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A l’école des chamans

Le 22 mai 2007,

J’ai très bien dormi pour une fois sur leur dur « parquet ». Ce matin, nous sommes attendus à l’école du village. Cette école est la seule de l’île qui ne soit pas gouvernementale. Elle est financée en partie par un pasteur italien. Les enfants peuvent donc venir habillés ou non, comme ils le souhaitent. Par contre, les jeunes sont obligés de porter des vêtements pour aller dans une école gouvernementale et seule la culture indonésienne y est transmise. En contrepartie, elle est gratuite pour tout l’enseignement primaire.

Nous suivons Korne et les enfants qui partent pour l’école de fils de chamans. Elle est appelée ainsi mais n’importe quel enfant peut y aller s’il le souhaite. Ils sont tout contents qu’on vienne avec eux visiblement. L’établissement se trouve à dix minutes à pieds dans la gadoue, ils n’ont pas trop de chemin à faire. Certains sont habillés, d’autres ne possèdent qu’un pagne et des feuilles dans les cheveux. Ils nous accueillent avec une danse traditionnelle sur un air de musique composé à l’aide d’un seau en guise de tambour et d’une bouteille en verre frappée avec une cuillère en guise de cymbales. Le tout est plutôt réussi et leur danse tribale est impressionnante. Par cette danse, ils nous souhaitent la bienvenue dans leur école. L’instituteur les fait ensuite chanter pour nous, ils sont tous tellement adorables ! Nous donnons un cahier avec des stylos au professeur ainsi qu’un peu d’argent en lui expliquant que c’est pour l’école. Il explique aux enfants notre don et tous nous remercient d’une seule voix. Et dire que les enfants chez nous ne veulent pas aller à l’école… Ici, ils se rendent compte de leur privilège !

Une fois revenus à la uma, l’un des frères veut nous vendre une de ses coiffes de chaman, mais nous lui expliquons que nous avons donné tout l’argent avions emporté avec nous à l’école. Il nous demande pourquoi nous avons préféré donner de l’argent à l’école plutôt qu’à lui. Nous lui rétorquons que nous préférons donner à une communauté plutôt qu’à une seule personne, que ça nous paraît plus juste. Nous voulons aider l’éducation des jeunes afin qu’ils puissent être indépendants plus tard. On ne veut pas engendrer la dépendance des adultes avec l’argent des touristes. Tout ça es tassez compliqué à expliquer mais il a l’air de comprendre et ne nous en veut pas. Déjà, je trouve que les Mentawaïs commencent à avoir le réflexe de nous demander automatiquement des cigarettes lorsqu’ils nous croisent. Je ne veux pas qu’ils en viennent à mendier de l’argent…

Nous passons l’après-midi à jouer avec les enfants et à nous baigner dans la rivière. LE temps passe lentement ici. Michaël trouve qu’on s’ennuie un peu… Moi, ça ne me dérange pas ici. Je regarde les gens vivre, discuter et rire, même si je ne comprends pas pourquoi. Parfois, un fils revient avec un grand panier de « Jack fruits » que tout le monde se partage équitablement. Ils ont vraiment une culture très forte du partage. Ils consomment également immédiatement tout ce qu’ils trouvent, le concept de garde-manger n’existant pas ici.

Les enfants n’ont école que le matin, nous les retrouvons donc l’après-midi. Des liens d’amitié se créent avec certains d’entre eux ; ils sont plutôt tactiles, c’est amusant. Les plus grands des enfants (environs 8 ou 9 ans) prennent souvent soin des plus petits tandis que leur mère travaille à la cuisine. Les parents ne s’occupent pas beaucoup des plus âgés d’entre eux, mais comme les enfants sont nombreux (cette famille en possède une bonne dizaine), ils jouent entre eux. Certaines fois, les plus petits sont posés dans les bras de leur père qui n’ont jamais l’air très à l’aise… Bien souvent, ils les reposent le plus vite possible près de leur mère. En tous cas, cette famille est plus calme que la précédente, ça nous fait le plus grand bien. Les enfants sont peut-être tout simplement un peu mieux élevés.

L’après-midi se passe très lentement. Nous alternons sieste et baignade dans la rivière, rien de bien violent somme tout. Ca tombe bien ceci dit étant donné que Michaël est un peu malade… Rien de bien méchant, mais il a hâte de retrouver une hygiène décente et un bon lit pour pouvoir se reposer. C’est vrai que cette excursion n’est vraiment pas de tout repos !

Le soir venu, nous nous amusons avec les enfants, à danser, à faire des grimaces, à imiter les bruits d’animaux… Nous les excitons bien avant de dormir, nous plaignons ensuite les parents qui doivent les coucher… Nous partons faire de même, nous en avons bien besoin.

Eve-Laure

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