Accueil > Escapades > Expatriation à Montréal au Canada > Joies hivernales du Québec
Joies hivernales du Québec

Le 2 février 2008,

« La meilleure façon de dompter la rudesse de l’hiver québécois, c’est de sortir pour profiter des activités hivernales ». Cette phrase nous a longtemps été répétée par nos amis québécois avec l’arrivée des premiers grands froids et nous avons essayé de suivre leur conseil au mieux.

Il est clair qu’il faut une grande source de motivation pour se forcer à sortir de chez soi le week-end alors qu’il fait –20°C dehors ; ce n’est pas toujours évident. Mais une fois la barrière de notre porte d’entrée franchie, nous ne le regrettons généralement pas. Avec la fatigue du travail de la semaine, il est souvent très tentant de rester allongés toute la journée dans le canapé, sous une couverture, devant un bon film... Mais c’est aussi une source de déprime rapide, ainsi qu’une impression de ne pas profiter de grand chose dans la vie. Nous avons donc pris le taureau par les cornes et les sorties du week-end se sont succédées pour notre plus grand plaisir.

Et les activités hivernales à Montréal, ce n’est certainement pas ça qui manque ! C’est ainsi que j’ai glissé pour la première fois sur une patinoire en plein air ! Les premiers pas étaient difficile, mais la main rassurante de Michaël m’a permis de prendre de l’assurance et, deux heures plus tard, je filais sur le lac gelé sans aucune peur. Nous sommes également partis skier durant une journée. Départ en bus un dimanche à 6h du matin (ouh, ça fait mal...) et retour en fin de journée. Les pistes de ski ne sont pas bien hautes ici, il s’agit plus de collines que de véritables montagnes, mais la neige est présente du sommet à la base, ce qui permet d’avoir de bons dénivelés tout de même. Le temps était radieux et la température clémente, la neige impeccable, des conditions idéales pour pleinement profiter des joies du ski. Il est même possible de skier la nuit ici, les pistes étant éclairées par des lampadaires !

Ce week-end, nous sommes partis à Québec pour assister au Carnaval des Neiges qui a lieu tous les ans dans cette belle ville. Le voyage a été plutôt ardu, il faut bien le dire. Au départ, nous avions prévu de louer une voiture avec nos amis Bertrand et Marie-Zélie afin de nous rendre à Québec à moindre frais. La veille de partir, nous apprenons qu’une tempête de neige est prévue pour le lendemain avec 30 cm de neige. Nous appelons l’agence de location de voiture qui nous apprend avec stupéfaction que le véhicule prévu pour nous ne possède pas de pneus neige ! Comment est-ce encore possible à cette époque de l’année ? Nous annulons tout, ça ne nous tente guère de rouler dans la tempête. Nous prendrons le bus, c’est plus sûr.

Vendredi après-midi, je reçois un mail au travail de la Direction qui engage ses employés à rentrer chez eux pour cause de tempête de neige. Mon Dieu ! Et nous qui partons en bus ce soir ! Allez, on tente le coup... Les bus ne partiront pas si c’est trop dangereux de toute façon. Michaël et moi réussissons à quitter tôt le bureau et nous nous retrouvons à la gare routière à 16h30. Les bus partent sans problème alors que le vent et la neige s’affolent dehors. Ils en ont vu d’autres à Montréal.

Nous arrivons 3h30 plus tard dans la gare de Québec sans encombre à part quelques légères glissades sur l’autoroute (hum...). La tempête fait rage ici, les taxis inexistants et notre fatigue montante, nous décidons de nous rendre à pied jusqu’au centre qui n’est qu’à 2km de la station. Un Québécois nous déconseille très fortement de braver la tempête ce soir, mais nous sommes décidés à n’en faire qu’à notre tête. Nous n’allons pas dormir dans la gare non plus ! Un jeune homme nous entend parler et nous propose de nous emmener en voiture jusqu’à notre hôtel. Nous acceptons avec reconnaissance.

A peine sortis de la gare, nous comprenons qu’il aurait été impossible d’effectuer le trajet à pied. Le vent violent nous empêche d’avancer correctement et la neige ne tombe plus verticalement, mais nous fouette le visage à l’horizontal. Notre sauveur est français et habite Québec depuis tout petit. Sa voiture glisse et dérape sur la chaussée enneigée mais il maîtrise parfaitement son véhicule et continue à discuter avec nous comme si tout cela était normal. La conduite sur la neige, ça ne s’improvise pas !

Nous arrivons avec reconnaissance à l’auberge où une charmante dame voilée (une Québécoise mariée à un Marocain) nous accueille chez elle. Etant donné qu’il y a eu une erreur avec notre réservation, nous avons le droit à une belle suite pour le prix d’une chambre normale. Les événements s’arrangent pour le mieux ce soir ! Après avoir posé nos affaires, nous bravons encore une fois la tempête pour aller dîner dans un restaurant à 200 m de l’auberge. Quel temps de chien ! Une fois rassasiés, nous tombons de fatigue dans notre grand lit douillet. Le lendemain, nous prenons le petit-déjeuner en compagnie de deux jeunes filles espagnoles qui reviennent d’une expédition scientifique de plusieurs mois en Arctique sur un bateau d’une centaine de personnes à étudier la composition de la glace. Quelle aventure ! Nous retrouvons ensuite nos deux amis Bertrand et Marie-Zélie pour profiter ensemble du Carnaval. Nous sortons dans la rue et apercevons avec stupéfaction que la neige a absolument tout recouvert. Les voitures stationnées ne sont plus qu’un gros tas blanc et les trottoirs sont indissociables de la route. Le soleil resplendit ce matin, rendant ce tableau absolument magnifique. Michaël et Bertrand se battent dans la neige sous la yeux mi-exaspérés, mi-amusés de leurs compagnes. Il ne fait pas trop froid, on ne doit pas être en-dessous de –10°C, on a vraiment de la chance.

La ville de Québec sous la neige est absolument splendide. Ca change de la dernière fois où je suis venue ici ! Je pense que cette ville possède son charme quelle que soit la saison en fin de compte. Nous nous promenons dans la ville en admirant plus les murs de neige sur la chaussée qu’autre chose. Les charrues ne déblaient pas aussi souvent qu’à Montréal ici ! Vers 13h, nous assistons à une course de traîneaux à chiens dans les rues du Vieux Québec. Les huskies sont remplacés par des chiens élancés qui doivent courir plus vite.

Nous déjeunons tous les quatre dans un restaurant italien puis continuons notre découverte du Carnaval. La mascotte du festival représente un grand homme tout blanc à grosse tête appelé « Bonhomme ». Nous le croisons à plusieurs reprises, assailli par des enfants émerveillés. Après quelque heures à admirer les belles sculptures taillées dans de gros blocs de neige, nous nous réchauffons avec du « caribou », un vin chaud mélangé à du whisky servi dans des verres taillés dans de la glace. C’est bien la première fois qu’on a le droit de casser nos verres après utilisation !

Nous retrouvons des collègues de Michaël par la suite (des Français également) et nous nous promenons dans les belles ruelles de la ville. Sept Français ensemble, ça se remarque et plusieurs Québécois viennent nous parler, tantôt pour nous dire un mot gentil, tantôt pour nous faire comprendre qu’on n’est pas trop les bienvenus chez eux... En tous cas, on ne passe pas inaperçu !

Le soir venu, nous assistons à un magnifique feu d’artifice qui embrase le ciel étoilé. Un concert à ciel ouvert a lieu sur la place principale devant une foule en délire. L’ambiance est entraînante et un peu déjantée, on se laisse prendre par le rythme de la musique. Nous dînons dans un excellent restaurant à raclette puis retournons dehors voir si quelques activités nocturnes pourraient nous intéresser. Nous tombons sur une géante boîte de nuit à ciel ouvert, de la musique techno résonnant dans la nuit noire et une centaine de personnes se déhanchant au son de la musique, emmitouflés dans leur manteau et sous leur bonnet de laine. C’est bien la première fois que je vois ça... A moins 15°, une foule danse dehors à la belle étoile. Ca ne fait ni une ni deux, nous plongeons dans la foule nous aussi, enivrés par cette ambiance si particulière. Nous dansons pour nous-mêmes, personne ne pouvant voir personne se déhancher sous les épais manteaux d’hiver. Les complexes tombent, tout le monde se défoule et l’atmosphère s’embrase. Quelle drôle d’impression !

Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin et la discothèque de plein air ferme, il est déjà tard et les voisins trinquent. Nous finissons la soirée autour de bonnes bières dans une micro brasserie puis allons nous coucher.

Le lendemain dimanche, nous petit déjeunons en compagnie de vieux Français râleurs et condescendants au possible, le genre de personnes qui me feraient renier mes origines. Et voilà qu’ils critiquent les Québécois, le Carnaval, et le tout devant notre hôtesse québécoise qui a bien du mal à rester calme. Bref... Nous quittons l’auberge pour profiter encore un peu du Carnaval avant de rentrer sur Montréal. De belles sculptures ont été taillées depuis hier. Elles sont immenses et magnifiques. De véritables oeuvres d’art ! Le choix pour décider qui gagnera le concours va être rude.

Nous nous offrons une petite descente en bouée sur la neige puis assistons à des combats de tirés de corde. Deux équipes s’affrontent, chacune tirant un bout d’une longue corde. Il faut de la technique mine de rien, la force seule ne compte pas. Même Michaël et Bertrand se prêtent au jeu mais se font rétamer par de plus jeunes qu’eux ! On aura bien ri en tous cas.

Il est temps de dire au-revoir à la ville de Québec et de rentrer chez nous maintenant. Ce fut une belle virée, nous sommes ravis de notre week-end. Finalement, on n’a vraiment pas de quoi s’ennuyer ici... Et il nous reste tellement de choses à faire : de la raquette, de la pêche sur glace, de la motoneige... Heureusement que l’hiver dure jusqu’en mai ici !

Eve-Laure

Site réalisé avec SPIP
Design et Contenu © 2004-2007 : Eve-Laure et Michaël