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Visite de Battambang et de sa campagne

Le 19 février 2005,

Nous profitons d’une petite grasse matinee pour nous remettre de nos emotions d’hier et partons tranquillement decouvrir cette petite cite. Au premier abord, nous sommes un peu decus par l’aspect de la ville. Les batiments sont assez delabres, meme les maisons coloniales ne sont pas du tout entretenues... Cette ville tres poussiereuse ne peut pas etre qualifiee de jolie, meme si malgre tout, nous nous y sentons bien. Nous prenons beaucoup de plaisir a flaner dans les rues, a admirer les boutiques de bric a brac, les marches de viandes et de poissons. Des odeurs de toutes sortes nous prennent aux narines et notre regard virevolte d’un cote comme de l’autre a tout instant. Tous nos sens sont en eveil essayant de capter la moindre parcelle de cette atmosphere si particuliere.

Cette ambiance me ramene une fois encore a l’Inde, pays si riche en sensations. Nous avons beaucoup aime la Thailande, mais c’etait moins depaysant qu’ici (excepte notre trek dans les villages Karen, bien sur...). Notre tour du monde reprend bel et bien a present et c’est un vrai plaisir d’etre parachutes ainsi dans une autre culture et d’apprendre a s’yadapter ! J’adore le Cambodge !

Temple de Battambang
Temple de Battambang

Nous continuons notre visite de la ville par un beau temple bouddhique aupres duquel des moines nous abordent en anglais afin de discuer un peu avec nous. Nous ne nous faisons pas prier et repondons patiemment a toutes les questions qu’ils se posent sur nous et sur notre pays. Ils ont l’air de ne pas comprendre pourquoi nous venons faire du tourisme chez eux. Ils pensent que la ville, voire le pays, n’a aucun interet et ils n’ont pas grande foi en l’avenir ! La guerre civile des Khmers rouges les a fortement ebranles et ils ne s’en sont pas encore remis apparemment. C’est encore tres frais dans leur memoire et vu les massacres et les destructions que cette guere a engendres, je les comprends tres bien !

En nous promenant dans les ruelles, nous sommes sideres par le nombre de magasins de telephones portables et d’ordinateurs ! Incroyable pour une ville aussi petite et plutot pauvre ! Nous remarquons aussi que des pharmacies, des cliniques et des hopitaux fleurissent aux quatre coins de la ville. Malheureusement, nous comprenons aisement pourquoi... Environ 50 Cambodgiens par mois sont estropies, voire tues, par des mines antipersonnels qui sont encore dissemines un peu partout dans les campagnes. Un bel heritage de la guerre destine surtout aux civils... Les enfants en sont malheureusement les premieres victimes. Et dire que les Etats-Unis font partis des rares pays a ne pas vouloir signer les accords interdisant la fabrication de ces mines antipersonnels ! Bel exemple...

En revenant a l’hotel, nous nous laissons tenter par une balade en moto dans les campagnes environnantes. Chacun chevauchant une moto derriere un guide, nous nous suivons a travers les chemins poussiereux. Nous nous enfoncons de plus en plus dans les champs et le paysage qui defile est splendide. Cette fois, nous pouvons apprecier la vue de magnifiques demeures coloniales bien conservees, entourees de rivieres et d’arbres fruitiers incroyables. Nous apercevons meme de loin une petite tornade de poussiere qui tournoie dans un pre.

Nos guides nous arretent tout d’abord dans une ferme ou une famille eleve des crocodiles pour leur peau et leur viande qui, parait-il, n’est pas mauvaise. Les futurs sacs a main sont en train de se dorer au soleil, la gueule grande ouverte, sans savoir a quelle sauce ils vont etre manges... S’ils savaient !

Production de feuilles de riz
Production de feuilles de riz

Nous continuons notre route a travers champs jusqu’a une fabrique artisanale et familiale de feuilles de riz servant a faire des nems. Ils passent toute la journee aupres du feu alors qu’il fait deja une chaleur intolerable... Le travail a l’air harassant et tres monotone, ca ne doit pas etre facile tous les jours ! Nous poursuivons avec la visite d’un temple khmer plus ancient encore que les temples d’Angkor, mais qui a ete en partie detruit par les Khmers rouges. Quelques pierres sont maintenues dans un equilibre precaire et je ne voudrais pas etre en dessous lorsque tout s’ecroulera ! Notre guide est tres locace et nous raconte des legendes locales, ainsi qu’un petit cours d’histoire sur ces vieilles pierres. Il a fait de hautes etudes, mais comme il ne connait personne au gouvernement qui pourrait le pistonner, toutes les portes lui sont fermees. Il doit se contenter d’etre conducteur de moto-taxi. Il est bien amer lorsqu’il nous fait part de cette confidence et a l’air d’en vouloir a ce gouvernement tellement corrompu ! Nous abordons avec lui le sujet de la guerre contre les Khmers rouges et, meme s’il n’a que 29 ans aujourd’hui, il se souvient de ce dur moment dans son existence comme dans celle de sa famille et nous apprend que la liberation du peuple cambodgien par les Vietnamiens ne s’est pas deroulee sans heurt. Apres avoir chasse les Khmers rouges, les Vietnamiens ont, a leur tour, maltraite et persecute la population cambodgienne deja bien meurtrie par ces 3 annees d’horreur... Ils ont enormement souffert et beaucoup d’entre eux en souffrent encore malheureusement. Malgre tout, ils ont toujours un sourire genereux a t’offrir et une gentillesse a toute epreuve. J’espere sincerement qu’un avenir plus serein les attend !

Preparation de riz gluant
Preparation de riz gluant

Nous nous arretons ensuite devant une cabane ou une femme est en train de faire cuire du riz gluant a l’interieur de gros batonnets de bambous. Elle doit aussi rester constamment pres du feu et s’arrose les mains avec de l’eau fraiche regulierement afin de ne pas se bruler lorsqu’elle retourne les bambous brulants. Nous Nous achetons un baton de bambou pour manger plus atdr. Le riz se conserve plusieurs jours a l’interieur ! La visite se termine par un marche aux poissons ou des centaines de femmes sont requisitionnees pour decortiquer les poisson et lui enlever ses aretes. Quelle bonne odeur s’en degage !

Ravis de notre promenade dans le coeur de la campagne, nous regagnons notre hotel, bien poussiereux de la tete au pied, mais avec plein de belles images dans la tete. Voir comment vivent les gens et comment ils effectuent leur travail quotidien est tout aussi riche que de visiter des temples ! Nous avons vraiment adore cette journee !

Eve-Laure

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