous discutons avec notre guide dans une clairière, Mbra nous crie "Attention à l’orang-outang !". Nous nous retournons vivement et voyons arriver tranquillement une femelle orang-outang, suivie de son petit. Notre guide nous conseille d’être prudents et de rester à une certaine distance d’eux. Ce sont des animaux sauvages qui peuvent devenir agressifs rapidement. On a du mal à le croire vu la lenteur et la tranquillité avec laquelle la femelle se déplace, mais je ne vais pas tenter le diable non plus. Mbra se tient à sa gauche et nous à sa droite afin de la perturber un peu. Elle ne peut pas sauter sur l’un de nous de cette façon parce qu’elle a trop peur de ce que pourrait lui faire la personne qu’elle ne peut pas voir et qui se trouverait dans son dos. Ainsi, nous avons tout le temps de la photographier dans tous les sens. Nous lui disons ensuite au revoir et partons dans la direction opposée. Nous nous apercevons rapidement qu’elle nous suit sans nous lâcher d’une semelle. Il est clair qu’elle cherche à manger et semble persuadée que nous avons de la nourriture dans notre sac à dos ! Ceci est dû à certains guides peu scrupuleux qui leur donnent à manger, bravant ainsi l’interdiction. Nous accélérons donc le pas en espérant la semer, mais ce n’est pas évident de courir dans les montées…

Bon, nous pensons l’avoir distancée et nous faisons une pause pour déjeuner. Mbra nous donne à chacun une feuille de bananier dans laquelle se trouve un repas complet : des petits poissons salés accompagnés de beignets de pomme de terre et de riz. Nous mangeons avidement avec les mains à l’indonésienne, les couverts n’étant pas de mise dans la jungle et nous régalons ! Alors que nous finissons à peine notre dernière bouchée, nous revoyons la femelle orang-outang, surnommée Mina, en haut du chemin. Nous remballons nos affaires en quatrième vitesse et notre guide nous crie de partir de là, il nous rejoindra après… Peu rassurés, nous nous exécutons pourtant sans discutés. Mbra nous rattrape facilement et nous explique qu’il a essayé de lui faire peur… Espérons que ça marche ! Nous continuons d’avancer d’un pas cadencé afin de définitivement la perdre. Au bout d’une demi-heure de marche, nous nous octroyons une petite pause bien méritée, n’ayant pas eu trop le temps de digérer notre déjeuner. Et encore une fois, nous apercevons Mina qui nous rejoint tranquillement mais sûrement… Ce n’est pas possible ! Nous n’allons pas passer l’après-midi à courir pour la semer ! Surtout qu’elle nous suit à l’odeur, nous aurons donc beau nous dépêcher…

Au début du trek, nous étions à la recherche de orangs-outangs et à présent, nous essayons plutôt de les fuir ! Sympa le revirement de situation… Nous voilà repartis au pas de course jusqu’à une rivière que nous traversons à pieds facilement. Nous nous enfonçons de nouveau parmi les arbres à toute allure, notre guide derrière nous en guis de protection, lorsque j’aperçois les feuillages bouger en tous sens. Une famille de gibbons au pelage noir, appelés "Siamang", apparaît non loin de nous. Ce sont des grands singes d’1m50 qui ressemblent étrangement à des oursons bruns. Ils ont l’air très curieux et sautent de branches en branches autour de nous tout contents d’avoir des visiteurs. Il est plutôt rare d’apercevoir ces grands singes apparemment, nous sommes chanceux aujourd’hui ! Nous apercevons même de loin un gibbon blanc appelé "Serudung" en langue locale.

Après les avoir mitraillés avec l’appareil photo, tout en gardant un œil inquiet derrière nous au cas où Mina réapparaîtrait, nous les laissons ensuite tranquilles et continuons notre chemin. Les gibbons nous emboîtent le pas quelques temps (mais qu’ont-ils tous à nous suivre comme ça ? nous allons amener toute la bergerie avec nous au campement de ce soir !), mais rapidement nous ne les voyons plus. Mina non plus d’ailleurs, elle a dû perdre notre trace à la rivière ou bien elle s’est arrêtée pou boire et nous a oubliés… Tant mieux ! En tous cas, j’ai vraiment été ravie et émerveillée de voir tous ces animaux sauvages en liberté dans leur milieu naturel. C’est tellement fantastique de pouvoir les approcher de cette manière ! Et la rencontre est forcément forte étant donné que l’on vient sur leur territoire, on est chez eux ici, c’est donc à nous de les respecter et de se faire aussi petit que possible sans trop les déranger… J’adore la jungle !

Quelques temps plus tard, nous arrivons au camp où nous passerons la nuit. Il est situé de façon pratique près d’une rivière et des guides sont déjà en train de s’activer près d’un feu pour le dîner de ce soir. D’autres touristes sont également déjà arrivés et font trempette dans la rivière. Nous nous éloignons un peu et faisons de même. Après notre longue marche d’aujourd’hui, se jeter dans l’eau fraîche fait un bien fou ! Ca permet de se décrasser un peu par la même occasion… Les Indonésiens nous rejoignent même avec leur savon ! Michaël et moi nous amusons comme des petits fous dans les remouds du torrent. Mais je sors rapidement de l’eau quand une demi-douzaine de touristes arrive pour se baigner exactement au même endroit que nous ! Je te jure… Pourtant, je suis sociable d’habitude, mais là, au fin fond de la jungle, j’ai envie calme et de sérénité, sans rien avoir de dérangeant entre la nature qui m’entoure et moi. Ces touristes qui fument cigarettes sur cigarettes et qui ont amené une bouteille d’alcool avec eux pour ce soir, ne cadrent pas avec mon état d’esprit du moment. J’ai envie de simplicité, de ne pas me forcer à discuter avec des gens que je ne connais pas et qu’on me laisse admirer la jungle qui nous entoure en toute tranquillité. Mais, le bruit du torrent ou de la forêt ne me font pas totalement oublier les grands éclats de rire bruyants de mes compatriotes à deux jambes… Dommage !

Nous partons un peu à l’écart, Michaël, notre guide et moi, afin de discuter tranquillement autour d’une tasse de thé. Michaël et Mbra partent dans de grandes discussions philosophiques sur la politique (Mbra pense qu’une femme au pouvoir n’amène rien de bon… no comment !), la religion (Michaël a toujours eu le courage d’aborder les sujets sensibles, sachant que Mbra est musulman, mais heureusement, ouvert d’esprit de ce côté-là), la recherche du bonheur (Mbra pense que le bonheur passe en grande partie par l’argent, vu qu’il n’en a pas et est des fois malheureux de ne pas pouvoir faire ce qu’il veut). Michaël essaie de lui expliquer qu’en France, beaucoup de gens ont de l’argent mais qu’ils ne sont pas heureux pour autant. Plus personne ne se dit bonjour dans la rue ou dans le métro ou même ne se sourient, contrairement à ici. Si quelqu’un tombe dans la rue en France, personne ne l’aide à se relever… Mbra reste pantois sur ces révélations et ne comprend pas comment ça peut être possible. Par contre, il nous explique qu’en Indonésie, si quelqu’un est malade et va à l’hôpital et qu’il n’a pas de quoi payer pour ses soins, ils ne te soignent pas. Comme aux Etats-Unis en fait ! C’est vrai que nous avons de la chance en France de ce côté-là…

Je m’éloigne un peu des deux compères afin de profiter seule de l’ambiance de la jungle, mais rapidement, des guides indonésiens me rejoignent afin de discuter. Même s’ils sont adorables, je n’ai pas forcément envie de parler là maintenant. Pas moyen d’être tranquilles ici ! Peu de temps après, les derniers touristes étant arrivés, nous pouvons enfin commencer à dîner. Le poulet est délicieux, mais j’ai de plus en plus de mal à ingurgiter du riz blanc midi et soir. Comment avais-je fait pendant 6 mois ? Le soir arrive et nous apercevons rapidement un petit crocodile dans cette même rivière où nous nous sommes baignés il y a quelques heures ! Le repas se termine à la lumière des bougies… Nous restons quelques temps à discuter à la belle étoile pour les uns, à fumer de l’herbe pour les autres. Nos guides nous montrent quelques jeux amusants avec de simples allumettes, mais le plus drôle reste quand même de les voir rire pour rien, l’herbe faisant son petit effet. L’ambiance est détendue et joyeuse, je me sens bien. J’admire au loin les éclairs qui zèbrent le ciel et le tonnerre qui gronde, mais nous échapperons à la pluie ce soir. Voir le ciel éclairé de cette façon par intermittence et entendre ce grondement sourd l’accompagner alors que nous sommes au beau milieu de la jungle, me fait un peu frissonner. Quel beau spectacle !

Bon, nous partons nous coucher, fatigués par notre belle journée. Les tentes sont de larges huttes en bois couvertes d’un grand plastique. Nous dormirons sur notre sac de couchage à même le sol. Bonjour les courbatures du lendemain ! Nous nous serrons à huit sous une tente, touristes et guides indonésiens mélangés. Espérons que la nuit ne sera pas trop mauvaise !

Eve-Laure

Site réalisé avec SPIP
Design et Contenu © 2004-2007 : Eve-Laure et Michaël