Le 14 octobre 2007,

Enfin, le ciel est plus clément avec nous aujourd’hui. Le temps est nettement plus dégagé et le vent est retombé. Il ne fait pas grand beau, mais assez clair pour sortir en mer. Enfin ! J’aperçois même deux petits rorquals à l’horizon du belvédère du Mériscope ! Il est temps d’aller les voir de plus près...

Mais aujourd’hui, c’est dimanche et le jour des crêpes ! Moi, je serais bien partie à l’aube ce matin, mais les crêpes ont l’air sacré pour tout le monde, je me plie donc à la tradition. Nicole et Denis nous rejoignent pour le petit-déjeuner. Denis était parti à la chasse à l’orignal ces derniers jours, mais il n’a pas ramené grand chose à cause des grosses averses. Nous avons essuyé une belle et grosse tempête ces derniers jours, ça faisait longtemps que les habitants n’avaient pas vu ça ! Il a fallu que ça tombe sur nous... Bah, ce n’était pas si désagréable que ça non plus, la nature en furie est toujours belle à voir...

Nous nous gavons tous de crêpes au nutella pour les uns, au sirop d’érable pour les autres afin de tenir la journée en mer le ventre plein. Vers midi, enfin, nous descendons à la marina qui se trouve juste en bas du Meriscope. Dany prépare son zodiac appelé « le Marsouin », puis nous embarquons Christa, Ilonka et moi, bien emmitouflées dans des combinaisons étanches nous faisant ressembler à des cosmonautes en mission pour Mars. Nous n’aurons pas froid au moins !

« Le Marsouin » est un tout petit zodiac ; on tient juste à quatre dedans. Nous sommes aux premières loges du coup ! La pluie commence à tomber peu après notre départ. Peu m’importe puisque je suis en mer ! Nous partons à plein gaz, affrontant les vagues venant à notre rencontre, tout en se faisant secouer comme des pruniers. Nous apercevons plusieurs phoques qui font dépasser leur tête hors de l’eau de temps en temps, mais sont rapidement effrayés par notre présence. Ils sont encore chassés dans cette région, je comprends qu’ils ne traînent pas trop dans le coin lorsqu’ils voient un bateau arriver ! Nous croisons aussi le chemin de deux marsouins, une des plus petites espèces de mammifères marins à dents, de la taille d’un dauphin. Plus loin, nous apercevons le dos d’un petit rorqual mais il ne se laisse pas approcher. Nous le laissons donc tranquille.

Nous passons les deux heures suivantes à écumer le fleuve avec le bateau sans apercevoir d’autres cétacés. Ce n’est pas grave, je trouve déjà ça extraordinaire d’être là, de voguer sur l’eau, en ayant l’impression d’être seuls au monde. Il n’y a pas âme qui vive à l’horizon, aucun bateau ne vient troubler la surface de l’eau à part le nôtre. Mais je sais que sous cette surface d’un calme apparent, une population de géants s’ébattent gaiement. Le vent s’est de nouveau levé et nous avons du mal à ne pas confondre l’écume des vagues avec des baleines. Difficile d’en repérer dans ces conditions.

Toutefois, le soleil commence à percer les nuages nous montrant ces plus belles couleurs. Nous avons même le droit à un splendide arc en ciel plongeant dans la mer, reliant ainsi, pour quelques instants, ces deux mondes mystérieux. Je ne vois pas le temps passer et m’étonne de m’apercevoir que nous sommes en mer depuis 5 heures déjà ! Que le temps passe vite quand on se sent bien... Alors que nous prenions le chemin du retour vers la marina, un beau petit rorqual se présente juste devant notre bateau. Il est tellement près, c’est incroyable ! Tel un requin, nous le regardons foncer droit sur nous, l’aileron dépassant de l’eau... Un élan d’inquiétude me traverse un instant, mais le temps de m’en rendre compte, la baleine est passée sous le bateau et a ressurgit de l’autre côté en un coup de queue. Ouf... Impressionnant ! Elle fait juste trois fois la longueur de notre embarcation !! Je suis toute folle de l’avoir vu d’aussi près ! Elle ressurgit plus loin, dans le soleil couchant, nous donnant ainsi le plus beau des spectacles... Quelle journée !

Nous rentrons, enthousiasmés par cette première belle sortie. Arrivés au Mériscope, Aline a déjà préparé à manger et chauffé la tente cuisine, nous n’avons plus qu’à mettre les pieds sous la table. Si ce n’est pas merveilleux ça ! Nous discutons durant le dîner de la culture québécoise et de la gentillesse des locaux en général envers les étrangers. Je leur raconte mes expériences durant mes précédents voyages et nous échangeons sur les différentes cultures et sur le fait que nous avons beaucoup à apprendre des peuples appelés injustement « sous-développés ». Nous irons ensuite nous coucher, éreintés par cette journée en mer, mais la tête remplie de baleines.

Eve-Laure