Accueil > Tour du monde > Carnet de route > Le Vietnam > Vers Mytho
Vers Mytho

Le 5 mars 2005,

Pas trop d’intimite sur le pont d’un bateau : quand les premiers sont reveilles, tout le monde est reveille ! Le probleme, c’est qu’il est entre 5h30 et 6h du matin et que j’ai passe la nuit a me battre contre les moustiques et a trouver ma position dans le hanac ! Eve-Laure reste la derniere endormie. Je la laisse, elle a l’air si bien dans son nid douillet.

Finalement, le bruit la reveille et on nous invite a aller prendre notre petit dejeuner dans la cuisine. Pas de sucre, confiture, pain ou autres glucides, nous avons le droit a un petit dejeuner vietnamien avec des proteines, des vraies : saucisses de boeuf epicees et soupe de nouilles. Puis nous partons faire un tour sur le quai pour boire un cafe glace (ca a l’air d’etre la specialite du coin).

Le cargo part a 7h precices. Eve-Laure et moi passons notre tenps a discuter, assis sur les bancs qui bordent le pont, en profitant du petit vent cree par le deplacement du bateau et qui rend la chaleur plus supportable. Nous aimons aussi observer toutes ces bonnes femmes qui s’agitent, rigolent et se chamaillent. Nous donnerions beaucoup pour comprendre ce qu’elles racontent. Leurs ages vont peut-etre de trente jusqu’a soixante-dix ans ou plus. Leur point commun est qu’elles sont toutes simples et natures. Elles ne jouent pas un jeu et ne prennent pas la mouche pour un rien.

Dans ce pays, d’ailleurs, plus on s’aime, plus on se tape ! Et va prendre ton petit dejeuner et paf des grandes claques dans le dos ! Une grande specialiste est Long, une dame d’une cinquantaine d’annees qui distribue des baffes en veux-tu en voila.

Dechargement d’une cargaison de riz
Dechargement d’une cargaison de riz

En fin de matinee, nous arrivons a un nouvel entrepos de riz et les sacs sont charges dans la cale sans tapis roulant cette fois-ci, mais a dos d’homme. Le systeme de comptage est assez rudimentaire : chaque porteur se munit d’un temoin en bois pour chaque nouveau sac qu’il ramasse et jette le temoin dans une bassine avant de poser le sac. A la finm on compte les temoins et le tour est joue ! En meme temps, un autre bateau, remplis a ras bord de grains de riz est en train de les decharger en remplissant des sacs qui sont peses sur de grandes balances mecaniques.

Notre cargo reste ensuite amarre un peu plus loin pendant tout l’apres-midi. C’est seulement le soir venu que nous repartons a plein regime. Eve-Laure qui est une grande adepte de la theorie du complot, pense que certaines personnes ont quelque chose a cacher et preferent circuler de nuit.

Sur le pont, tout le monde s’affaire : c’est l’heure de la toilette. Eve-Laure et moi n’avons pas pu nous resoudre a nous laver avec l’eau du Mekong. Nous avons donc fait jusqu’a present le strict necessaire avec de l’eau minerale. Mais Long nous a devoiles. Elle nous montre la direction des "cabines" de toilette de l’index et d’un ton peremptoire nous pousse. Je ne veux pas y aller, elle me donne des coups de pied ! Je tiendrai bon, impossible d’utiliser cette eau qui charrie ordures et excrements ! Ce n’est quand meme pas l’eau du Gange, mais tout de meme !

Ambiance de nuit sur le pont
Ambiance de nuit sur le pont

Apres avoir mange, vient l’heure de se coucher. Ce soir nous avons le droit a la television. Au programme, feuilleton chinois a l’eau de roise et serie californienne depravee doublee par une seule voix. La difference est flagrante : dans l’emission asiatique, les personnages parlent beaucoup et ne se touchent jamais, alors que chez les Americains, il y a beaucoup plus d’action et on peut voir des poitrines de femmes completement refaires nues en gros plan et des couples s’enlacer toutes les deux minutes. Je me demande quelle image des occidentaux ont les Vietnamiens...

Vers 21h, le bateau s’arrete et la television est eteinte tout d’un coup. Alors qu’Eve-Laure et moi etions en train de discuter sur un banc, nous pensons qu’il est l’heure de se coucher et nous integrons nos hamacs. Mais nous comprenons vite que c’est la police fluviale qui nous a accostes et qui fouille le pont et la cale avec des lampes torches. Le capitaine vient nous reveiller, nous fait signe de nous lever et nous demande nos passeports. Les policiers nous regardent un peu, puis partent verifier les passeports avec les pieces d’identite de nos compagnons dans la cabine de pilotage, surement pour faire la correspondance avec la liste des passagers. Eve-Laure, toujours fidele a sa theorie du complot, surtout en pleine nuit, pense qu’on ne nous les rendra pas. Mais on nous les restitue au bout de quelques minutes et nous retournons nous coucher. Ce genre de controle est surement courant dans le delta du Mekong ou la contrebande entre le Cambodge et le Vietnam fait rage. Comme si de rien n’etait la tele est rallumee, mais Eve-Laure et moi nous endormons, berces par le mouvement du hamac.

Je suis reveille vers 6h du matin par une grand-mere qui pousse mon hamac en rassamblant ses affaires. Je realise que nous sommes arrives au port de Mytho et la grand-mere me fait signe de debarquer et de verifier mes affaires. Ce n’est pas la premiere fois que je remarque l’angoisse des Vietnamiens par rapport au vol. Je reveille Eve-Laure et nous faisons nos sac. Nous preferons quand meme attendre l’aube avant de nous aventurer dans la ville. Il n’y a plus qu’a dire au revoir a tout le monde et a se trouver un hotel pour prendre une bonne douche !

Michaël

Site réalisé avec SPIP
Design et Contenu © 2004-2007 : Eve-Laure et Michaël