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Petite forme pour Michaël

Le 23 mai 2007,

Nous partons ce matin vers notre dernière maison Mentawaï avant notre départ de Siberut. Michaël n’a pas passé une bonne nuit et est un peu malade ce matin. Notre guide lui demande s’il préfère reporter notre départ au lendemain, mais il se sent d’attaque pour marcher durant trois heures vers notre nouvelles destination.

Nous disons au revoir à nos hôtes, en particulier aux enfants, puis partons sous la pluie, retrouver notre chère gadoue. Il pleut tous les jours sur cette île, c’est incroyable ! Nous avançons toujours aussi péniblement, mais nous consolons en nous disant que c’est notre dernière grande marche dans cette forêt boueuse…

Nous arrivons vers 13h dans une petite uma, beaucoup moins grande que les précédentes. Le couple vivant ici n’a pas eu d’enfants et vit avec la soeur de la propriétaire. Pourtant, aujourd’hui, il y a foule dans cette hutte, sûrement parce que les voisins ont appris notre venue et veulent leur part de cadeaux (en général des cigarettes). Cette famille n’a pas le droit de posséder de porcs près de leur maison étant donné qu’elle se trouve dans le district du gouvernement. Ils ne peuvent donc élever que des poules. Je trouve ça incroyable que, puisque le gouvernement est pro-islamique, il interdise à des familles chrétiennes d’avoir des cochons chez eux… Si ce n’est pas un abus de pouvoir ça… Nous partons nous laver à la rivière du coin qui se trouve être un haut lieu de passage de tous les gens du coin. Pas moyen de se déshabiller tranquillement… Puis, contre toute attente, nous voyons arriver un touriste blanc, accompagné d’une jolie Indonésienne, nous rejoindre dans la rivière. Il est canadien et nous aborde en français. Nous qui n’avons pas vu de touriste depuis plus d’une semaine, ça nous fait bizarre d’en croiser un ici ! Et en plus, il parle notre langue… Ils restent aussi cette nuit dans la même maison que nous, il va falloir se faire tout petits. Nous voyons ensuite arriver le beau Sue, le guide que nous avons failli choisir à la place de Korne. Pour ma part, c’est un grand plaisir de le croiser à nouveau ! Il est le guide du Canadien et de son amie indonésienne.

Tandis que nous nous lavons, nous admirons un beau serpent ingurgiter doucement un lézard. Il a l’air trop occupé par sa proie pour nous courir après… Tant mieux ! Nous rentrons ensuite au bercail où le canadien nous apprend qu’ils ne restent pas ici ce soir finalement. Son amie indonésienne ne se sent pas bien accueillie et veut partir immédiatement. La version de Sylvain (le canadien) est que nos hôtes auraient fait une remarque désobligeante sur son amie Batak, la version de notre guide serait plutôt que l’Indonésienne trouve l’endroit trop sale et trop exigu. Je ne sais pas quelle est la vérité là-dedans, peut-être un peu des deux. En tous cas, ce qui est sûr, c’est que les Mentawaïs n’aiment pas les Indonésiens qui viennent faire du tourisme ici. D’après eux, ils ne sont jamais contents de manière générale et critiquent tout sans cesse. Celle-ci est d’origine Batak et ça n’a pas du tout l’air de leur plaire…

En tous cas, le Canadien est très sympathique. Il vit à Montréal et travaille dans une société de jeux vidéos. Il est à la recherche de deux développeurs français dans notre domaine… Il nous laisse ses coordonnées et attend de nos CVs de pieds fermes. Nous trouvons ça totalement incroyable de rencontrer un recruteur d’informaticiens, recherchant exactement deux personnes de notre profil, au beau milieu d’une tribu Mentawaï… Est-ce un coup du destin qui nous tend une perche à saisir ? C’est à méditer… Le Canada, pays des baleines… Nous disons ensuite au revoir au Canadien et à sa belle ainsi qu’à mon beau guide qui a l’air un peu gêné par leur soudain départ.

Michaël se sent vraiment patraque aujourd’hui, il reste couché sur la paillasse quasiment toute l’après-midi. Il est au régime riz blanc sec et ne peut rien avaler d’autres. Espérons qu’il ira mieux demain ! Nous négocions avec Korne de rentrer en bateau plutôt qu’à pieds vendredi. Vu l’état de Michaël, je préfère organiser dès maintenant notre retour dans les meilleures conditions…

Je passe l’après-midi avec les femmes à la cuisine. Je ne comprends rien à ce qu’elles racontent mais j’aime les regarder et les écouter. La plupart sont seins nus et portent des tatouages sur tout le corps jusque sur le cou et les mamelons ! Certaines d’entre elles allaitent leur enfant qui reste accroché au sein maternel comme un coquillage à son rocher. Le soir venu, l’oncle de Korne, un homme d’une quarantaine d’années, plutôt comique, nous montre des tours de magie avec une simple ficelle faire de brin d’herbe. Ces tours sont bluffant ! En plus, Michaël dore la magie, il est aux anges… Nous partageons tous ensuite les plats de poissons qu’ils sont allés pêcher en mer. Tout le monde s’assoit par terre et se sert avec les doigts dans les plats. J’adore ce côté familial du partage. Et c’est vraiment gentil de leur part de nous y convier.

Ils restent ensuite toute la soirée à écouter la même cassette de musique entrecoupée de discours incompréhensibles sur un autoradio à piles. Michaël essaie de dormir, mais c’est mission impossible avec tout ce vacarme. Il est temps que nous retrouvions un peu de calme. Je me décide finalement à demander à notre guide de baisser la musique, elle est vraiment trop forte. Je m’endors sur ce fond musical agrémenté par les bruits venant de la forêt qui, pour moi, valent toutes les chansons du monde…

Eve-Laure

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