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Promenade sur le canal de Beagle et au revoir difficile avec Pupi et Luisa

Le 11 octobre 2005,

Otaries dans le canal de Beagle
Otaries dans le canal de Beagle

Notre priorité ce matin est d’acheter 2 billets de bus pour partir demain à Punta Arenas. L’agence était fermée samedi, dimanche et hier puisque c’était un jour férié, nous n’avons donc pas pu les acheter avant aujourd’hui. Espérons qu’il reste encore des places pour demain sinon nous allons être bien ennuyés ! Notre avion pour Santiago part de Punta Arenas le 14 octobre...

Aussitôt levés, nous nous présentons donc à l’agence mais une file d’attente monstrueuse attend déjà devant la porte. Nous avons notre promenade en bateau qui nous attend à 9h30, ça va être juste ! Michaël reste donc à l’agence tandis que je pars au port tenter de faire patienter le capitaine... Heureusement, Michaël arrive 2 minutes avant le départ du bateau, billets en poche. Ouf, nous pouvons nous détendre... C’est une journée qui commence de façon un peu trop speed pour moi !

Nous embarquons dans un petit bateau bleu de 10 places puis larguons les amarres en direction du large. Ca y est, nous naviguons dans le célèbre canal de Beagle ! La ville d’Ushuaia, entourée de montagnes enneigées, s’éloigne de plus en plus de nous... Nous passons à côté de jolies petites îles perdues au milieu de nulle part. C’est bien comme cela que je m’imaginais le bout du monde : un paysage insulaire désert, entouré de montagnes, sous un ciel nuageux et venteux ! Ceci dit, nous avons de la chance aujourd’hui avec le temps... Hier, il y avait tellement de vent et de houle que tous les passagers du bateau ont été malades ! Aujourd’hui, la mer est aussi calme qu’un lac...

Le Pacha
Le Pacha

Nous arrivons devant « l’île aux otaries » ou « isla de los lobos » en espagnol, sur laquelle nous pouvons apercevoir de beaux spécimens bien gras ! Des centaines de cormorans royaux ont aussi pris possession de cette île ; ils sont vraiment très beaux ! Nous admirons les mamans otaries qui s’occupent de leur bébé et les mâles qui se battent entre eux durant un bon moment ! C’est assez impressionnant... Il n’est pas permis de débarquer sur cette île, nous nous contentons donc de la regarder du bateau.

Notre rafiot
Notre rafiot

Ceci dit, le bateau s’approche suffisamment pour que nous ayons une bonne vue ! De gros catamarans bondés de touristes s’approchent également de l’île. Ces bateaux de 120 personnes sont très beaux mais je préfère de loin l’intimité de notre petit bateau de pêche...

Nous partons ensuite pour « l’île H » dont seule notre agence a le permis de visite. Cette fois, nous débarquons sur cette jolie petite île et commençons une belle randonnée autour de cet îlot en forme de H. A un moment, nous tombons sur un immense monticule de coquilles de moules séchées. Notre guide nous explique qu’il s’agissait d’un endroit très fréquenté par la tribu des Yamanas parce qu’il est à l’abri du vent ! Leurs déchets sont encore visibles ici... La promenade sur l’île est vraiment agréable ! Les paysages sont très beaux et nous pouvons voir de nombreux types d’oiseaux différents. Les cormorans, entre autres, sont très majestueux, même si leur cri est plus guttural que chantant ! Nous arrivons ensuite sur une petite plage de galets où s’improvise un championnat de ricochets sur l’eau entre nous tous. Le grand gagnant est le capitaine du bateau qui réussit à faire glisser des galets sur l’eau sur plusieurs dizaines de mètres ! Normal, il doit s’entraîner tous les jours en venant ici !

Nous revenons ensuite au bateau et rentrons dans la baie d’Ushuaia. Nous avons sympathisé en chemin avec une Parisienne et un couple de Québécois et décidons de tous déjeuner ensemble ce midi. Pour changer, nous nous régalons d’un énorme morceau de viande au barbecue (bœuf pour Michaël, agneau pour moi) tout en nous racontant nos péripéties de voyage. Les Canadiens sont partis pour 3 mois de voyage en Amérique du Sud et se sont fait agresser le 2ème jour de leur arrivée à Rio au Brésil... On leur a tout volé : appareil photo reflex, portefeuille... Ca commençait bien ! Après, ils ont eu 3 semaines de pluie continuelle pendant tout leur voyage au Brésil... Pas terrible ! Heureusement, ils gardent le sourire et sont contents d’être arrivés en Argentine. Je trouve que les Canadiens ont globalement une joie de vivre et une gentillesse qui font chaud au cœur ! J’aime beaucoup leur caractère toujours enjoué !

l’île H
l’île H

Chacun part ensuite dans son coin vaquer à ses occupations personnelles. Nous décidons d’aller visiter le musée maritime installé dans l’ancien bagne de la ville. De nombreuses maquettes de bateaux sont exposées ainsi que des témoignages de diverses expéditions de tout type et de tout temps. On voit un brise-glace délivrer un bateau de croisière pris dans les glaces en Antarctique. Malgré tout, ce n’est pas vraiment le musée maritime qui nous intéresse mais plutôt le bagne en lui-même. Le premier groupe de bagnards est arrivé à Ushuaia en 1896. C’est ainsi le début de la prison pour récidivistes, créée provisoirement dans des maisons de bois et de tôles.

Cormorans
Cormorans

L’idée était de coloniser l’île avec les prisonniers. Onze hommes et neuf femmes volontaires sont envoyés dans un premier temps. Tous étaient d’ex-condamnés qui avaient récidivé. En 1902 commence la construction du « Bagne National ». On choisit le même endroit où se trouvaient déjà les constructions provisoires : à peine plus de 40 maisons. La construction de la prison fut réalisée jusqu’en 1920 par les bagnards eux-mêmes. Au fur et à mesure que le temps passait, des criminels auteurs de graves délits y furent envoyés. Nombreux furent condamnés à une peine à perpétuité ou de longue durée. Ce sont eux qui ont construit une grande partie de la ville d’Ushuaia, en plus de l’exploitation des forêts.

Nous passons dans les couloirs froids du bagne, zigzaguant entre les sombres et étroits cachots et essayant de nous imaginer cet établissement rempli de prisonniers et de gardiens... Les bagnards portaient tous une tenue rayée bleue et jaune que l’on devait repérer de loin ! C’est étrange de se dire qu’Ushuaia a d’abord été un bagne avant de devenir la mignonne petite ville d’aujourd’hui ! Nous sortons de ce musée, ravis de nous être plongés durant un moment dans le passé de cette ville du bout du monde !

Nous allons acheter une peluche pour Rocio et une belle boite de chocolats pour Pupi et sa femme afin de les remercier de leur gentillesse, puis passons chez eux leur dire au revoir... Eh oui, demain, nous quittons Ushuaia et l’Argentine par la même occasion afin d’entamer notre dernière escale avant notre retour en France ! J’ai hâte de retrouver ma famille et mes amis quittés depuis si longtemps. J’ai également envie de me poser chez moi dans un endroit connu où je n’aurai pas à faire mes sacs tous les deux jours... D’un autre côté, j’ai du mal à croire que notre voyage se finit ! Je suis aussi un peu anxieuse quant au retour... Vais-je me réhabituer facilement à ma vie d’avant ? Ne serai-je pas un peu perdue ?

Le pénitencier
Le pénitencier

Je sais que mes proches seront là pour m’épauler de toute façon, ce qui me réconforte grandement ! Nous avons également une nouvelle vie à construire, Michaël et moi... Il va falloir s’installer quelque part, chercher du travail, penser au futur... Bref, nous n’allons pas nous ennuyer ! J’espère juste ne pas être déstabilisée pendant trop longtemps... En tout cas, nous avons de la chance d’avoir des gens sur lesquels nous puissions compter et qui nous manifestent dès maintenant leur soutien ! Eh oui, ce n’est pas facile de partir mais le retour n’est pas aisé non plus...

Nous arrivons donc chez Pupi et Luisa, que nous ne réveillons pas pour une fois, afin de leur faire nos adieux. Ils ont l’air contents de nos cadeaux, ça nous fait plaisir ! Pupi essaie de nous retenir devant son ordinateur mais nous devons vraiment partir, nous avons nos sacs à faire et il est déjà tard... Demain, réveil à 4h du matin ! Nous embrassons chaleureusement nos deux amis, ravis de les avoir rencontrés... Ils nous avouent qu’ils nous ont considérés comme leurs propres enfants et nous serrent affectueusement dans leurs bras ! Nous sommes tout émus et tristes de devoir nous quitter... Ils comptent venir en France dans un ou deux ans, ce sera l’occasion de nous revoir ! Nous y comptons bien... Ils nous accompagnent jusqu’au pas de leur porte et nous font de grands signes d’adieu jusqu’à ce que nous tournions au coin de la rue...

Nous dégustons pour la dernière fois le délicieux crabe du bout du monde puis rentrons nous coucher sans plus tarder.

Eve-Laure

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