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Arrivée à Siberut

Le 15 mai 2007,

La nuit fut relativement bonne. J’étais tellement épuisée que j’ai à peine senti la tempête déferler dehors et faisant dangereusement tanguer notre frêle embarcation. Le temps s’est calmé depuis et nous nous réveillons sur une mer tranquille et peu agitée.

Nous débarquons vers 7h du matin sur l’île de Siberut et sommes aussitôt assaillis par plusieurs guides locaux qui veulent nous louer leurs services pour un trek en forêt. Et nous qui pensions avoir des difficultés à trouver un guide parlant anglais une fois sur place, nous sommes rassurés sur ce point-là. Nous avons vraiment bien fait de ne pas prendre une excursion organisée à partir de Bukitinggi ! Nous avons plus de chance de trouver un guide Mentawaï ici qui connaît vraiment la population locale et leurs coutumes. Les guides venant de Bukitinggi ne connaissent pas toujours la région et ne pensent qu’à se faire le plus d’argent possible au détriment des tribus locales qui ne reçoivent rien en retour.

Mais pour l’instant, nous ne pensons qu’à trouver une chambre où nous reposer et surtout nous décrasser ! Notre guide Lonely Planet étant muet sur les logements qu’on peut trouver sur Siberut, nous avons trouvé le nom d’une guesthouse sur des forums de voyage sur Internet. Nous demandons à des ojecks (mobylettes) de nous y conduire. Un guide nous assure que l’auberge a fermé et veut nous emmener ailleurs. Nous connaissons la combine depuis que nous voyageons en Asie et n’en croyons pas un mot. A force d’insister , nous réussissons à nous faire conduire à l’endroit désiré qui, étrangement, est bel et bien ouvert… Quels menteurs ces Indonésiens !

La guesthouse est vraiment sommaire et le gérant nous demande un prix exorbitant pour une chambre ressemblant à une cellule de prison ! Nous nous posons à la grande table devant des thés brûlants afin de commencer la négociation. Mais il n’y a rien à faire, il ne veut pas baisser ses prix. Entre temps, nous avons attiré tous les guides du village qui se bousculent pour nous parler de leur trek dans la forêt chez les tribus Mentawaïs. Ici, dans ce village, la plupart des habitants ne sont pas Mentawaïs mais Minang (ethnie venant de Bukitinggi ou de Padang). En effet, il s’agit d’un exemple de la politique de « transmigration » organisée par le gouvernement. Celle-ci consiste à décharger les provinces les plus peuplées et à implanter la culture indonésienne « officielle » dans les îles habitées par des tribus ancestrales. Les Minangs étant traditionnellement musulmans, plusieurs mosquées ont été érigées dans le village, tranchant ainsi avec les Mentawaïs chrétiens qui avaient été convertis par des Missionnaires.

Avec tout ça cependant, nous n’avons toujours pas trouvé une chambre qui nous convienne. Nous demandons à la troupe de guides s’ils peuvent nous indiquer une autre auberge, l’un d’eux s’exécute et nous le suivons jusqu’à une charmante petite maison qui offre des chambres simples mais mignonnes, avec même leur salle de bain privative. Le tout pour un prix plutôt correct. Nous la prenons et je cours me verser un seau d’eau sur la tête et me savonner énergiquement afin d’essayer de faire partir cette horrible odeur de poisson…

C’est au tour de mes affaires d’être lavées. Je découvre avec horreur que tous mes vêtements ont pris cette odeur pestilentielle, il faut que je lave tout ce qui se trouve à l’intérieur de mon sac ! La sieste attendra donc un peu, nous allons procéder au grand nettoyage de printemps ! Un seul guide est resté avec nous depuis tout à l’heure et nous nous servons de lui comme traducteur auprès de hôtes qui ne parlent pas anglais. Armées de seaux, de lessive achetée au magasin du coin et d’une brosse, nous passons deux bonnes heures à lessiver et à tout étendre aux quatre coins du jardin. Mes sous-vêtements sèchent sur la barrière aux yeux des passants plutôt amusés.

Nous nous serions bien passés de cette matinée dédiée au lavage, nous sommes à bout de force ! Nous allons déjeuner dans l’unique restaurant du coin à la manière de Padang, c’est à dire qu’ils nous apportent sur la table plein de petite assiettes composées de différents mets et nous choisissons ce qui nous fait envie. Nous payons juste ce que nous mangeons bien sûr. Sauf que Michaël et moi sommes tellement affamés (nous n’avons pas fait de vrais repas depuis un moment) que nous leur finissons quasiment tous leurs plats ! Tout est très bon d’ailleurs, même si les aliments ont cuit tellement longtemps qu’on est bien en peine de reconnaître le poisson de la viande.

Nous rentrons ensuite faire notre sieste bien méritée et nous endormons rapidement malgré les cris d’enfants, les appels des mosquées et le vrombissement des mobylettes. Nous nous réveillons quelques temps plus tard sous un soleil éclatant, mes affaires sont presque sèches… Tant mieux ! Nous avons l’esprit un peu plus reposé, il nous faut maintenant décider quand et avec qui nous souhaitons partir en trek pendant une bonne semaine… Le bateau du retour ne part que le mardi ou le vendredi, nous avons donc jusqu’au vendredi 25 mai, notre avion pour Singapour partant le 29 au matin… De plus, puisque nos affaires sont sèches, nous pouvons partir dès demain après avoir effectué une bonne nuit réparatrice ! Il nous reste à choisir un guide à présent. Celui qui est resté avec nous n’a pas l’air mal, en plus il est vraiment d’origine Mentawaï et non Minang, ce qui peut-être un plus pour véritablement connaître leur culture. De plus, on est sûr qu’il parle leur langue ! En effet, les hommes fleurs possèdent leur propre dialecte qui est complètement différent de l’indonésien usuellement parlé dans le pays. Peu de gens savent parler le mentawaï… Malgré tout, c’est le guide qui nous a menti à propos de notre hôtel soit-disant fermé tout à l’heure… Et ça me pose un problème du coup. Un autre guide, prénommé Sue, qui a l’avantage d’être beau comme un dieu, nous paraît sympathique également. Par contre, il n’est pas Mentawaï… Ses parents sont originaires de Padang.

Nous avons aussi la possibilité de nous rendre dans un autre village où nous serons sûrs de trouver des guides locaux Mentawaïs connaissant parfaitement la région, mais ça nécessite encore de voyager et ça retarde d’au moins une journée notre départ en trek. Nous décidons d’aller nous promener un peu dans les environs et nous prendrons le premier guide sur lequel nous tomberons ! Ce sera le destin ! Le village n’est pas grand et nous en faisons vite le tour. Les maisonnettes sont plutôt simples et spartiates, mais les gens ne vivent pas dans la misère, juste dans la simplicité. Nous sommes les seuls touristes de la ville et tous les habitants nous regardent en souriant et nous salut d’un « Hello mister » pour Michaël comme pour moi. Ce village ressemble à une grande famille, tout le monde se connaît et s’entraide.

Nous finissons par rencontrer par hasard Kornelius, le guide Mentawaï un peu menteur. Nous discutons avec lui de son programme pour le trek, de ses tarifs et ça nous paraît intéressant. Il faut se décider vite si on veut partir demain, il faut quil achète toute la nourriture pour nous et pour les gens de la tribu chez qui nous serons accueillis. Il est hors de question que nous mangions devant eux sans partager, ce qui nous paraît normal. Il a donc huit jours de nourriture matin, midi et soir à préparer avant de partir. Il aura besoin de deux porteurs qui l’aideront à transporter les vivres durant notre trek. Nous acceptons son deal et partons chercher l’argent laissé dans notre chambre. En chemin, nous rencontrons Sue, le beau guide, qui souhaite également partir avec nous. Nous lui expliquons que nous venons de conclure l’affaire avec Kornelius ; il a vraiment l’ai déçu… C’est le destin qui nous a d’abord mis sur le chemin de Kornelius. Dommage, je me serais bien vue passer 8 jours à fantasmer sur mon beau guide aux allures de Tarzan ! Cheveux longs , visage imberbe aux yeux ravageurs, il a tout pour plaire ! Tant pis, notre décision est prise…

Nous ramenons l’argent à Kornelius qui a déjà commencé à acheté la nourriture. En attendant qu’il finisse, nous faisons la connaissance d’Asna, une jeune fille de 17 ans qui ne rêve que d’une chose : se marier avec un « Bule » (prononcer Boulet), ce qui signifie un blanc en langage indonésien. Elle ne nous parle que ça durant une heure… C’est incroyable cette fascination qu’ont les Indonésiennes pour les étrangers blancs ! Elles les trouvent attirants et terriblement sexy apparemment, sans parler de leur porte-monnaie prometteur. Asna rêve d’un beau surfeur qui l’emmènerait en Europe sans son bel avion blanc… C’est vrai que nombre de touristes viennent sur Siberut pour pratiquer ce sport réputé, le coin étant propice aux belles vagues. Rares sont les touristes qui viennent faire un trek parmi les tribus Mentawaïs d’ailleurs…

Nous partons ensuite dîner au même endroit que ce midi (nous n’avons pas trop le choix en fait), puis tombons de nouveau sur Sue et discutons un moment ensemble. Il nous parle du manque de touristes depuis les attentats de Bali. Avant, les étrangers affluaient ici, mais à présent, il se passe certaines fois plusieurs semaines sans qu’aucun touriste ne descende du bateau… C’est partout la même chose : tout Sumatra souffre à cause de la bêtise de quelques extrémistes ! C’est vraiment injuste… Il nous parle aussi d’un guide français qui s’est installé ici il y a 2 ans et que Michaël a rapidement rencontré ce matin. Il lui a donné des conseils intéressants sur les treks et lui a paru sympathique, mais ce n’est pas l’avis de Sue. Sue nous explique que Gilles, le guide français paie les guides et les porteurs locaux au lance-pierre. Il raconte aussi que certaines tribus Mentawaïs ne veulent plus le voir parce qu’il ne tient pas ses promesses. Si c’est le cas, ce n’est vraiment pas très fair-play… Sue termine notre discussion en nous disant qu’il aurait vraiment bien voulu partir en trek avec nous. Je commence à me demander si nous avons fait le bon choix… Le courant passe vraiment bien avec Sue et il s’agit quand même de 8 jours d’affilé ! C’est long mine de rien… Bon, on ne peut pas faire marche arrière à présent. Espérons juste que ce soit bien avec Kornelius ! Nous partons nous coucher, l’esprit un peu perturbé.

Eve-Laure

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