Accueil > Escapades > Séjour à Portneuf à la rencontre des baleines du Saint-Laurent > Tempête...
Tempête...

Le 12 octobre 2007,

Nous nous réveillons ce matin sous un temps gris et pluvieux, encore pire qu’hier. Nous n’avons vraiment pas de chance avec le temps ! Aline et moi allons chercher un peu de bois pour le poêle, la réserve étant épuisée, mais le feu a toutes les peines du monde à prendre, le bois étant trop humide. Enfin, la dextérité d’Aline a raison du feu et nous pouvons prendre notre petit-déjeuner au chaud. Nous avons même confectionné un vrai pain hier soir qui sort tout chaud de la machine. Super !

Aline nous montre ensuite des photos de baleines que l’équipe du Mériscope a prises ici dans le Saint-Laurent. Dany et Ilonka arrivent entre temps, mais nous leur réservons un accueil un peu glacial, n’ayant pas trop apprécié, ni compris leur départ précipité hier soir en pleine tempête. Aline leur exprime son mécontentement en leur faisant comprendre qu’elle ne se sentait pas de taille à assumer seule ce genre de responsabilité. Je lui prête main forte en leur disant que nous ne nous sentions pas en sécurité ici hier soir, de plus avec l’épisode de la disparition momentanée de Christa. Pour moi, toute l’équipe reste ensemble le soir... Je leur explique que je ne comprends pas très bien qu’ils aient fait bande à part hier, en nous prévenant au dernier moment. Dany s’excuse de nous avoir mises mal à l’aise et promet que ça ne se reproduira pas. Très bien !

Nous partons ensuite Aline et moi rejoindre Ilonka sous la tente archéologique. En effet, un des projets du Mériscope est de reconstituer le squelette d’un petit rorqual afin de l’exposer au public. Ils ont eu l’autorisation de récupérer un rorqual qui s’était accidentellement échoué sur le sable. Ils l’ont ensuite dépecé et ont lavé les os de leur graisse dans de grandes cuves. A présent, il faut peindre les os en blanc avant de les rassembler et de les fixer les uns aux autres. Armées de pinceaux, nous aidons Ilonka à appliquer soigneusement une fine couche de peinture sur les différentes parties du squelette. Les bouts d’os sont tellement énormes, c’est impressionnant !

Dany vient ensuite nous proposer de nous emmener chez Nicole, la femme de Denis, pour nous permettre d’accéder à Internet. Christa et moi acceptons avec plaisir, je dois m’informer de mes mails concernantma recherche d’emploi. Je pourrais ainsi donner des nouvelles à Michaël par la même occasion. Je ne pensais pas être aussi éloignée de tout moyen de communication, il doit commencer à s’inquiéter de ne pas avoir de mes nouvelles. Dany nous conduit donc chez cette charmante dame dynamique et plein d’entrain malgré son cancer avancé. Quelle courageuse femme ! Dany nous laisse chez elle le temps de passer rapidement à la banque. Les mails étant vérifiés en 10 minutes, nous attendons ensuite le retour de Dany en discutant avec Nicole. Et nous attendons... Une heure passe, puis une deuxième et toujours aucun signe de Dany... Mon ventre commence à montrer de sérieux signe d’impatience, il est plus de 16h et nous n’avons toujours pas déjeuné. Christa et moi ne comprenons pas ce qu’il se passe. Nous aurait-il oublié ? Nicole, voyant que nous commençons à sérieusement nous impatienter, nous propose de regarder la télévision. Nous voilà rivées devant un téléfilm à la noix que je ne regarderais même pas chez moi si j’avais une télévision ! Et je paie pour ces 10 jours de stage ici ? Là, Dany se moque vraiment du monde... Ok, la météo n’est pas assez bonne pour sortir en mer et il n’y peut rien, mais il pourrait quand même nous organiser des conférences, nous parler des baleines, c’est bien pour ça que nous sommes ici ! Pas pour regarder la télévision...

Vers 17h, Aline et Dany arrivent, la bouche en coeur, comme si tout était normal. Aline, heureusement, nous ramène des biscuits sur lesquels nous nous jetons, littéralement affamées. Dany est rentré au camp entre temps ( ??) et s’est aperçu que la tente cuisine était sur le point de s’envoler à cause de la tempête. Il a donc juger prioritaire de la réparer, ce que je comprends tout à fait. Par contre, pourquoi est-il rentré au campement après être passé à la banque, sans venir nous reprendre au passage ? Il a tranquillement mangé au camp avec Aline et Ilonka avant de réparé sa tente, nous laissant le ventre vide chez Nicole... Il pensait que nous en avions pour au moins 2 heures à rester sur Internet. Ben voyons...

Christa et moi sommes bien remontées contre lui, ça commence à faire beaucoup en 2 jours ! S’il n’a pas envie de s’occuper de nous, pourquoi organise-t-il ces stages ? Nous n’avons pas envie de payer pour rien... Arrivés au campement, Christa, Aline et moi décidons d’aller faire un tour sur la plage, pour nous calmer. La tempête est plus violente que jamais, les vagues sont énormes et se fracassent bruyamment sur le sable. Le vent est tellement fort que nous avons du mal à rester debout. La nature en furie est tellement impressionnante, nous restons ébahies devant ces éléments déchaînés. Nous marchons sur la plage, bravant le vent et la pluie, jusqu’au bout de la péninsule. Tout d’un coup, une nuée de goélands s’envole à notre approche. Nous les avons dérangés apparemment. Des centaines d’oiseaux prennent leur envol en même temps, le spectacle est grandiose...

Nous rebroussons ensuite chemin, nous commençons à être trempées. Le retour est difficile, nous avançons contre le vent, le sable nous fouettant le visage. Nous avons toutes les peines du monde à mettre un pied devant l’autre... Aucune d’entre nous ne prononcent un mot, nous ne nous entendrions pas de toute façon à cause du vent et des vagues. Nous sommes concentrées sur notre avancée et le but à atteindre. Nous finissons par rejoindre le campement avec reconnaissance et courons sous la tente cuisine, nous réchauffer auprès du feu. Mes pieds sont trempés, l’eau a traversé mes chaussures. Sans parler de ma culotte qui est à essorer ! Je pars sans tarder me délasser sous une bonne douche chaude et j’enfile rapidement des vêtements secs. Aline me prête une paire de chaussures, je n’avais pas prévu un tel temps...

Alors que Dany s’active à la cuisine, j’en profite pour discuter un peu avec lui afin de lui expliquer la cause de mon mécontentement. Il est content que je sois venue lui en parler et promet d’essayer de mieux s’organiser à l’avenir. Je me rends compte qu’il n’a tout simplement pas la notion du temps et qu’il ne nous a pas fait poireauter sciemment. Tout malentendu étant dissipé, nous dînons dans la bonne humeur et la chaleur d’un bon carry de poulet suivi d’une mousse au chocolat maison. On est dans un restaurant 3 étoiles ici ! Le vent secoue la tente en tous sens, c’est très impressionnant. Je suis contente que Dany soit là ce soir...

Après dîner, Ilonka nous propose de nous faire une conférence sur les bélugas du Saint-Laurent. Nous acceptons évidemment avec plaisir ! L’exposé est très intéressant, nous apprenons de quelle façon ils utilisent astucieusement leur sonar. Ces animaux, cousins des dauphins, possèdent un système extrêmement sophistiqué de sonar qu’ils émettent et reçoivent dans la partie supérieure du crâne, appelé "melon". Nous entendons également des enregistrements des sons qu’ils émettent sous l’eau, cris stridents divers et variés ressemblant au chant d’un oiseau, d’où leur appellation de "canaris des mers". Malheureusement, l’espèce des bélugas du Saint-Laurent est amené à disparaître d’ici 30 à 50 ans... Et on ne peut plus rien y faire, c’est trop tard... Et c’est entièrement la faute de l’homme !

Nous allons nous coucher sur ces funestes révélations. Aline et moi restons à discuter un moment, comme tous les soirs, puis nous endormons avec le bruit de la tempête.

Eve-Laure

Site réalisé avec SPIP
Design et Contenu © 2004-2007 : Eve-Laure et Michaël