Le 24 février 2005,
Le site d’Angkor est très étendu, environ 400km2, et notre tuk-tuk a du travail aujourd’hui puisque nous nous concentrons sur des temples assez éloignés du centre du site. Au bout d’1h30 de trajet, nous arrivons devant le premier temple de la journée : le Banteay Srei. Nous sommes émerveillés devant ce joyau de l’art angkorien ! Fait assez rare à Angkor, ce n’est pas à un roi que nous devons ce temple, mais à un brahmane particulièrement doué, ingénieux et avec un sens de l’artistique hors du commun. Ce temple hindou, dédié à Shiva, est taillé dans une pierre rosée et abrite des sculptures d’une exceptionnelle finesse. Chaque centimètre ou presque est richement orné, c’est incroyable.
Notre guide nous explique alors que ce temple est ouvert au tourisme depuis seulement 3 ans étant donné qu’auparavant, des Khmers rouges se cachaient encore dans cette région recouverte de forêt et le coin n’était pas sûr. De nombreuses mines antipersonnel ont été trouvées à proximité et désamorcées depuis, non sans avoir fait quelques victimes cambodgiennes au passage. Le périmètre est à présent sécurisé, mais c’est étrange de se dire qu’il était impossible d’y pénétrer il y a si peu de temps encore. Notre guide, entame une longue conversation avec nous sur la guerre civile. Il nous raconte qu’il a été soldat contre les Khmers Rouges et que lui aussi posaient des mines antipersonnel comme on le lui avait appris et ordonné. En fait, les Khmers rouges n’étaient pas les seuls à utiliser cette terrible arme, le gouvernement vietnamien l’a également fait afin de repousser les Khmers rouges hors des frontières. Du coup, toutes ces mines ont été déposées n’importe où sur le territoire cambodgien et plus personne ne se souvient des endroits... Ces mines étaient vendues au Khmers Rouges par les Etats-Unis qui, marqués par leur récente défaite contre le Vietnam et se moquant pas mal de l’intérêt des Cambodgiens, souhaitaient prendre leur revanche contre les Vietnamiens pendant que d’autres mines étaient vendues aux Vietnamiens par leur allié : la Russie. Ces pays producteurs ont trouvé là un véritable business lucratif pour eux ! Il serait vraiment temps d’arrêter de fabriquer ces horreurs afin d’éviter qu’une pareille chose ne se reproduise ! Ces armes sournoises ne sont pas seulement des armes de guerre, mais aussi des armes contre la paix : elles ignorent le cessez-le-feu. Les blessures du peuple cambodgien nous touche énormément Michael et moi et nous avons beaucoup de compassion pour ces gens qui ont tant souffert. Ce pays est très touchant et émouvant, nous en avons souvent la gorge serrée.
Nous reprenons notre route, un peu déboussolés. Nous traversons une quantité d’adorables petits villages, à l’intérieur même du site d’Angkor où les petites maisons en bois sur pilotis sont bourrées de charme. Les villageois nous sourient tout en continuant leurs travaux domestiques. La vie suit son cours malgré tout et les gens ont plutôt l’air heureux, ça remet du baume au coeur ! Les temples suivants sont intéressants, mais ils nous paraissent moins impressionnants que le premier. Dur de commencer par le plus beau ! Michael accède à mon caprice de faire un tour en ballon afin de voir Angkor Vat du ciel ! Le tour est rapide et nous ne sommes au meilleur moment de la journée pour le faire, mais j’ai beaucoup apprécié quand même de m’élever à cette hauteur vertigineuse afin de dominer le site d’Angkor. Une fois rentrés à la guest-house, nous restons à discuter un moment avec notre chauffeur de la guerre, du Cambodge, des lieux touristiques... Nous finissons même par lui faire un cours de français en accéléré ! Nous sommes contents d’avoir rencontre cet homme si courageux, sa gentillesse nous va droit au coeur !
Eve-Laure