Accueil > Escapades > Sumatra - Singapour > Nouvelle famille à Butui
Nouvelle famille à Butui

Le 21 mai 2007,

Les jappements et grognements de chiens se battant entre eux nous réveillent bien avant l’aube encore une fois. Et le sol, toujours aussi dur, ne nous aide pas à dormir bien. Vivement un bon lit moelleux dans une chambre calme !

Nous petit déjeunons d’un pancake au su-su (lait concentré sucré) et de bananes frites. Ici, c’est de loin de repas de la journée que je préfère ! On a le droit sinon à des pommes de terre frites ou des nouilles baignant dans l’huile, nous ne supportons plus tout cette graisse ! Ca commence à jouer des tours à notre estomac aussi. A moins que ce ne soit les médicaments contre le paludisme qui nous dérègle le bon fonctionnement de notre métabolisme.

Nous repartons ensuite, sachant par avance que la marche qui nous attend sera d’autant plus difficile qu’il a plu ce matin. En effet, nous pataugeons dans la boue jusqu’au mollet, c’est une horreur ! Heureusement, nous faisons souvent des pauses ce qui nous permet de récupérer un peu entre deux avancées difficiles. A mi-parcours, nous arrivons dans un petit village et passons devant une école. Les élèves sont tout excités en nous voyant passer, nous en profitons pour faire une intrusion dans leur classe, leur professeur n’y voyant pas d’inconvénient. Nous entrons donc furtivement dans une salle de classe. On peut dire qu’on aura bien perturbé les élèves en tous cas !

Nous repartons ensuite dans la forêt et croisons un homme taillant un canoë dans un unique tronc d’arbre gigantesque. Nous admirons son travail digne d’un ébéniste. Il lui faut une semaine pour tailler son bateau dans le bois. Nous continuons ensuite notre chemin et nous faisons rattraper petit à petit par plein de Mentawaïs qui vont aussi à Butui. Nous arrivons en grand nombre à destination. Il commence à pleuvoir, il était temps…

Butui rassemble quelques maisons et une école. Nous sommes accueillis dans une grande uma, plus grande mais du même style que notre premier logement chez les Mentawaïs. Tandis que notre guide nous prépare à manger, nous partons nous baigner dans la grande rivière toute proche. C’est un vrai bonheur de se rafraîchir et de se laver au milieu de la nature comme ça ! Nous faisons ensuite connaissance avec les membres de la famille chez qui nous allons loger. Les parents, des gens plutôt âgés, possèdent cinq fils tous devenus chamans et une fille. L’un de leur fils a perdu la semaine dernière son dernier né, âgé de quelques semaines. La famille est un peu en colère contre le fils qui n’a pas voulu emmener son bébé à l’hôpital alors qu’il était malade. Il pensait pouvoir le guérir lui-même en tant que chaman…

Nous jouons avec les enfants qui sont beaucoup moins timides que dans la précédente uma. Ils sont intrigués par mes cheveux, beaucoup plus clairs que les leurs et veulent tous me les toucher. Finalement, ils se mettront à une bonne demi-douzaine autour de moi à me faire des tresses comme à une poupée. Michaël apprend au reste du groupe à compter en anglais. Nous leur donnons des cahiers et des stylos, ils ont l’air contents de nos cadeaux ! Ils ont de la chance de pouvoir aller à l’école ici et les enfants s’en rendent bien compte…. Nous rencontrons leur professeur qui parle quelques mots d’anglais. Il nous propose de venir voir son école demain matin. Nous acceptons avec plaisir !

Nous passons la soirée autour d’une lampe à pétrole. Michaël commence à chantonner des chansons paillardes ce qui fait beaucoup rire l’assemblée et moi encore plus puisque je suis la seule à comprendre les paroles… Le propriétaire de la uma, un homme âgé, entame alors une chanson mentawaï traditionnelle à l’intention de Michaël. Tout le monde se tait d’un coup pour écouter le chef de famille chanter. Son chant emplit la pièce d’un son pénétrant, nous l’écoutons tous religieusement. Même les enfants ont arrêté de jouer. Ce chant nous vide la tête et nous remplit le cœur… Nous le remercions chaleureusement de nous avoir fait rêver par ces sons enchanteurs. La vie reprend ensuite son cours après cet intermède onirique. Je commence à m’endormir doucement. Nous dressons notre moustiquaire dans un coin de la pièce et je pars immédiatement aux pays des songes, emmenant cette belle mélodie avec moi, malgré le groupe qui continue de discuter à un mètre de moi.

Eve-Laure

Site réalisé avec SPIP
Design et Contenu © 2004-2007 : Eve-Laure et Michaël